Nouveau rebondissement dans le procès du putsch manqué de septembre 2015. Aussitôt ouverte, l’audience de ce vendredi 6 avril 2018 qui devait être consacrée à l’interrogatoire des accusés, a été renvoyée au mercredi 9 mai 2018. Pour cause, 14 avocats dont deux commis d’office se sont déportés de l’affaire.

Un vendredi très attendu par le public car l’audience du jour devait se consacrer à l’interrogatoire des 84 accusés, dont 9 sont toujours en fuite. Mais le déballage n’aura pas lieu. A l’ouverture de l’audience du jour à 9h, le président du tribunal a procédé à la lecture des lettres de déport de 14 avocats dont deux commis d’office, déposées le 5 avril, veille du procès. Conséquence de ces déports : 12 accusés se retrouvent à présent sans avocat et l’audience ne peut se poursuivre. « C’est la loi et nous ne pouvons que nous plier. Nous ne pouvons plus avancer. Il faut que nous respections la loi, rien que la loi dans son esprit et dans sa lettre « , a dit le procureur militaire, Alioune Zanré.

Un mois pour se trouver de nouveaux avocats

Ces accusés doivent bénéficier d’avocats commis d’office conformément à l’article 43, alinéa 2 de la loi N°041-2017/AN portant organisation, fonctionnement et procédure applicable devant la chambre criminelle, qui dit que « Si l’avocat choisi ou commis conformément aux articles 15 et 16 ne se présente pas, le président d’audience en avise immédiatement le bâtonnier qui lui en commet un d’office ». C’est donc en application de la loi que le président du tribunal, Seidou Ouédraogo, a décidé du renvoi du procès le 9 mai 2018 afin de permettre au bâtonnier, Mamadou Savadogo, de trouver des avocats commis d’office aux accusés.

Gilbert Diendéré perd un de ces avocats

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Gilbert Diendéré perd un avocat

Qui sont les 12 accusés ? A la lecture de la liste par le président du tribunal, l’on retiendra qu’il s’agit de Dianda Abdoul Karim, du Lieutenant Compaoré Relwindé, (qui avaient pour avocat Me Christophe Birba), de l’Adjudant-chef major Badiel Eloi, du Colonel Deka Mamady (En fuite), de l’Adjudant-chef Nébié Moussa dit « Rambo », et de Sawadogo Paul (précédemment défendus par le SCPA Ouattara Sory et Salembéré), de l’Adjudant-chef Dibloni Gondjaté, du Sergent Pooda Ollo Stanislas (ils avaient pour conseil Me Rodrigue Bayala), de Nanéma Ousséni Faïçal, du Sergent-Chef Kambou Ardjouma (qui étaient défendus par Me Ollo Larousse Hien), du soldat de 1re classe Ly Amadou (il avait pour avocat Me Olivier Yelkouni, désormais ex-avocat aussi du Général Gilbert Diendéré) et du Sergent Nobila Sawadogo. La défense de ce dernier était assurée par Me Toé Flore Marie Ange.

L’ancien bâtonnier perd beaucoup de soutiens

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Me Birba Christophe, avocat déporté

Parmi les avocats déportés, l’on dénombre une bonne panoplie issue de la défense de l’ancien bâtonnier, Mamadou Traoré, poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires. Il y a par exemple Me Paul Taraoré, Me Christophe Birba du SCPA Lex Ama, le SCPA Trust Way, le SCPA Ouattara Sory et Salambéré, le SCPA Concillium. Notons que ce ne sont pas les premiers conseils à quitter le navire dans le camp de Maitre Mamadou Traoré. En effet, le samedi 30 mars 2018, Me Halidou Ouédraogo et Me Zampaligré Issiaka s’étaient déportés pour divergence de point de vue avec leur client.

Les arguments des avocats déportés

L’argument avancé par la plupart des avocats déportés est que les conditions ne sont pas réunies par le tribunal pour un procès équitable. La question de la récusation de deux membres du tribunal dont le président Seidou Ouédraogo et la question de la citation des témoins des accusés, qui selon les avocats de la défense, doit être faite par le parquet militaire sont entre autres les arguments qui ont prévalu à la décision des avocats.

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Me Prosper Farama, avocat (partie civile)

« C’est très dommage », a déploré le procureur militaire, Alioune Zanré, qui estime que toutes les parties présentes veulent bel et bien d’un procès équitable. « D’une façon ou d’une autre, cela prendra le temps que ça doit prendre mais viendra le jour où forcément on parlera du fond de ce dossier », a déclaré Me Prosper Farama, avocat de la partie civile. Et Massourou Guiro de la société civile de renchérir : « le peuple veille au grain et ne laissera pas ce procès lui échapper ».

Herman Frédéric Bassolé

Cryspin Laoundiki

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Source: LeFaso.net