On le sait, le procès du coup d’État manqué du 16 septembre 2015 a encore été suspendu pour reprendre le 12 juin. Au cours de l’audience de ce vendredi 25 mai 2018, le tribunal a examiné quatre demandes de mise en liberté provisoire. Une a été accordée à l’accusé Abdou Compaoré. En revanche, pour ce qui est des demandes des détenus Fayçal Nanema, Jean Florent Nion et Lawoko Mohamed Zerbo, le tribunal a certes jugé les requêtes recevables dans la forme mais au fond, il les a rejetées parce que mal fondées.
Enfin l’accusé Abdou Compaoré a obtenu sa liberté provisoire. C’était en effet la troisième fois qu’il comparaissait devant le tribunal pour défendre ses droits. Les deux premières fois, des vérifications supplémentaires s’imposaient. Ce vendredi 25 mai, à l’audience, le tribunal a accédé à sa requête. Le militaire était allé en mission alors qu’il était en liberté provisoire. Ce qui l’empêchait de venir pointer chaque vendredi à la justice militaire. Il avait soutenu qu’il avait informé son chef. Ce dernier, dans un mail envoyé au parquet, a démenti avoir été au courant de la situation du soldat. Peu importe, le parquet militaire a estimé que le commandement ne peut pas dire qu’il n’est au courant des poursuites judiciaires à l’encontre du soldat. Le parquet ne s’est donc pas opposé.
Pas de chance par contre pour les trois autres accusés
Lawoko Zerbo a comparu à la suite de Abdou Compaoré. Il a demandé la liberté provisoire pour s’acquitter de certains rites coutumiers afin de permettre à sa mère veuve de réintégrer la cour familiale. Son avocat avance que la mère de son client erre dans la nature. Seul Lawoko Zerbo, le premier fils, peut accomplir les rites pour lui permettre de réintégrer la cour familiale. Ces arguments sont battus en brèche par le procureur militaire. Il rappelle que c’est suite à un accord de police à police entre la côte d’Ivoire et le Burkina que l’individu comparait aujourd’hui. Le parquet estime que l’accusé ne bénéficie d’aucune garantie de représentation. Mais à défaut de la liberté provisoire, le conseil de l’accusé a souhaité une autorisation de sortie d’une semaine.
L’éducation des enfants de Jean Florent Nion motive sa demande
En ce qui concerne Jean Florent Akoué Nion, il a laissé entendre que depuis sa détention (trois ans), l’éducation de ses enfants part en vadrouille. Il explique que sa première fille, depuis trois ans, n’arrive pas à valider sa licence. Il en est de même pour sa deuxième fille qui, depuis trois ans aussi, échoue au BEPC. La raison est qu’elles ne supportent pas la situation carcérale de leur père. L’autre aspect concerne sa vie professionnelle. Florent Nion dit avoir été arrêté au péage de Bobo-Dioulasso alors qu’il se rendait à son nouveau poste. Jusqu’aujourd’hui, il ne connaît pas son chef de corps. Il a bien peur que si le procès tourne au vinaigre, il ne puisse pas constituer ses dossiers pour sa pension de retraite. Sur ce cas, il ajoute qu’au moment de l’assaut des soi-disant loyalistes, ils ont brûlé leurs documents.
Le parquet toujours stoïque
Sur cette demande aussi, le parquet s’est opposé. Pour lui, Jean Florent Nion lui fait courir trois risques. Il s’agit d’abord de la garantie de représentation. Ensuite le parquet cite le risque de trouble à l’ordre public. Enfin, le parquet craint pour la sécurité de l’accusé lui-même. L’accusé et son conseil ont soutenu qu’il ne voulait pas se soustraire à la justice. Il se justifie par le fait qu’il a tous ses intérêts à Ouagadougou. Son conseil, maître Nion, s’étonne qu’on libère certaines personnes sans des troubles. Aussi, aucun des bénéficiaires de liberté provisoire n’a été agressé.
Fayçal Nanema a aussi demandé sa mise en liberté provisoire. Tout comme à l’audience passée, cette demande est motivée par des questions de santé. Seulement, l’intéressé ne disposait pas de certificat médical. Ce qui rend difficile la décision. Au vu des différents arguments, le tribunal a accepté la demande en liberté provisoire de Abdou Compaoré s’il n’est pas détenu pour d’autres faits. Pour ce qui des trois autres, il les a déclarées recevables dans la forme, mais au fond, il les a jugées mal fondées. Le tribunal s’est aussi déclaré incompétent pour décider de la demande d’une permission pour l’accusé Lawoko Mohamed Zerbo.
Ainsi a pris fin le présent épisode. Rendez-vous le 12 juin prochain pour la suite.
Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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