Le Collectif citoyen pour l’Agro écologie (CCAE), au cours d’une conférence de presse tenue ce mercredi 7 février 2018, à Ouagadougou, a réagi aux velléités de retour du coton OGM (Organisme génétiquement modifié). L’état des lieux des OGM au Burkina Faso, les dernières sorties médiatiques des pro OGM, et les perspectives de lutte du collectif sont les trois grandes articulations qui ont guidé cette conférence.
Etat des lieux des OGM au Burkina Faso
« De nos jours, il n’y a pas de culture génétiquement modifiée dans nos champs depuis l’abandon du coton Bt début 2016 », tel est le constat fait par le Collectif citoyen pour l’Agro écologie(CCAE), en ce début de conférence de presse. En effet, des dires d’Ali Tapsoba, porte-parole du collectif, depuis l’abandon du coton Bt, deux campagnes cotonnières en conventionnel ont pu voir le jour. Et de donner ce faisant des précisions sur ces dernières, « la 1re (2016/2017) a été bonne tandis que la seconde(2017/2018) est médiocre à cause de la mauvaise saison pluvieuse », a indiqué le porte-parole avant de reconnaitre que des expérimentations en milieu confiné de la culture du Niébé Bt et des moustiques génétiquement modifiés sont développées au Burkina Faso.
Sorties médiatiques des pro OGM
A ce niveau, le collectif se prononçant sur une certaine déclaration faite par un dénommé Gnoumou (porte-parole d’un groupe de paysans) déclare, « quand nous analysons les contenus de la déclaration de Gnoumou, il ressort des contre-vérités absurdes », a mentionné le porte-parole. Pour Ali Tapsoba et les autres membres présents à la conférence, accorder du crédit aux propos de »la bande Gnoumou » à savoir que « depuis le retour au coton conventionnel, le rendement et la qualité du coton a chuté » ; c’est méconnaitre ou mépriser l’histoire de la qualité du coton burkinabè. Et pour corroborer ses mots lance-t-il, « il vous souviendra que le coton burkinabè était le meilleur sur le marché international jusqu’en 2006, cette production était conventionnelle ».
Poursuivant avec la fameuse déclaration, mention est faite d’une incompréhension entre le rendement par hectare lu par Gnoumou et les prévisions de la Sofitex sur la production du coton OGM(Bt). « Le même Gnoumou ose affirmer que le rendement par hectare n’est que de 333 Kg/hectare alors que les prévisions de la Sofitex de 565 000 tonnes indiquent plutôt un rendement de l’ordre de 900 kg/hectare », a ajouté le porte-parole Tapsoba. Ce denier dit en sus, être à l’opposé des chiffres de Gnoumou qui font état de rendements d’un ordre de 2,5 tonnes par hectare avec le coton OGM. Pour le porte-parole, le rendement est moindre selon l’étude de la Coalition pour la protection du patrimoine génétique(Copagen), ou un peu plus d’après les chiffres des chercheurs qui suivaient les campagnes. Alors que, déplore-t-il, « les rendements sont similaires ».
Un autre questionnement du collectif n’est pas passé sous silence lors de cette conférence. Celui-ci concerne non seulement la déclaration de la ‘’bande à Gnoumou », mais aussi l’action du directeur général de la Sofitex ainsi que le financement du pool bancaire de la campagne cotonnière, 48 heures après ladite déclaration. « 48 heures après la sortie de la bande à Gnoumou, c’est le directeur général de la Sofitex qui recevait un aval d’augmentation de l’enveloppe de financement par le pool bancaire de la campagne cotonnière au prétexte que le retour du coton conventionnel a permis de retrouver une bonne qualité, et donc, le vendre à un prix rémunérateur sur le marché international. Entre la bande à Gnoumou et le DG de la Sofitex en compagnie du pool bancaire qui dit la vérité ? », s’est questionné le collectif.
- Ali Tapsoba président de Terre A vie porte parole du CCAE
Par ailleurs, le collectif faisant le rappel de la conférence de presse des producteurs de coton membres de l’ODJ de 15 provinces de la région cotonnière de l’Ouest du Burkina attire l’attention, en substance, sur la pensée du porte-parole des paysans, « Adama Camara(…) accuse la mauvaise qualité des engrais contribuant à la baisse des rendements cette année ». Puis de faire constater que c’est la société AGRO PRO qui est pointée du doigt.
Ainsi, et se mettant aux antipodes de la déclaration du groupement de paysans (la bande à Gnoumou), le collectif argue que c’est plutôt à partir de 2008, avec la production du coton OGM que le coton burkinabè a perdu ‘’son label de qualité pour devenir un coton bas de gamme » qui se vendrait difficilement.
C’est de même par un autre constat fait en dehors des frontières nationales que le collectif se voudrait rassurant dans ses propos quant à la supériorité de la qualité du coton conventionnel sur le coton Bt (OGM). « Aujourd’hui, le Mali devance le Burkina Faso en production cotonnière de quelques dizaines de milliers de tonnes avec un rendement estimé à 1 003 Kg contre 987 Kg/ ha. Le coton Bt n’existe pas au Mali », a fait remarquer Ali Tapsoba. « D’où viennent alors ces arguties de récuser le coton conventionnel au profit du coton Bt ? », se questionne à nouveau le porte-parole. De cette interrogation, le collectif estime que c’est, « une pure manipulation de l’opinion nationale pour préparer encore la monopolisation de nos semences, de notre agriculture par les multinationales ».
« Se battre conformément aux moyens républicains »
« Si le cotonnier est toxique, c’est l’huile que nous consommons qui le sera également », a conclu Ali Tapsoba après avoir fait étalages et justifié de la nocivité de la toxine Bt pour l’organisme.
C’est donc en appelant à la conscience et à la responsabilité du gouvernement Kaba Thiéba, que le collectif a avoué vouloir se battre par tous les moyens possibles pour empêcher une pollution des écosystèmes, une détérioration de l’économie et une intoxication de la population. Pour ce faire, le collectif annonce toute une série d’actions passant par les mesures des plus conciliantes à des mesures les plus fortes : « Les jours à venir le CCAE va, s’entretenir sur la situation avec les autorités coutumières et religieuses (dont nous avons le soutien) ; rencontrer les parlementaires, des leaders politiques, et des chercheurs ; discuter avec les paysans, commerçants, transformatrices, élèves et étudiants ; et finalement faire un plaidoyer pour l’adoption du crime d’écocide dans le droit international », a informé le collectif.
Le collectif affirme somme toute, « se battre conformément aux moyens républicains pour empêcher toute pratique de culture génétiquement modifiée dans notre pays », a-t-il dit en informant par la même occasion de la tenue d’une marche internationale le 19 mai 2018.
Tambi Serge Pacôme Zongo(Stagiaire)
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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