C’en est fini de la conférence sur la rationalisation du système de rémunération des agents publics de l’Etat. Après trois jours de concertations auxquelles ont pris part cinq centrales syndicales et 21 syndicats autonomes, le Burkina Faso, selon le premier ministre, Paul Kaba Thiéba, a franchi ce 14 juin 2018, un pas décisif de l’histoire de la refondation de sa fonction publique. De cette rencontre qui se veut historique, l’on retiendra que des recommandations ont été faites dans le cadre de la réduction du train de vie de l’Etat et de l’épineuse question des fonds communs.

Pour une réforme, les conclusions de cette fameuse conférence des forces vives de la nation sur le système de rémunération des agents publics de l’Etat risquent d’impacter tous les acteurs de l’administration. Et « dès demain », foi de Paul Kaba Thiéba, on devrait assister au début de la mise en œuvre des recommandations.

« Nous sommes allés au fond des problèmes, des questions d’équité, de justice, la gestion des ressources publiques, notamment la réduction des dépenses et d’augmentation de ressources ont été évoquées sans tabou. Certains craignaient que ce ne soit pas le cas, mais tout a été transparent » a noté le premier ministre, soulignant que le Burkina vient de dégager les voies qui rendront désormais compatibles, les dépenses et les ressources publiques , l’offre et la demande des services publics. A ce sujet, que peut-on retenir des recommandations issues la présente conférence ?

Des recommandations entrant dans le cadre de la réduction du train de vie de l’Etat, il n’en manque pas. Ainsi, les participants à la présente rencontre ont proposé une réduction de la durée du maintien de la rémunération des membres du gouvernement et présidents d’institutions de 6 à 3 mois, la suppression de certaines institutions de la république telles que le Conseil économique et social (CES), le Médiateur du Faso, le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) et le Haut représentant du président du Faso.

Au titre des recommandations, figurent également, l’adoption et la mise en œuvre du plan d’actions de la politique immobilière de l’Etat, la rationalisation des Etablissements publics de l’Etat (EPE) et une optimisation des charges de fonctionnement, une réorganisation institutionnelle des départements ministériels pour une mise en cohérence avec le budget programme.

Des avantages servis aux agents de l’Etat

Sur ce point, l’une des questions qui défraie la chronique est bien sûr, les fonds communs. A ce propos, le rapport final propose un encadrement des fonds communs par une loi, en les indexant aux amendes et pénalités. « Pour les montants à servir, les plafonner en les limitant à 25% au maximum de la masse salariale annuelle des bénéficiaires » peut-on lire dans le rapport général de l’atelier.

La date d’effet étant fixée au 1ER janvier 2019, il est à préciser qu’un décret sera adopté dans l’optique de préciser les modalités de répartition des fonds communs.

Réagissant à cette question, la ministre en charge de l’économie, Hadizatou Rosine Sori/ Coulibaly, confie : « Malgré les discussions, nous sommes arrivés à un consensus. A partir du moment où le fonds commun lui-même était assis sur les pénalités, c’était durable. C’est parce que le mode de calcul a évolué que cela n’est plus soutenable. La question était qu’il fallait revenir aux fondamentaux ».

Puis de poursuivre : « La réunion n’a pas parlé de suppression du fonds commun. Il ne s’agissait pas de remettre en cause le fonds commun, mais de s’assurer que tous les avantages extra-salariaux étaient indexés sur des éléments qui pouvaient les rendre plus durables. Nous espérons avoir la compréhension des uns et des autres. Le personnel du ministère est conscient que le fonds commun était arrivé à un niveau difficilement soutenable ».

Et quand on parle de consensus, le porte–parole des organisations syndicales, Olivier Guy Ouédraogo, a quand même du mal à cacher son mécontentement. « Je ne peux pas dire que je suis satisfait. Au moment où je vous parle, il y a des camarades qui ne sont pas contents. Quand on veut faire des transformations qualitatives, on est obligé par moments, de passer par des moments difficiles. Je voudrais que nos camarades sachent que ce sont des moments difficiles par lesquels nous devons passer et qu’ensemble, on pourra revenir dans deux ou trois ans, quand tout sera stabilisé , pour voir ce que nous pouvons encore faire pour ces camarades qui ont accepté ce sacrifice pour que ce pays puisse être stable et que nous puissions avancer ».

Lire aussi : Mise à plat des salaires des agents publics : Même le président du Faso est concerné, selon le Premier ministre

Au titre des recommandations prises pour la rationalisation des avantages servis aux agents publics, on peut noter, entre autres, le maintien des primes de rendement aux régies de recettes, l’harmonisation des frais de mission de tous les fonctionnaires (magistrats et autres fonctionnaires) à l’intérieur et les frais de transport définis, une hausse des frais de mission à l’extérieur , l’opérationnalisation de l’assurance maladie et l’adoption d’un décret fixant les avantages en carburant ( en évitant la notion de plafonnement qui a un caractère discriminant ».

Quid de la rémunération ?

Sur le traitement salarial, a l’instar du président du Conseil national des organisations de la société civile, Jonas Hien, le Secrétaire général de la Confédération syndicale burkinabè et porte-parole des organisations syndicales, Olivier Guy Ouédraogo, rassure qu’ « aucun travailleur ne perdra ». Aussi, il soutient : « 80% des travailleurs verront leur traitement évoluer vers les 20% qui avaient des statuts autonomes et autres et qui avaient des salaires nettement plus élevés ».

Ainsi, la réforme de la fonction publique burkinabè prévoit une grille indiciaire harmonisée, consistant à trouver un niveau moyen entre les traitements les plus faibles et ceux les plus élevés, à l’intérieur des mêmes catégories et échelles des fonctionnaires d’Etat, les agents relevant de statuts autonomes payés sur le système intégré de gestion administrative et salariale du personnel de l’État (SIGASPE) et les agents d’établissements publics de l’Etat.

La rationalisation du système de rémunération des agents publics consiste également, entre autres, à tenir compte des ratios communautaires pour la politique de fixation des éléments de rémunération et le plafonnement des éventuels écarts de rémunération indemnitaire à 25% maximum entre les agents relevant de la même catégorie.

Notons que les conclusions de la présente conférence envisagent un moratoire autour de certains points en vue d’obtenir une accalmie nécessaire pour la mise en œuvre des conclusions de la conférence. Aussi, il est prévu la mise en place d’un comité technique de suivi des recommandations (en pièce jointe), associant les forces vives de la nation, pour la mise en œuvre effective des résolutions de la conférence.

A LIRE :

– Rapport final Groupe 3 sur la Rationalisation des dépenses publiques et optimisation des recettes

– Rapport atelier 1 Conférence nationale sur le Systeme de rémunération des Agents Publics

– Le RAPPORT SYNTHÈSE SUR LA CONFÉRENCE REMUNERATION

– Le Rapport synthétique des travaux de l’atelier

– Les recommandations

Nicole Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net