Jeudi, 7 avril 2016 au siège du Front des Forces Sociales (FFS) à Ouagadougou, naissait officiellement l’Alliance des partis et formations politiques de la majorité présidentielle (APMP). Forte de 26 partis et formations politiques, cette coalition s’est donné pour mission d’« assurer le succès du programme du Chef de l’Etat pour le bonheur du vaillant peuple burkinabè ».
Salifou Diallo, président par intérim, puis président du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, parti au pouvoir), était le président de cette « force » politique de soutien au pouvoir Roch Kaboré. Mais, des grincements de dents se sont vite fais sentir dans les rangs. « En réalité, ce n’est pas ce qu’on croyait ; les gens (parti au pouvoir, ndlr) ne veulent pas respecter les termes de l’accord », avaient dénoncé dès juin 2016, certaines voix de l’Alliance. Est-ce cela qui a fait traîner la finalisation des textes de cette organisation ? Ce qui est sûr, il y avait impatience à la finalisation des textes fondateurs de l’APMP (c’est-à-dire la convention qui lie les 26 partis et formations politiques). La frustration devenait encore grande, ces alliés se référaient à ceux d’en-face … « La CODER (une coalition de partis de l’opposition, ndlr) a été créée en octobre (2016, ndlr), mais avec des textes fondateurs et une feuille de route bien clairs… », compare un responsable politique.
Le 14 janvier 2017, à la faveur de la présentation de vœux des partis membres de cette Alliance (APMP) à leur président, le vœu politique le plus exprimé a été celui de voir « achevés les textes fondateurs ». Le porte-parole des partis membres de l’APMP, Philippe Ouédraogo (président de PDS/METBA) avait dévoilé : « l’année (2016) a vu une première tentative d’organisation en vue de la formalisation de notre groupe, tentative malheureusement inachevée », avant de souhaiter, quelques lignes après, que cette organisation « soit achevée » en 2017.
En réaction à la préoccupation, le premier responsable, Salifou Diallo avait pris l’engagement de « concrétiser la Convention » dès le premier trimestre de 2017. Puis, son vœu que 2017 « soit pour l’APMP, une année patriotique, une année où nous allons dépasser nos clivages politiques au sein de la majorité pour le même but, c’est-à-dire réaliser avec brillance ce pour quoi l’alliance a été mise en place. (…). L’APMP est un regroupement politique de combat et non un regroupement de partage de dividendes ». De quoi expliquer aisément la situation que traversait cette famille politique.
Huit mois après ces échanges publics sur cette préoccupation interne, quelle est la situation au sein de l’APMP, et quel peut être son avenir ?
« La Convention a été signée. Salif Diallo l’a signée au nom de son parti, le MPP », apprend-on de sources internes à l’APMP. Selon les mêmes interlocuteurs, la concrétisation des textes fondateurs a eu lieu le jeudi, 22 juin 2017. « Ouf ! » de soulagement ? Certes, exprime-t-on, mais il n’en demeure pas moins que la disparition de son président inspire des craintes à certains leaders membres de l’Alliance.
« Il ne faut surtout pas que des gens profitent de la situation pour faire du chantage politique ; parce qu’il est clair que pour certains, la fin justifie les moyens », s’inquiète un responsable politique de l’Alliance.
Cette autre source ne perçoit pas en la signature effective de la Convention, un acquis. « Les accords ne valent que si ceux qui sont chargés de les mettre en exécution sont de bonne foi. Sinon, ce sont de simples paperasses déposées », tranche-t-elle.
Pour certains observateurs neutres, l’avenir de l’APMP va aussi dépendre de l’Assemblée nationale. C’est-à-dire des péripéties autour de la désignation du nouveau président, successeur de Salifou Diallo au perchoir de la VIIème Législature.
« C’est une question de survie pour chacun des partis membres. Donc, il faut que ça marche, on n’a pas le choix », exprime une autre voix du côté de l’APMP pour qui, la bonne continuation de cette coalition n’est pas une option pour ses membres ; c’est un impératif.
En tous les cas, l’on finit par méditer avec ce député du MPP qui est persuadé qu’avec la « disparition brutale » de Salifou Diallo, « les choses ne seront pas simples… Les gens ne se rendent pas compte, mais ce n’est pas du jeu ».
Du coup, la situation actuelle soulève implicitement une autre inquiétude : avec ce regain politique, quelle part d’énergie sera désormais consacrée aux vraies questions et actions de développement ? Surtout lorsqu’on sait que les préparatifs des prochaines joutes électorales, 2020, se faisaient déjà sentir !
Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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