Quand le soir venu, les garagistes classiques ferment boutique, il en est qui entreprennent d’assurer une sorte de « service minimum ». Avec des fortunes diverses. Reportage…

Cela fera bientôt cinq ans que Urbain Akouabou assure le service de mécanicien la nuit sur l’Avenue des Arts qui jouxte le marché de Zogona. « Je fais ce travail parce que je l’aime et pas que la nuit puisque je travaille aussi le jour » confie celui qui estime gagner entre 5000 et 10 000F la nuit et qui occupe son temps à écouter la radio entre deux clients.

A quelques centaines de mètres de là, à un carrefour en face de l’immeuble abritant le Centre National de Lutte contre le Sida (CNLS/IST), exerce Bargo Issa. La cinquantaine bien sonnée, il finit après une longue introspection par se rappeler que ses débuts remontent à 2005. A la question sur son choix du métier de mécanicien à temps partiel, il se plaint : « Je manque de quoi mettre sur pied un garage en bonne et due forme, alors je me débrouille comme ça ».

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L’outillage de ces mécaniciens est sommaire. « Je n’ai pas les moyens d’installer un garage en bonne et due forme » déplore Issa

La journée, il dit la consacrer à l’élevage. Qu’il n’habite plus dans le quartier depuis les inondations de septembre 2009, lui importe peu. « J’ai été relogé à Yagma mais je tiens à toujours exercer ici parce que je me suis fait une clientèle que je tiens à ne pas perdre et cela me prendrait beaucoup de temps pour me faire une autre là où j’habite si d’aventure je décidais d’exercer là-bas » analyse -t-il.

Malentendus inutiles

Le « service minimum » qu’assure Bargo Issa est, à ses dires, quasiment non- stop. « J’apporte ma moustiquaire sous laquelle je dors s’il fait tard et les clients savent qu’ils peuvent me réveiller chaque fois que de besoin… »

Avec certains clients par contre, les relations ne sont pas toujours aussi idylliques concède- t-il : « Il y en a qui, faute d’argent pour payer le service, nous remettent leurs cartes ou leurs passeports …et qui ne reviennent pas les chercher ». « D’autres déplore-t-il, m’accusent d’avoir enlevé telle ou telle pièce de leur moto pour la revendre ; ce qui crée des malentendus inutiles ». Les malentendus avec les clients s’expliquent aussi par le fait que les aptitudes techniques de ces mécaniciens semblent limitées. D’où les plaintes de ce client qui participe même à la réparation de sa moto : « Et si tu rinçais la bougie ! », « Je t’avais pourtant prévenu que ça ne marcherait pas ! » objecte-t-il de temps à autre.

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Urbain lui assure gagner entre 5000 et 10 000F par jour

Toutefois à l’instar de Yannick qui vient de faire huiler la chaine de sa moto, ils sont nombreux à trouver leur compte dans ces garages de fortune. C’est donc tout réjoui qu’il explique son soulagement : « Je ne suis pas sorti de toute la journée et comme il a plu, la chaine me faisait des misères. Je vous laisse imaginer ce qui serait advenu s’ils [les mécaniciens] n’étaient pas là, avec l’insécurité qui prévaut actuellement. Convenez que je serais à la merci des malfaiteurs de tout genre ». Pendant que nous nous apprêtions à prendre congé de nos interlocuteurs, certains en étaient encore à déballer leur outillage. Preuve que le métier de mécanicien (de nuit) n’est pas qu’une voie de garage.

Soumana A. Loura (Stagiaire)

Lefaso.net

Source: LeFaso.net