Pour commémorer le deuxième anniversaire du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015, une conférence publique a été organisée le 16 septembre 2017. « Quels enseignements tirer de la résistance pour la consolidation de l’Etat de droit au Burkina Faso ? », s’est sur ce thème que les panélistes se sont entretenus avec le public. La conférence était sous le parrainage du Haut représentant du chef de l’Etat, Chériff Moumina Sy, président du Conseil national de la transition (CNT) au moment du putsch.

Cela fait deux ans que des militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) avaient pris en otage le président, Michel Kafando, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida et certains membres du gouvernement de la transition. Ce coup de force avait freiné le processus politique de l’époque en cours. Les Burkinabè, dans leur majorité, avaient alors rejeté ce coup d’Etat et organisé des manifestations dans l’ensemble du pays. Des pertes en vies humaines ont été enregistrées, des blessés, des dégâts matériels avaient également été consignés. Le RSP lui a été dissout dans la foulée de l’échec de cette tentative de prendre le pouvoir par la force.

Beaucoup d’enseignements à tirer


Deux ans après ces évènements, quels enseignements peuvent être tirés ? Pour répondre à cette interrogation des panélistes se sont longuement entretenus avec un public qui n’a pas marchandé son déplacement au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC). Le modérateur, Harouna Kaboré, président du Burkina International, avait à ses côtés Pr Séni Ouédraogo, enseigneur-chercheur à l’Université de Ouagadougou, Boureima Ouédraogo, président de la Société des éditeurs de la presse privée (SEP) et Me Batibié Batis Benao, président de la Commission d’enquête sur l’insurrection et le putsch.


Pendant plus de deux horloges, ils ont tiré les enseignements de la résistance contre le coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015. « Il est ressorti des différentes communications qu’il y a beaucoup d’enseignements à tirer deux ans après le Putsch. L’un des enseignements phares est que le peuple burkinabè a des convictions ancrées dans la démocratie et l’Etat de droit de telle sorte qu’il s’est mobilisé comme un seul homme pour faire face au coup d’Etat et le mettre en échec. Il s’agit maintenant de voir comment à l’avenir il faut continuer à inculquer au peuple burkinabè ces valeurs d’attachement à l’Etat de droit et à la démocratie », a indiqué Me Benao.

Eviter que l’histoire se répète


Les conférenciers ont également demandé que les comportements politiques à risque soient bannis des habitudes. « Dans le même temps, il faut, dans les visions programmatiques de la société, que les comportements politiques qui ont amené ces genres de situation soient combattus. Pour cela, il faut se battre pour le principe et continuer la veille citoyenne pour éviter qu’on retourne à ce pourquoi les gens sont morts », a ajouté l’avocat.


Sur le plan judiciaire, des enseignements ont également été tirés. Il s’agit de la déception des résistants consécutive à la lenteur de la justice. « A propos de la Justice, un des enseignements à noter est qu’il y a comme une déception par rapport à la gestion judiciaire du dossier qu’on considère comme ayant été anormalement longue d’une part et d’autre part avec des incidents et des péripéties qui ont été vécus de part et d’autres et qui ont amené les gens à douter de la volonté réelle d’avancer véritablement dans le dossier et de faire en sorte que chacun soit situé sur son sort », ont fait relever les panélistes. Pour cela, ils ont appelé les acteurs chargés du dossier à presser le pas et à faire en sorte « que dans le respect des règles de droit, que chacun puisse faire prévaloir ses prétentions devant le juge et qu’il dise si ses prétentions sont bien ou mal fondées ».

Jacques Théodore Balima

Lefaso.net

Source: LeFaso.net