Ses paroles résonnent bruyamment dans les tympans de ses interlocuteurs. Des paroles stridentes qui sifflent dans les oreilles des gouvernants à qui il ne fait aucun cadeau à chacune de ses sorties. Bassolma Bazié, le secrétaire général de la CGT-B, a les arguments, les exemples, la verve pour se faire entendre et porter les préoccupations de travailleurs ‘’ à qui de droit ». N’est-il pas trop exigeant et peu réaliste d’exiger encore et encore, et de ne presque jamais être d’accord ? L’homme nous a répondu, au cours d’une conférence de presse.
Le jeune journaliste qui demande à Bassolma Bazié ce 18 janvier 2018 à l’occasion d’une conférence de presse, s’il n’est pas trop radical, et inflexible dans ses positions, est en réalité un ancien élève de l’homme. Au lycée Diaba Lompo de Fada N’Gourma en classe de 6e, il est notre enseignant en Science de la vie et de la terre (SVT).
Dans ces années de braise (2000-2001), nous gardons toujours en souvenir, ce jeune professeur, toujours bien fourré en Jean et polo, ou chemise manche longue retroussée. Surtout ces jeunes professeurs qui étaient dans toutes les marches du collectif au plan local, qui n’hésitaient pas à ramasser des gaz lacrymogènes nouvellement lancés pour les renvoyer à l’envoyeur.
Plus de 15 ans après, nous rencontrons ‘’Monsieur » fréquemment quand le front social est en ébullition, nécessite entretiens, conférences de presse, marches-meeting, sit-in. L’élève devenu journaliste n’hésite pas à titiller, non sans plaisir, son enseignant.
Titulaire entre autres d’un DESS ès Sciences Environnementales, Option Technologie de l’Environnement (2006-2007) et d’un Master en Management des Relations de Travail (2011-2012), Bassolma Bazié est un bachelier autodidacte. Il a obtenu son premier diplôme universitaire en 1995.
Nos positions ne sont pas monnayables
C’est avec un sourire non dissimulé que Bassolma Bazié note la question, il a conscience des étiquettes qu’on lui colle souvent. Radical, jusqu’au ‘’boutiste », trop idéologue.
« Quand on a sur ses épaules la gestion d’une telle organisation qui doit prendre les préoccupations des travailleurs en compte et mener une lutte auprès de notre peuple, ce ne sont pas des questions d’émotions, de superficialité, ça ne saurait être des questions d’individus », entame-t-il.
Pour celui qui a été lauréat le 15 octobre 2002 à Paris en France, du Prix des meilleurs professeurs des disciplines scientifiques, les positions qu’il a « dans la défense ferme des acquis des travailleurs, de la liberté, de l’intégrité, de l’approfondissement de la démocratie dans notre pays (…) ne sont pas monnayables ».
Plus loin, il assène. « La flexibilité ou le radicalisme de Bazié Bassolma, ça dépend de qui les prononce. Mes militants quand ils me rencontrent, ils disent c’est bon, fonce. C’est eux que j’écoute. Je ne m’attends pas à ce que quelqu’un s’asseye sur un fauteuil législatif, ministériel, encore moins présidentiel pour dire que Bazié Bassolma est bon. Dans quel sens, par ce que je trahis les travailleurs ? ». Pour lui donc, il faut commencer à se remettre en cause, quand dans le cadre de la lutte ou tout simplement dans la vie, certaines personnes commencent à te féliciter.
Il affirme donc être redevable à ceux qui l’ont mandaté, avant toute autre personne. « Si nous renoncions à la mission qui nous a été confiée par peur, ou parce qu’on a jeté un clin d’œil à quelque part parce qu’il y a à manger, l’histoire va retenir et nous juger ».
Sans le dire ouvertement, il concède que ses positions sont souvent dures, mais cela est dû, à l’en croire, à la qualité des acteurs du dialogue social. Si les intérêts des travailleurs sont pris en compte, si les propositions des interlocuteurs confortent celles des travailleurs, sont empreintes de dignité, d’intégrité, approfondissent la démocratie, alors en ce moment, « Bassolma sera flexible et malléable ».
Par contre, s’il s’agit de faire de la mangeaille, « Bassolma ne sera pas flexible, ça je vous préviens », entonne-t-il comme conclusion.
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Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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