Ni la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), ni la Coordination des syndicats de la fonction publique (CSFP)ne se sentent engagées par les recommandations issues de la conférence sur le système de rémunération des agents publics. Qualifiant cette rencontre de « conférence de stigmatisation des agents publics », la CGT-B et la CSFP estiment que la seule alternative pour évoluer sur les questions salariales des agents publics, demeure l’examen de la plateforme minimale transmise au gouvernement le 6 juin 2018. Les responsables des deux structures syndicales l’ont dit ce jeudi 28 juin 2018, au cours d’une conférence de presse conjointe.
Quelques jours après la conférence tant contestée par la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) et la Coordination des syndicats de la fonction publique (CSFP), les deux structures ont livré, ce jeudi 28 juin 2018, leur lecture sur les conclusions issues de ces travaux. Selon le porte-parole de la CSFP, Souleymane Badiel, l’absence de la CGTB et d’une trentaine de syndicats de la Fonction publique a semé un « désarroi perceptible » dans les conclusions des travaux. D’ailleurs, il est souligné dans ces conclusions qu’il sera question de « travailler à l’inclusion de tous les syndicats dans la négociation du moratoire ; de négocier l’accalmie avec les syndicats de la fonction publique », a rappelé M. Badiel.
Ainsi, soutenant que les « recommandations vagues » issues de cette conférence n’engagent pas la CSFP, Souleymane Badiel affirme que les recommandations, telles que formulées, « laissent toute la latitude au pouvoir de définir les mesures à mettre en œuvre, suivant les orientations de sa politique ». En effet, scrutant les différentes recommandations, il les repartit en deux groupes. En premier lieu, il s’agit, selon lui, de mesures qui, pour l’essentiel, remettent en cause les acquis démocratiques et sociaux des travailleurs.
Il est notamment question de la relecture de la loi 045 portant droit de règlementation du droit de grève des fonctionnaires et agents de l’État, de la réorganisation et de l’encadrement du système de rémunération par des dispositions législatives, de l’exclusion des négociations sectorielles relatives aux revendications sur les traitements salariaux au profit des négociations collectives, de l’imposition de tous les revenus conformément à la loi, en l’occurrence l’application de l’IUTS sur les indemnités.
Quant au second groupe de recommandations, le porte-parole de la CSFP note qu’il s’agit de « recommandations vagues dont on a du mal à cerner les modalités de mise en œuvre pratique ». Et lorsque le président du Faso lui-même affirme qu’il ne revient pas à la conférence de proposer la suppression de certaines institutions de la République dans le cadre de la réduction du train de vie de l’État, Souleymane Badiel et ses camarades ne regrettent pas leur absence à ladite conférence. « La déclaration du chef de l’Etat nous conforte davantage dans notre non-participation. « Je m’interroge de savoir si les premiers responsables ne faisaient pas de compte-rendu au chef de l’Etat pour qu’il oriente le contenu des décisions.
Ces questions ont été posées pour masquer l’objectif fondamental que le pouvoir vise, à savoir la réduction de la masse salariale », confie M. Badiel. À en croire la CGT-B et la CSFP, la conférence sur le système de rémunération a occulté la principale question de fond qui impacte négativement la gestion de la richesse nationale, dont les salaires des agents publics.
Pour eux, il serait plus judicieux de mettre un terme aux nombreux crimes économiques qui ont jalonné le parcours du régime déchu et qui reprennent de la vigueur sous le pouvoir du MPP.
Pas de rupture
S’il est évident que la tenue de conférence sur la rationalisation des salaires a divisé les organisations syndicales, Souleymane Badiel affirme : « Nous sommes convaincus que certains se rendront compte qu’ils se sont trompés. S’ils font leur mea culpa auprès des travailleurs, c’est aux travailleurs d’apprécier. C’était la même chose pour la loi 013.
La plupart d’entre eux ont eu la même attitude et par la suite, les travailleurs à la base les ont acculés ». Et quand on évoque une probable rupture avec l’UAS, il confie : « À l’étape actuelle, nous ne parlons pas le même langage, mais ça n’exclut pas que sur d’autres questions, le mouvement syndical continue de travailler ensemble ».
Dans la même dynamique, Norbert Ouangré, secrétaire général adjoint de la CGT-B, renchérit : « Notre attitude vis-à-vis de la conférence ne signifie pas forcément qu’il y a désormais rupture. Ce n’est pas la première fois qu’il y a désaccord entre nous ».
Nicole Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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