La Coordination des syndicats du ministère en charge de l’Economie et des Finances (CS-MEF) a annoncé une grève de 48 heures à compter du 4 avril 2018 sur toute l’étendue du territoire national, au cours d’une conférence de presse animée le mercredi 28 mars 2018 à Ouagadougou. Les raisons de cette grève et la question du fonds commun qui fait polémique actuellement ont été largement débattues avec les hommes de médias, sous la présidence du président du mois de la CS-MEF, inspecteur Mathias Kadiogo.
« Les 4 et 5 avril 2018, les travailleurs du ministère en charge des finances du Burkina Faso sont appelés à observer un mot d’ordre de grève sur toute l’étendue du territoire national, dans les ambassades et consulats du Burkina Faso à l’étranger », a déclaré le président du mois de la Coordination des syndicats du ministère en charge de l’Economie et des Finances (CS-MEF), par ailleurs secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des douanes (SYNATRAD), inspecteur Mathias Kadiogo.
Selon la CS-MEF, à travers ce mot d’ordre de grève, les travailleurs du ministère de l’Economie, des Finances et du Développement (MINEFID) entendent amener le gouvernement à se pencher sur leurs « justes et légitimes » préoccupations.
Les préoccupations sont synthétisées comme suit :
Le respect des engagements des autorités par la reconduction du check off au MINEFID unilatéralement suspendu ;
La restauration de la dotation du carburant de fonctionnement aux agents, supprimée par Arrêté n°2017-541/MINEFID/CAB du 26 décembre 2017 ;
La mise en œuvre intégrale de tous les accords conclus entre les différentes organisations syndicales et le Gouvernement ;
Le relogement des travailleurs du MINEFID dans le bâtiment R+4 du MINEFID ;
L’arrêt des réformes entreprises au sein du MINEFID sans l’adhésion des travailleurs ;
La réalisation des contrats de vérification des importations avec les sociétés privées ;
L’adoption de statuts sécurisants pour le personnel du MINEFID.
Comment et pourquoi en est-on arrivé à ce stade ?
A en croire la CS-MEF, une plateforme minimale commune a été déposée auprès de madame le ministre en charge des finances, Hadizatou Rosine Coulibaly, le 27 mai 2018. Suite « à des luttes très âpres », des protocoles d’accord ont été signés entre le gouvernement et certaines organisations syndicales. « Aujourd’hui, le gouvernement refuse de mettre en œuvre ses propres engagements », a affirmé l’inspecteur Mathias Kadiogo. Une sortie médiatique aurait confirmé le non-respect de la signature des protocoles d’accord. « Confer interview de P. Clément Sawadogo, ministre de la Fonction publique d’alors dans le journal Mutations du 1er au 14 janvier 2018 où il dit que le gouvernement ne peut mettre en œuvre des protocoles qu’il a signés les larmes aux yeux », a-t-il justifié.
- Le président du CS-MEF, inspecteur Mathias Kadiogo
Une autre raison. Madame le ministre a décidé d’opérer des réformes qui selon la CS-MEF, posent des problèmes dans le fond comme dans la forme. « Les réformes que veut imposer madame le ministre n’apporteront aucune valeur ajoutée au MINEFID. Bien au contraire, elles engendreront d’énormes pertes tant pour l’Etat burkinabè que pour les travailleurs du MINEFID », a déclaré le président de la CS-MEF. Quelques réformes ont été citées à titre d’illustration. Il s’agit de :
La décision d’ériger la Direction générale des impôts (DGI) en Etablissement public de l’Etat (EPE). Pour les syndicalistes, aucun EPE n’est économiquement viable actuellement au Burkina.
La décision d’installer des guichets banques dans les services des impôts et des douanes pour recevoir les paiements en numéraires.
L’appel d’offres pour recruter des privés chargés de recouvrer les dettes fiscales en violation des textes en vigueur et à coûts de milliards.
La volonté manifeste de supprimer le contrôle financier malgré la persistance de la délinquance financière. « De vous à nous, si on liquide le contrôle financier, nous sommes tous foutus ! », a martelé le SG du Syndicat national des agents des finances (SYNAFI), Mohamed Savadogo.
Un dialogue de sourd ?
La CS-MEF a tenu à rappeler que c’est le refus d’entretenir le dialogue avec les partenaires sociaux qui a occasionné le dépôt du préavis de grève. Madame le ministre leur a adressé une lettre pour une audience le mercredi 28 mars 2018, donc après le dépôt du préavis. « Au moment où la CS-MEF attendait des réponses satisfaisantes à ses préoccupations, c’est plutôt à l’Assemblée nationale que madame le ministre a préféré aller donner ses positions sur chaque point du préavis », a notifié M. Kadiogo.
Un discours que les syndicalistes ont jugé « subjectif et teinté de contre-vérités ». « Madame le ministre tente tout simplement de livrer les travailleurs du ministère à la vindicte populaire en insinuant que c’est leurs fonds communs qui sont la cause des malheurs des autres travailleurs voire de tout le peuple burkinabè », a affirmé M. Kadiogo.
Le Fonds commun, un faux débat ?
La CS-MEF a tenu à préciser que le Fonds commun (FC) n’est pas propre au Burkina, car il existe dans les administrations financières de la sous-région et dans le monde.
Selon la CS-MEF, le FC vise à stimuler les travailleurs du MINEFID, à cultiver la solidarité entre ces travailleurs et à les mettre à l’abri des fléaux tels que la corruption et le détournement des deniers publics.
Lors du dernier passage de Madame Hadizatou Rosine Coulibaly à l’Assemblée nationale, les syndicalistes ont estimé qu’elle a passé sous silence le fait que c’est elle qui a signé tous les Arrêtés du FC et que c’est elle qui ordonne les paiements. « Elle oublie de dire que certains responsables touchent anormalement plus de deux FC dans différents ministères. Elle passe sous silence les détails sur les vingt (20) autres FC dont certains sont sans base légale notamment à la présidence du Faso et au Premier ministère », ont-ils déclaré.
« Nous n’allons pas renoncer au FC. C’est un droit », a conclu le SG du Syndicat national des agents des impôts et des douanes (SYNAID), Nongo Grégoire Traoré.
En rappel, la CS-MEF est composée des six (06) organisations syndicales que sont :
Syndicat autonome des agents du trésor du Burkina (SATB) ;
Syndicat national des agents des impôts et des douanes (SYNAID) ;
Syndicat national des travailleurs des douanes (SYNATRAD) ;
Syndicat national des travailleurs de la planification et de la coopération (SYNTPC) ;
Syndicat national des agents des finances (SYNAFI) ;
Comité CGT-B/ ENAREF.
Cryspin Masneang Laoundiki
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Source: LeFaso.net
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