Bravo aux Forces de défense et de sécurité. A en croire un communiqué ventilé dans les médias, les fêtes de fin d’année n’ont pas été du tout de repos pour les hommes en armes. Ils auraient ainsi déjoué plusieurs attentats au Nord du pays, pour ainsi permettre aux Burkinabè de passer les fêtes en toute quiétude. De bons points, mais qui n’excluent pas le droit aux questionnements.

La fin de l’année 2017 a été particulièrement rude pour le Groupement des forces armées antiterroristes (GFAT), affecté dans le septentrion burkinabè dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Pour rappel, le GFAT est une unité opérationnelle interarmées. Il est composé d’éléments de la première région militaire, d’éléments du 25ème Régiment de Parachutiste Commando de Bobo-Dioulasso et de quelques éléments des autres régions militaires.

Il a été créé par décret présidentiel le 30 novembre 2012 avec pour entre autres missions de renseigner sur toute présence ou activité terroriste ou criminelle sur le sol burkinabè, de protéger la frontière, les populations et les installations sensibles contre toute menace terroriste.

La fin de l’année 2017 a été intense pour l’unité qui, « avec l’appui de l’armée de l’air, des unités de Gendarmerie et de la Police », a procédé à des interpellations d’ « individus suspectés d’être en lien avec les groupes armés extrémistes et violents qui sévissent dans les provinces du Nord du Burkina ».

Le communiqué signé de la direction de la communication et des relations publiques des armées précise que ce sont environ 200 individus qui ont été interpellés. « Après vérification de leur identité dans le strict respect des lois internationales et nationales, 33 individus ont été transférés aux unités de police ou de gendarmerie pour les besoins d’investigation pendant que les autres ont été libérés ».

Et ce n’est pas tout. En procédant à des fouilles, les fins limiers ont découvert des zones de refuge et des camps d’entrainement, tous détruits, non sans avoir récupéré armes, munitions, matériel de fabrication d’engins explosifs, du tramadol (cette drogue des pauvres) et des faux documents.

En outre, pour ajouter à la bonne nouvelle, les langues des populations locales commencent à se délier. Dans plusieurs publications nous l’avons relevé, la lutte contre le terrorisme ne saurait prospérer si les populations locales, premières sources de renseignements ne collaborent pas. Là aussi, le communiqué félicite « la collaboration de plus en plus accrue des populations », tout en les exhortant à poursuivre cet élan.

L’autre front, celle de la communication


Voici un communiqué qui a ravi bien de Burkinabè, soif de bonnes nouvelles du Nord. Nos hommes ont subi plusieurs pertes dans les sables chauds du Sahel, et si les résultats commencent à poindre, on ne peut que s’en féliciter. On croit à la sincérité du communiqué, même s’il est difficile de le vérifier en tant que journaliste. Le risque d’être traité de paria est élevé pour celui qui ose naviguer à contre-courant de la nouvelle. L’armée à travers sa direction de la communication, sait mieux que quiconque que la guerre contre le terrorisme se mène aussi sur le front de la communication.

Les événements ont bien obligé la grande muette à sortir de son mutisme longtemps entretenu.

Il faut rassurer le public, sinon c’est l’adversaire qui occupe le terrain. Cela frise souvent la propagande, mais, ça passe, puisque c’est fait au nom de la nation. Mais, en ces moments, il faut bien que « le 4e pouvoir garde l’esprit en veille », pour aussi le bien de tous. Un communiqué même rassurant, ne peut remplacer le témoignage d’un professionnel de la plume qui fait immersion sur le terrain pour rapporter ce qu’il a vu et entendu. Bien sûr, en collaboration avec les Forces de défense et de sécurité.

« Le devoir d’informer impose de respecter une distance critique par rapport aux réactions de l’opinion, aux déclarations et actions des autorités et autres acteurs de l’information, que ce soient au niveau des partis politiques d’opposition ou des associations et personnalités impliquées dans ces débats. Certes, pareille approche est difficile dans la mesure où « les médias risquent d’être accusés par le public et par les autorités de déloyauté par rapport à la menace commune », peut-on lire dans « les médias face au terrorisme », un manuel de journalisme publié par l’Unesco en 2017.

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net