Au cours d’une conférence de presse qu’elle a animée, ce jeudi 29 mars 2018 à Ouagadougou, l’Association burkinabè des consommateurs de services de communication électronique (ABCE) a laissé entendre qu’elle pourrait saisir la Commission nationale de le concurrence et de la Consommation (CNCC) afin de constater « l’illégalité voire le caractère abusif de la clause contractuelle » de la société Orange Money Burkina, sous les feux des critiques ces derniers jours. Le sujet Canal+ et de son nouveau décodeur a été également abordé.
Depuis l’annonce de l’opérateur Orange Burkina d’opérer à un réajustement de la grille tarifaire de son service Orange Money, à compter du 1er mars 2018, des voix s’élèvent sur les réseaux sociaux et les différents foras de discussion pour appeler au boycott. A l’Association burkinabè des consommateurs de services de communication électronique (ABCE), l’on estime que ce réajustement à la hausse n’est rien d’autre « qu’un acte règlementaire arbitraire qui ne brille que par son illégalité et son caractère abusif ». Et face à la presse, ce jeudi matin, le président du Bureau exécutif national de l’association, Seydou Barro, et ses collaborateurs, ont qualifié de « poudre aux yeux », le message envoyé subséquemment aux consommateurs, dans lequel l’opérateur spécifiait que le dépôt d’argent est gratuit.
Un réajustement « contraire aux principes d’inclusion financière »
- Seydou Barro, président du Bureau exécutif national de l’ABCE
Gratuit ? Pour l’ABCE, cela ne pouvait en être autrement car l’instruction n°004-06- 2014 de la BCEAO, entrée en vigueur le 1er octobre 2014, a rendu gratuits 19 services bancaires parmi lesquels les services de dépôt, de retrait et de transfert d’espèces au sein de l’Union monétaire Ouest-africaine. « Orange Money ne peut se soustraire à cette disposition impérative dans l’exercice de ses activités d’émission et de distribution électronique », insiste Seydou Barro. A l’en croire, les frais payés par les consommateurs à Orange Money dépassent largement les frais payés par les utilisateurs des services des banques classiques. « Cela est contraire aux principes d’inclusion financière », a-t-il martelé.
« Nous n’avons pas été du tout convaincus »
- Marcel Kafando, président du conseil de surveillance de l’ABCE
Mi-mars, le directeur de Orange Money et ses collaborateurs sont allés à la rencontre de la Ligue des consommateurs et de l’Association burkinabè des consommateurs des services de communication électronique (ABCE) pour apporter plus d’éclaircissements sur la nouvelle tarification. « Nous n’avons pas été du tout convaincus d’autant qu’ils disent que c’est gratuit depuis 2012. S’ils ont pu supporter tout ce temps, autant continuer. On leur a donc demandé de revenir aux tarifs antérieurs », a rappelé Marcel Kafando, président du conseil de surveillance au sein de l’ABCE.
« Le choix est un droit fondamental du consommateur qui a le loisir d’aller vers les offres concurrentes de monnaie électronique », rappelle Seydou Barro. Toutefois, celui-ci n’exclut pas la possibilité pour l’ABCE de saisir la Commission nationale de le concurrence et de la consommation (CNCC) afin de constater « l’illégalité voire le caractère abusif de la clause contractuelle » de la société Orange Money Burkina.
Pour un refus d’échanger le décodeur contre 25 000 F
CANAL+ Burkina contre qui Abdoul Karim Sango et 115 autres, sous la houlette de l’ABCE, ont intenté une action judiciaire, est de nouveau décriée par certains consommateurs. En effet depuis quelques jours, la société demande aux consommateurs de débourser la somme de 25 000 F CFA afin d’échanger le décodeur contre celui doté de la technologie HD. Pourtant l’ABCE note que, le décodeur, « dont l’obsolescence est publiquement proclamée par le groupe CANAL en France avec une invite aux consommateurs de se faire délivrer le nouveau produit adapté gratuitement » est encore vendu au Burkina Faso à 5 000 F CFA. « Pourquoi fournir gratuitement le décodeur en France et le vendre (échanger) au Burkina Faso ? Serait-ce une exploitation de l’ignorance des consommateurs ou une cupidité effrénée ? », s’interroge l’association. Au cours de la conférence, elle a demandé aux consommateurs de refuser « catégoriquement » le paiement de toute somme d’argent quel que soit le montant en vue d’échanger le décodeur actuel de CANAL +.
« Nous ne sommes pas des désœuvrés »
- L’ABCE demande aux consommateurs de refuser « catégoriquement » le paiement de toute somme d’argent quel que soit le montant en vue d’échanger le décodeur actuel
Seydou Barro et ses camarades ont déploré le fait que leur démarche ait été mal interprétée par certaines personnes qui l’analysent comme étant de l’acharnement contre Canal+. « Nous avons trop de préoccupations. Nous ne sommes pas des désœuvrés, nous n’avons pas le temps de nous acharner contre une structure. Le fait de faire des critiques à l’égard des produits et services d’une entreprise, c’est manifester de l’intérêt pour le professionnel. Sans bourse délier, nous permettons à Canal+ de savoir les désidératas des consommateurs relativement aux services et produits. Nous devons bien au contraire être remerciés pour cela, mais ce n’est pas le cas. Nous luttons pour une meilleure qualité de service. Nous ne sommes mus que par le respect de l’intérêt général, nous faisons de la veille citoyenne et c’est ce qui nous motive », a conclu le président du Bureau exécutif national de l’ABCE, Seydou Barro.
Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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