De mauvaises conditions de vie, de travail et de gestion des ressources allouées au ministère des infrastructures, une politisation de l’administration, le manque de transparence dans la gestion des marchés publics. C’est ce que dénonce, entre autres, le syndicat des travailleurs des travaux publics, du bâtiment, de l’hydraulique et assimilés (SYTTPBHA). Les militants ont observé un sit-in ce lundi 3 juillet, pour réclamer de nouveau, la satisfaction de leur plateforme revendicative. Il s’agit notamment de l’opérationnalisation et de la consolidation du panier commun au profit de tous les travailleurs dudit ministère.
L’harmonisation et l’opérationnalisation sans délai du système de motivation des agents du ministère, en l’occurrence le panier de fond commun, est le premier point de la plateforme revendicative du syndicat qui s’articule autour de 11 préoccupations. A en croire M’Bi Yaméogo, Secrétaire général de la coordination des sous-sections du SYTTPBHA, des résolutions ont pourtant été prises après les différentes négociations à ce sujet. « Un arrêté qui octroie un certain nombre d’avantages a été pris (…) mais curieusement, à la dernière minute, certains DG ont refusé de mettre en pratique cet arrêté. Nous avons alors compris que le ministre est soit complice de cette situation ou qu’il est impuissant » a-t-il lancé.
- SG du ministère des infrastructures, Paul Yaogho
Cependant, aux dires du SG du ministère, Paul Yaogho, les négociations se poursuivent entre les différentes parties afin que : « ce panier commun puisse bénéficier à tout le monde ». « Nous sommes en train d’échanger avec le personnel. Nous sommes toujours dans cette démarche, nous n’avons pas encore fini. On ne peut pas à mi-chemin, tirer une conclusion tant que le processus est engagé » a-t-il soutenu. Et Vincent Dabiré, directeur général des infrastructures routières de poursuivre qu’un comité a mis en place en vue de déterminer « dans le cadre de certains marchés, ce qui pouvait être trouvé pour alimenter ce panier commun au profit des agents du ministère en lieu et place des directions qui sont bénéficiaires ».
« Il n’y a rien qui nous bloque »
- M’Bi Yaméogo, Secrétaire général de la coordination des sous-sections du SYTTPBHA
Le SYTTPBHA déplore également une mauvaise gestion du programme « 1000 km de pistes rurales » dont le fonctionnement est assuré par les reversements des entreprises. « Si les entreprises font un retard sur le terrain, cela bloque les sorties. Il y a aussi le fait que les entreprises peuvent délibérément décider ne pas reverser ces fonds. Il y a une mauvaise gestion et il faut que l’Etat s’assume. Le programme est déjà un échec » a indiqué, M’Bi Yaméogo, précisant que le syndicat exige que des unités de gestion des projets soient créées au sein du ministère.
Oumarou Bassavé, directeur général des pistes rurales pour sa part, confie que si le programme qui devait démarrer en 2016 a réellement débuté le 23 janvier 2017, il ne peut être remis en cause. « Aujourd’hui, nous disons que ce programme ne peut pas être remis en cause, puisque nous avons commencé avec 1375 kilomètres attribués à 43 entreprises qui sont toutes sur le terrain en train d’exécuter le programme. Après ces 1375 km, nous sommes en train d’attribuer 400 km. Ce qui fera au total 1800 km à exécuter dans la phase 1, 2016-2017 » a-t-il signifié.
Puis d’ajouter qu’il est question d’un programme qui se chevauche d’une année à une autre, en tenant compte de l’année budgétaire. « Puisque nous sommes en saison des pluies, nous serons obligés de faire une suspension parce qu’on ne peut pas faire certaines tâches pendant cette saison. En 2017, nous allons exécuter les 1800 km (…). Il n’y a pratiquement rien qui nous bloque pour l’exécution de ce projet ».
Au sujet des reversements, le directeur des pistes rurales a souligné que les documents précisent que ceux-ci doivent être faits normalement avant le démarrage des travaux. Mais, dit –il, pour une question de souplesse et à la demande des entreprises, le ministre a bien voulu permettre aux entreprises de ne pas procéder comme ce qui est dit dans les documents, parce qu’il y a eu des périodes où les entrepreneurs n’ont pas travaillé, mais qu’ils aillent au moins deux ou trois fois pour faire les reversements définitifs. « Là également, il y en a qui ont fini. Et ce sont ces reversements que nous utilisons pour faire le suivi, le contrôle des chantiers…. » a-t-il déclaré.
Les militants du SYTTPBHA ont en outre dénoncé l’affectation de véhicules du ministère, utilisés dans le cadre des travaux de l’échangeur du Nord. ‘’ Avant que le travail ne soit achevé, 3 véhicules ont été affectés, dont un au niveau du secrétariat du gouvernement du conseil des ministres, un à la présidence et un autre à Gaoua pour le gouverneur et pendant ce temps, nos services sont démunis. Nous leur demandons de restituer les véhicules, le ministère n’est pas le parc automobile de l’Etat » a-t-il dit.
Du côté de l’administration, on souligne qu’aucune direction générale n’a eu à se plaindre d’un problème de véhicules. « Tout ça rentre dans le fonctionnement de l’Etat. Ce n’est pas un crime en soi qu’on prenne un véhicule d’un ministère pour le donner à un autre .S’il y avait des plaintes à ce niveau, on peut comprendre. Nous ne voyons pas pourquoi on ne peut pas appuyer une structure de l’Etat, ce n’est pas un privé » a indiqué le directeur des Affaires financières, Evariste Diasso.
Quant au manque de transparence dans la gestion des marchés publics dénoncé par le syndicat, le SG du ministère, Paul Yaogho martèle : « Nous travaillons sur la base des procédures. S’il y a une entreprise qui se sent lésée, elle a le droit de passer par la loi, de se Plaindre auprès de l’ARCOP pour être entendue ».
Au-delà des revendications, le syndicat soutient qu’il existe une crise de confiance entre le ministre et ses agents. « Le ministre estime qu’il est victime d’un complot ourdi par ses camarades politiques et nous, on ne rentre pas dans ce débat inutile. Plutôt le ministre partira, mieux vaudra pour tout le monde » a-t-il conclu.
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Nicole Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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