En séjour au Burkina, les 10 et 11 septembre, où il a présenté ses condoléances aux autorités suite aux attaques terroristes dont le pays a été victime le 13 Aout 2017 et au décès du Président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, Georges Weah, candidat à la présidentielle libérienne du 10 octobre prochain, a eu des entretiens avec des amis présents à Ouagadougou. Au terme de ses deux jours de visite, il a bien voulu répondre à nos questions. Politique nationale libérienne, ses chances à la prochaine présidentielle, et la décision de la FIFA de faire rejouer le match Afrique du sud-Sénégal en éliminatoires du Mondial 2018, il y répond sans détour.

Lefaso.net : Quel est l’objet de votre présence à Ouagadougou ?



Georges Weah : Le Burkina a récemment été touché par des attaques terroristes et le décès du président de l’Assemblée nationale. J’ai des amis Burkinabè qui sont aussi membres du parlement de la CEDEAO. Je suis donc venu présenter mes condoléances à tout le peuple burkinabè et à mes amis. J’ai pu rencontrer son excellence le président du Faso à qui j’ai présenté mes condoléances et mes encouragements à continuer à se battre.

Vous êtes candidat à la prochaine élection présidentielle dans votre pays, le Libéria. Est-ce que vous avez aussi demandé un soutien des autorités du Burkina Faso ?

Nous faisons une tournée dans la sous-région pour demander le soutien des autorités pour réussir cette élection très importante pour le Libéria. Pour nous, il faut garantir les conditions d’une élection démocratique qui va respecter le choix du peuple. Nous croyons donc que tous les pays amis ou les institutions régionales peuvent envoyer des observateurs pour cette élection. Le Libéria est très important pour la sous-région et en tant que membre du parlement de la CEDEAO, il est important pour moi d’aller vers les responsables de la CEDEAO pour demander qu’ils supervisent les élections.

Après deux tentatives infructueuses, vous êtes encore candidat cette année. Est-ce que vous avez plus de chances cette fois-ci ?

Nous sommes le parti du peuple. Pour cela on a toujours la chance. Après douze ans d’existence, notre formation est toujours solide. Des élections ont eu lieu, nous n’avons pas été élu mais nous sommes resté présent sur la scène politique nationale. Nous sommes maintenant solide et je pense que c’est maintenant notre tour de venir au pouvoir. S’il plaît à Dieu, ce sera ainsi parce que le peuple est maintenant décidé à prendre le pouvoir.

Après la présidente Ellen John Searlif, vous aurez comme challenger l’actuel vice-président Joseph Boakai…

Je ne pense pas que je l’aurai comme challenger. Je crois plutôt, qu’après douze ans comme vice-président son mandat est terminé. Le peuple veut le changement. Donc il ne peut pas rester. La présidente lui a donné l’occasion en douze ans d’être président du Sénat puis vice-président. Maintenant qu’elle s’en va, il va partir avec elle. Il ne sera pas élu. Car le 10 octobre prochain, le peuple va sortir pour voter le fils du Libéria, le sénateur Georges Mana Weah.

Quelles sont aujourd’hui vos forces ?

Je ne suis pas populaire parce que simplement j’ai été joueur. Mais parce que j’ai aussi aidé mon pays pendant la guerre. Beaucoup de Libériens sont aujourd’hui contents de moi pour ce que j’ai fait. Pendant longtemps j’ai été le drapeau du Libéria à l’extérieur.

A nos meetings, ce sont des milliers de gens qui viennent. C’est parce que j’ai fait assez de choses qui les ont convaincus. C’est pourquoi ils me soutiennent et vont me voter.

Quelle sera votre stratégie cette fois-ci ?

Les élections de 2005 n’étaient pas bien organisées. Malgré tout, nous avons œuvré à sauvegarder la paix. Mais en 2014, nous avons été élu sénateur avec 78% des voix.

Lors des élections passées, nous n’avions pas pris certaines mesures pour assurer la transparence des votes. Mais cette fois, nous serons très vigilants, nous allons prendre toutes les mesures pour sécuriser nos votes. Nous avons même innové pour notre campagne. Ce qu’on n’avait pas fait en 2005 et 2011.

Comme quoi ?

