A la suite de l’Adjudant Michel Birba, c’est le Caporal Pascal Moukoro qui est passé à la barre ce vendredi 20 juillet 2018. L’ex-RSP de 27 ans est inculpé pour attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires.

A la lecture des charges par le Président du tribunal Seidou Ouédraogo, le Caporal Pascal Moukoro qui fait toujours partie des effectifs de l’armée burkinabè, n’a reconnu aucun fait. Voici comment il résume les choses. Après le rassemblement et le sport dans la matinée du 16 septembre 2015 au camp Naaba Koom II, il est rentré chez lui à la maison. Ensuite est revenu au camp pour designer la relève de la garde. Sa moto étant sale il a pris la route du palais présidentiel pour aller la laver comme de coutume. En chemin il fut intercepté par des militaires en tenue de sport en ces termes : « jeune, viens ici ».

Encore le Major Badiel !

C’est alors que ses interlocuteurs dont il ne connait pas l’identité l’intime d’aller garer sa moto et d’entrer s’asseoir dans une salle. Le Caporal s’exécute sans hésitation ni murmure comme le veut l’armée. Dans cette salle il y’avait selon lui, plusieurs militaires dont le plus gradé qu’il a reconnu n’était autre que l’Adjudant-chef major Eloi Badiel, celui là même qui a ordonné à « Rambo » et compagnie d’arrêter les autorités de la transition.

Assis dans un coin il voyait de plus en plus de gens arriver, c’est là qu’il a demandé la permission pour aller à la maison porter sa tenue militaire et revenir puisqu’il était en tenue de sport. Ce qui lui fut refusé.

Sur place, on lui trouve une tenue, des chaussures et une Kalachnikov. Par la suite, le Major Badiel himself, lui donne l’ordre de le suivre sous le hall du palais et de se mettre en faction.

C’est de cette place qu’il a vu venir les véhicules de la Présidence. A bord le Président de la transition Michel Kafando, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida et les ministres Rene Bagoro et Augustin Loada. Ce sont ces mêmes véhicules selon l’accusé qui sont allés chercher les aides de camp des autorités.

C’est à ce moment que le Sergent-chef Ali Sanou est arrivé sur les lieux. Et sur ordre du Major Badiel il l’a pris pour aller à la Présidence prendre les armes des gardes des ministres. Ce qui fut fait et le Caporal Moukoro est revenu prendre sa position de faction.

Plutard, le client de Me Pascal Ouédraogo a demandé au Major Badiel la permission de rentrer chez lui. Ce que ce dernier a accepté. Mais en prenant le soin de relever son nom sur une feuille et l’intimant de revenir.

C’est donc une fois à la maison, que l’accusé en écoutant la radio Oméga FM a compris que c’était un coup d’Etat. « Si c’est comme cela, c’est grave », a-t-il laissé entendre à la barre. La peur au ventre il n’est pas revenu sur ses pas comme l’a voulu le Major Eloi Badiel.

De retour au camp le lendemain matin, le 17 septembre 2015, avec du retard, il raconte ce qu’il a vécu la veille à l’un de ses chefs, le Sergent Siriki Traoré qui lui dit de repartir au palais comme l’a demandé le Major Badiel. Ce qu’il n’a pas hésité à faire. C’est ainsi qu’il fut encore embarqué par le Sergent-Chef Ali Sanou pour aller vers la maison du Colonel Céleste Coulibaly (qui était en stage à l’extérieur) que des manifestant voulait bruler. Sur place une autre équipe les avait devancés.

Selon le parquet militaire, le Caporal est resté constant dans ses déclarations depuis le premier interrogatoire en avril 2016. Même s’il est revenu sur certains faits. Puisque lors de cette phase il avait affirmé qu’ils ont dispersés les manifestants. Le Caporal a terminé son passage à la barre en présentant ses condoléances aux familles des victimes et souhaitant bon rétablissement aux blessés. Avant de conclure que : « Cette situation pareille, je ne le souhaite plus pour ce pays ».



Marcus Kouaman

Lefaso.net

Source: LeFaso.net