L’interrogatoire du sergent-chef Mahamadou Bouda s’est poursuivi ce samedi 21 juillet 2018. Tout comme la veille, celui-là même qui a conduit l’équipe de techniciens pour interrompre « la radio de la résistance » dite « radio parasite », a campé sur ses déclarations.
L’ex-RSP de 38 ans, qui fait toujours partie des effectifs de l’armée, est resté droit dans ses bottes, tout comme le vendredi 20 juillet 2018 au début de son interrogatoire à la barre. Il n’était au courant de rien. Il n’a participé à aucune réunion ou rencontre. Il a été mis devant le fait accompli et ne pouvait pas fuir, sinon il l’aurait fait. En partant à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) sur ordre du colonel Deka pour rencontrer le Directeur général (DG) de l’ARCEP, le sergent-chef Bouda ne savait pas que c’était pour jouer le rôle de détecteur de radio parasite.
Pour détecter cette radio, il fallait un appareil spécifique qui était dans le bureau d’un dénommé Yao, agent à l’ARCEP. Selon Bouda, le DG a joint Yao au téléphone, l’invitant à venir au service pour ouvrir son bureau afin que l’on puisse prendre l’appareil en question. Yao a laissé entendre qu’il y avait des barricades donc il ne pouvait pas venir. On lui a donc demandé d’indiquer son domicile afin que l’équipe de Bouda vienne le chercher. Ce qui fut fait.
Mais une fois l’équipe arrivée au lieu de rendez-vous, Yao, joint au téléphone, dit qu’il a la diarrhée et ne peut pas venir. L’équipe retourne alors à l’ARCEP et cette fois, revient dans le quartier avec le DG, patron de Yao. Mais là encore, point de Yao. Le numéro de téléphone de l’intéressé ne passe plus.
C’est après avoir forcé la porte du bureau de Yao et pris l’appareil en question que l’équipe, avec l’aide d’un des collègues de Yao, est allée débusquer ce dernier chez lui pour le calibrage. Car à en croire les explications, ils étaient deux à avoir suivi une formation en France pour la maitrise de ce type d’appareil et l’autre était à Bobo-Dioulasso.
Après le calibrage, l’appareil ne fonctionnait pas correctement. C’est ainsi que Yao a dû appeler son collègue de Bobo par téléphone pour régler ce détail. Voyant qu’il leur faisait perdre du temps, le sergent-chef Bouda a tenu des propos du genre : « Vous utilisez l’argent du contribuable pour aller dormir en France ! ». Après ils sont partis pour la détection de la radio.
Après cette mission, le sergent-chef Bouda est revenu à sa mission initiale, celle de garder les autorités. C’est là qu’il a pris l’initiative d’aller payer deux kits de toilettes pour permettre aux autorités de se doucher.
Lorsque le sergent-chef Bouda a appris que les autres casernes venaient sur Ouagadougou pour libérer les autorités, il a tenté de joindre le major Badiel ainsi que le capitaine Dao, mais sans suite. C’est finalement son chef de corps adjoint, le commandant Aziz Korogo, qu’il a eu au téléphone. Et ce dernier a promis de le rappeler.
Quelque temps après, le soldat Timbila Kaboré s’est présenté avec un message du commandant qui ordonnait de transférer le Premier ministre au poste de commandement, c’est-à-dire au camp Naaba-Koom II. Ce que le sergent-chef a fait sans pour autant vérifier si l’ordre venait du commandant Korogo.
À la fin de son interrogatoire, le client de Me Timothée Zongo, avocat commis d’office, a demandé au bon Dieu d’accueillir dans son royaume les âmes des défunts, d’apaiser les cœurs de leurs parents et d’accorder la guérison aux blessés. Il présente ses excuses à Yao, agent de l’ARCEP, pour avoir tenu des paroles désobligeantes à son endroit.
Marcus Kouaman
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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