En termes de logistique, nous en avons assez pour cette élection. Nous avons aussi renforcé notre formation. Nous étions déjà un grand parti mais nous avons fait la coalition avec d’autres formations politiques. On n’en avait pas fait de par le passé. Cette coalition, je peux le dire, est même forte que la majorité au pouvoir. Cela est dû à une maturité que nous avons acquise en politique. Aujourd’hui j’ai 50 ans mais lorsque je commençais en politique j’en avais peut-être 39. J’ai maintenant beaucoup d’expérience en politique.

Vos détracteurs estiment que vous n’avez pas le niveau intellectuel pour diriger le Libéria…


Ce n’est pas un argument. Pour avoir du leadership, il ne suffit pas simplement d’aller à l’école. Il faut aussi pouvoir aider quelqu’un à grandir. Cet argument ne tient pas la route. Je suis un grand leader. J’ai pu gérer un parti pendant douze ans. Je fais des choses qu’ils ne peuvent pas faire. Pendant ma carrière de footballeur, j’étais mon propre manager. J’ai géré plusieurs millions de dollars. Si je n’étais pas un leader, si je n’étais pas capable, je n’allais pas dominer la politique libérienne actuellement. C’est parce que j’ai quelque chose dans le cerveau.

Que proposez-vous à vos compatriotes comme programme politique ?

J’ai déjà fait mes preuves. Les Libériens savent ce dont je suis capable. J’ai créé un fonds pour la scolarisation des enfants, j’ai construit des marchés pour les femmes, des toilettes et des écoles dans des quartiers au Libéria. Je faisais déjà ça avant même de venir en politique. Et je crois que les populations apprécient mes actions.

Comment jugez-vous le bilan de la présidente Searlif ?

Elle a fait ce qu’elle pouvait. Elle a fini ses deux mandats. Nous devons continuer à vivre. Nous avons la responsabilité de faire ce qu’elle n’a pas fait. Tout n’est pas parfait dans la vie mais le changement offre l’occasion de faire des choses biens. C’est pourquoi nous cherchons le changement.

Concrètement qu’est-ce qui vous a satisfait pendant les mandats de la présidente Searlif ?

Il y a aujourd’hui la paix, la stabilité au Libéria. Elle m’a nommé ambassadeur de la paix au Libéria. C’était une bonne décision. Parce que sans la paix, elle ne pouvait pas travailler.

Si vous êtes élu au soir du 10 octobre, quel sera votre premier décret ?

Il y a beaucoup de priorités au Libéria. Mais nous recherchons l’union. Nous allons travailler à maintenir le pays dans la paix et la stabilité. C’est pour cela je ferai un gouvernement d’union nationale afin de donner la chance aux Libériens de travailler avec ce gouvernement. Avec cette paix nationale, nous pourrons mettre en place les politiques de santé, d’éducation et autres. Notre objectif n’est pas « un gagne et tout le monde perd ». Si je gagne, nous allons tous travailler ensemble pour développer ce pays.

Football pour finir. Quel commentaire faites-vous de la décision de la FIFA de faire rejouer le match Afrique du Sud-Sénégal en éliminatoires du Mondial 2018 ?

Il existe des règles dans le football. Si ces règles ne sont pas respectées, je crois que le mieux est de réparer. S’il faut rejouer le match parce qu’il y a eu un problème, je pense que c’est mieux de le faire pour donner la même chance à tous. C’est comme en politique et surtout au Kenya. Si un candidat aux élections se plaint de fraudes et que cela est avéré. Il faut reprendre les élections. C’est pour quoi je trouve que la Cour suprême kényane a pris une bonne décision. Pour le match, s’il a été entaché d’irrégularités, il faut rejouer le match pour faire justice.

Mais on a comme l’impression que la décision vise à donner plus d’avantages au Sénégal…

Nous parlons du football. Tout le monde a des avantages. Comme un biscuit que tu veux casser en deux parts égales et que finalement que tu te retrouves avec six morceaux. C’est le football et rien n’est acquis d’avance. Peut-être que le gagnant d’avant peut perdre ou il peut encore gagner. Mais le plus important à mon avis, il faut toujours chercher une solution quand il y a un problème. Je pense que c’est la solution que la FIFA a trouvée afin que les choses aillent mieux.

Propos recueillis par Jacques Théodore Balima

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Source: LeFaso.net