En vue de mieux cerner la question de l’extrémisme violent, l’Union Européenne finance un projet de recherche initié par l’Institut de Recherche pour le Développement(IRD) et l’Institut des Sciences des Sociétés intitulé ‘’Etat des lieux des connaissances sur le religieux au Burkina Faso. Un atelier de lancement s’est tenu le 30 janvier à Ouagadougou.

Interroger la dynamique sociale en fonction des attentes et des problématiques de l’heure, voilà qui constitue une préoccupation pour les chercheurs en Sciences sociales. C’est dans cette optique que des chercheurs de l’IRD et de l’INSS ont entrepris une recherche sur la thématique de la pratique religieuse au Burkina Faso d’autant que pour les initiateurs, les analyses se basent le plus souvent sur des considérations empiriques. « Il s’agira de comprendre comment les différentes religions existant au Burkina Faso se comportent en vue de donner un éclairage sur la question religieuse et de mettre en exergue l’apport des sciences sociales » selon le Directeur de l’Institut des sciences des sociétés, l’anthropologue Ludovic Kibora.

La recherche est financée par l’Union Européenne qui de par son représentant Thierry Barbé, a justifié l’importance de l’initiative par la nécessité d’éclairer les lanternes du public sur les faits religieux en vue de battre en brèche un certain nombre d’idées reçues comme la tolérance religieuse. La recherche qui va durer neuf mois, a aussi un objectif pédagogique dans la mesure où elle va permettre de « mieux connaitre la contribution des religions pour faciliter la mise en œuvre des actions de développement. » selon la représentante de l’IRD au Burkina, Dominique Dumet. Elle est prévue pour se tenir dans dix villes reparties sur l’ensemble du territoire national.


Elle va s’atteler à faire l’historique de la rencontre entre adeptes de différentes confessions religieuses en vue de cerner l’expression de la pluralité et son évolution avec le temps. L’étude va s’intéresser à des notions telles que la mobilité religieuse, les mariages et les familles ‘interreligieux ainsi que leur évolution. A l’issue de cette recherche, des recommandations seront faites en vue se saisir d’une question qui parait anecdotique, poursuit le Directeur de L’ISS.Des chercheurs venus de la Cote d’Ivoire et du Mali ont apporté leur regard sur la question. Professeur à l’Université Alassane Dramane Ouattara de Bouaké, Guibléhon Bony a axé sa communication sur Kacou Philipe qui est considéré comme un radicaliste religieux et qui vient d’être condamné pour défiance à l’autorité de l’Etat. Une institution étatique qui, aux yeux de celui qui s’est autoproclamé ‘’prophète » ne trouve aucune grâce.


Quant au chercheur malien Naffet Kéita, il considère que les termes ‘’jihadisme » et ‘’extrémisme » véhiculés par les médias pour décrire la situation dans la bande sahélienne sont des termes exagérément usités car ne correspondant pas à la réalité vécue sur le terrain. Pour lui, la présence des groupes armés trouve son explication dans la faillite des différents Etats qui elle-même est la résultante des Programme d’Ajustements Structurels et des sécheresses des années 1970 et 1980 qu’ont connues les Etats sahéliens. La solution passe par la nécessité de procurer un service social au plus grand nombre de citoyens.

Soumana Loura

Lefaso.net

Source: LeFaso.net