L’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ) était face à la presse ce mardi 26 juin 2018. Au menu des échanges, la situation nationale et la remise en cause des libertés constatée depuis l’arrivée au pouvoir du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès). Elle tient à dénoncer « Une fascisation progressive du pouvoir ».
Après l’insurrection populaire et l’arrivée au pouvoir du MPP, les Burkinabè, et plus particulièrement la jeunesse, s’attendaient à une amélioration de leurs conditions de vie. Mais c’est peine perdue, selon l’ODJ qui se dit déçue de la situation nationale, notamment de l’exercice du pouvoir par le MPP. L’organisation en veut pour preuve la précarité qui touche aussi bien les jeunes en milieu urbain qu’en milieu rural. En cause, l’accaparement des terres par des agrobusinessmen, mais aussi le pillage des richesses nationales par les sociétés minières avec la complicité et la protection des autorités. Et le comble, selon l’ODJ, c’est l’achat de véhicules de luxe par le gouvernement.
Et pendant ce temps, à en croire Gabin Korbéogo, président de l’ODJ, des paysans, notamment des cotonculteurs, croupissent dans la misère. Il ajoute que les leaders responsables des structures paysannes de l’ODJ sont traqués dans les différentes zones cotonnières du pays. Pour Gabin Korbéogo et ses camarades, « leur seul crime est d’avoir osé dénoncer l’exploitation esclavagiste que le pouvoir MPP et les sociétés cotonnières font vivre aux paysans ».
Le pouvoir en place lève des milices, selon l’ODJ
A en croire les conférenciers du jour, c’est face à l’incapacité des dirigeants actuels de répondre aux attentes de la population que les mouvements d’humeur ne cessent de se succéder. Et comme réponse, le MPP et ses alliés n’ont pas trouvé mieux que de verser dans le déni, la calomnie, le dénigrement, les menaces et la répression. Toute chose qui concoure à remettre en cause les « libertés publiques chèrement acquises par notre peuple au prix de la sueur et du sang de ses fils et filles », s’indigne Gabin Korbéogo.
Et pour illustrer ses propos, il a parlé des luttes menées par l’ODJ à Matiacoali, dans le Bam et dans la Léraba, pour le respect des droits des paysans. Ainsi, à Matiacoali, pour avoir dénoncé la spoliation de leurs terres, des militants et sympathisants de l’ODJ sont régulièrement emprisonnés à tour de rôle.
A Niankorodougou, l’ODJ affirme que ses militants ont fait face à une répression sauvage, alors qu’ils manifestaient pacifiquement. Et dans le Bam, le président de la section ODJ est contraint d’abandonner son domicile à cause des menaces policières, parce qu’il aurait simplement demandé au gouvernement de faire une étude d’impact environnemental et socioéconomique sérieuse d’un projet d’aménagement du lac Bam.
« Et le plus grave de tout, est que l’ODJ constate et suit avec attention une levée de plus en plus manifeste de milices par le parti au pouvoir », accuse Gabin Korbéogo. Et d’ajouter que « ces miliciens agressent et appellent au lynchage de certains responsables d’organisations dans la presse et sur les réseaux sociaux et, cela, au nez et à la barbe de nos autorités judiciaires ».
Au regard de tous ces faits, l’ODJ dénonce la répression en cours menée par le pouvoir MPP, interpelle l’opinion nationale et internationale sur la fascisation progressive du pouvoir du MPP. L’ODJ demande également au pouvoir en place le démantèlement des milices et autres groupuscules fascistes et appelle les organisations de jeunesse éprises de liberté, les démocrates sincères et les progressistes à se joindre à elle pour une lutte ferme contre la remise en cause des droits et libertés fondamentaux.
Les militants ODJ appelés à la vigilance
Pour Gabin Korbéogo et ses camarades, « face à ces velléités de fascisation du pouvoir MPP et ses alliés, l’ODJ ne peut rester les bras croisés. En tant qu’organisation de la jeunesse patriotique et révolutionnaire de notre pays, elle entend s’organiser pour apporter une réponse appropriée à cette situation qui, visiblement, va de mal en pis. »
Les militants de l’ODJ sont donc appelés à suivre et à transmettre toute information relative à des tentatives de criminalisation de leurs structures et des luttes populaires. Mais aussi, à rester fermes sur la défense des questions des libertés et des acquis de l’insurrection populaire.
Justine Bonkoungou
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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