Depuis son accession à la gestion des affaires publiques de l’Etat au terme des élections générales libres et transparentes de novembre 2015, le gouvernement du Burkina Faso fait face à des mouvements sociaux récurrents sans précédent et à des attaques terroristes qui sapent les fondements de son budget. La côte d’alerte est atteinte a déclaré la ministre de l’Economie, des Finances et du Développement répondant à une question orale le 23 mars dernier à l’hémicycle sur les revendications des fonctionnaires de l’Etat, ceux du MINEFID (Ministère de l’économie, des finances et du développement, ndlr) et naturellement sur les conséquences qui en découlent.
Du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, Mme Rosine Hadizatou Coulibaly/Sory ministre en charge de l’Economie des Finances et du Développement de notre pays a sonné le tocsin. Le budget national pourrait connaitre des tensions de trésorerie à cause de la résurgence des mouvements sociaux et de la guerre, que nous imposent des gangsters narcotrafiquants drapés du manteau du terrorisme,contraignant le gouvernement à « de grands écarts budgétaires » pour mettre nos forces de défense et de sécurité au diapason. Cet effort national de guerre est assombri par les revendications salariales et sociales tous azimuts des organisations syndicales toujours prêtes à tordre le bras du gouvernement pour assouvir leur appétit salarial. Mais l’exécutif burkinabè pourra-t-il toujours avoir les yeux rivés uniquement sur les revendications des fonctionnaires au détriment de l’immense majorité des populations qui ne bénéficie pas du minimum vital : besoins en eau potable, en soins de santé, en éducation pour ne citer que ces domaines.
Il est impérieux dans cette affaire, d’éviter que le budget national ne devienne un outil de fonctionnement au seul bénéfice des fonctionnaires aux dépens de l’investissement qui produit de la richesse et apporte de la valeur ajoutée à notre économie. Les organisations syndicales doivent revoir leurs copies et négocier avec lucidité et sens de responsabilité avec l’Etat.
De l’égoïsme !
Lorsqu’on parcourt le préavis de grève de la coordination des syndicats du ministère de l’Economie, des Finances et du Développement, on relève l’égoïsme qui transparait dans les propos, la gloutonnerie dont ont fait montre les auteurs et l’irrespect vis-à-vis de l’autorité accusée d’être responsable de tous les blocages survenus dans la négociation avec le MINEFID comme si la coordination des syndicats, elle-même, avait donné de sérieux gages pour un aboutissement heureux du dialogue. Cessons d’être dans l’insurrection permanente et quotidienne et ensemble travaillons plutôt à sortir le pays des affres du sous-développement. Disons-nous les choses en face, le budget national n’est pas la vache laitière d’une catégorie de fonctionnaires qui naviguent entre fonds communs et salaires alors que d’autres catégories de fonctionnaires se contentent de la portion congrue. Dites-nous, bonnes gens, où situe-t-on alors la notion de justice sociale, l’un des fondements de base du syndicalisme ?
Haro sur les fonds communs
Il est impératif pour le gouvernement de revoir froidement les fonds communs et leur mode de fonctionnement et de distribution qui enfreignent la justice sociale et classifient les fonctionnaires en deux catégories : ceux qui manipulent l’argent des Burkinabè et qui pensent qu’ils ont du mérite. Ils se font servir des primes mirobolantes tout au long de chaque année civile depuis plus de 10 ans sous le prétexte d’être les gardiens du trésor burkinabè. A côté des privilégiés, il y a les agents de production qui n’en profitent guère comme les autres. Ceux-là se contentent des prêts bancaires pour engager leurs projets de toutes natures avec leurs contraintes alors que des privilégiés attendent allègrement et semestriellement leurs primes exonérées de toutes taxes pour en jouir. Quelle injustice !!! Tous les fonctionnaires burkinabè sont méritants à bien des égards et doivent bénéficier également de primes au nom de la justice sociale. La Constitution burkinabè ne stipule-t-elle pas dans ses dispositions que « les Burkinabè naissent libres et égaux ».
Nous convenons qu’il faut accorder des primes à cette catégorie de fonctionnaires de l’Economie et des Finances qui ont la charge de la gestion du trésor burkinabè mais dans des proportions acceptables qui ne heurtent pas la conscience des Burkinabè.
Pour ce faire, le gouvernement burkinabè doit agir au nom de la raison d’Etat et mettre un terme à cette cupidité organisée qui met à mal les finances burkinabè et divise les Burkinabè. Le gouvernement doit agir en tant que puissance publique. Il faut mettre fin aux chantages de la coordination des syndicats du ministère de l’Economie et des Finances et du Développement. Autres temps, autres mœurs. L’Etat doit s’affirmer et édicter de nouvelles règles de jeu visant à mettre fin à cette boulimie. Le dialogue doit toujours prévaloir certes, mais le gouvernement doit toujours faire montre de fermeté.
Depuis le 14 mars 2018, six syndicats du ministère de l’Economie, des Finances et du Développement ont déposé un préavis de grève pour exiger la satisfaction de leur plateforme qui comporte sept points de revendications dont la mise en œuvre intégrale de tous les accords conclus entre les différentes organisations syndicales et le gouvernement. Il faut noter qu’entre 2016 et 2017, les organisations syndicales du ministère de l’Economie, des Finances et du Développement ont observé 75 jours d’arrêt de travail rien que pour satisfaire leurs intérêts égoïstes. Voilà qu’elles remettent ça et tant pis pour les Burkinabè.
La coordination des organisations syndicales doit savoir raison garder et retourner à la table de négociations et éviter les positions maximalistes du genre tout ou rien. Elle ne doit rien exiger mais plutôt négocier en faisant des concessions.
L’intérêt supérieur du Burkina et des Burkinabè doit primer avant toute considération. La coordination des syndicats du ministère de l’Economie, des Finances et du Développement doit se le tenir pour dit.
Comment se taire si le service du fonds commun qui devrait être un complément, une bonification tend à devenir l’essentiel ?
Comment laisser faire lorsque la gratification qui est servie semestriellement sans bruit à certaines catégories de fonctionnaires a été portée sur la place publique par les soins des syndicats eux-mêmes comme un pied de nez aux Burkinabè n’ayant aucun revenu ou se contentant de leur seul salaire ? Comment ne pas agir pour éviter que le fonds commun équivalent au budget annuel de plusieurs départements ministériels, n’atteigne des sommets insupportables à l’avenir ? C’est vrai, le Burkina aurait pu prendre la voie des pays qui ont préféré gérer les conséquences d’une suppression pure et simple de ces gratifications devenues trop impopulaires.
Il n’est pas tard pour aller dans le bon sens, même si le gouvernement doit faire montre de dialogue tout en alliant la fermeté. Nos compatriotes ne sont plus prêts à vivre la surenchère pour des intérêts purement corporatistes.
DiabreMalick, Etudiant en 3ème Sociologie
diabremalick@gmail.com
Source: LeFaso.net
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