La ville de Ouagadougou enregistre de multiples luttes des populations pour la prise en compte de leurs préoccupations relatives aux attributions problématiques de parcelles, aux déguerpissements et/ou menaces de déguerpissements sauvages. Il en est ainsi de la lutte des personnes affectées par la construction de l’échangeur du Nord et de celle des populations de Tabtinga dans l’arrondissement 10.
De la lutte des personnes affectées par la construction de l’échangeur du Nord
En rappel, dans le cadre du projet de construction de l’échangeur du Nord de Ouagadougou, il a été retenu de façon unilatérale et méprisante la somme de 300 f CFA le m2 exploité pour la production des légumes en guise de dédommagement des maraichers. Cette somme, non seulement ne compense aucunement les pertes de production, mais également son acceptation entraine définitivement la perte de l’outil de production, que sont les terres des maraichers.
Condamnés ainsi à une mort certaine, les maraichers opposent naturellement une résistance. Leur instinct de survie les a amenés à s’organiser au sein des CDAIP de Sig-Nonghin pour revendiquer un minimum de conditions vitales avant toute opération de déguerpissement à travers leur plate-forme synthétisée comme suit :
dédommagement conséquent pour perte de production et des biens notamment les puits et les arbres cela avant déguerpissement ;
bitumage des voies de déviation et aménagement d’un terrain de sport pour les établissements d’enseignement et les jeunes qui ont vu leur terrain « MIRAMAR » transformé en voie.
dédommagement et réinstallation des petits commerçants, avec l’appui de la mairie avec l’implication de tous les acteurs dans un comité de suivi de la mise en œuvre de la juste indemnisation et de la réinstallation.
Au lieu de se pencher avec le sérieux requis sur cette plate-forme afin de trouver une solution juste et responsable pour les maraichers, le bureau d’étude AGEIM et l’entreprise SOGEA-SATOM, avec la complicité des autorités communales et étatiques ont usé de manœuvres sordides afin de briser la lutte : tentatives de corruption, menaces, intimidations multiformes… Pourtant, depuis l’annonce de cette modalité de dédommagement le 12 janvier 2016 lors d’une rencontre à la mairie de l’arrondissement N°3, les maraichers ont clairement marqué leur refus.
Face à l’échec de toutes ces manœuvres, le 06 avril 2017, l’entreprise SOGEA- SATOM et le bureau d’étude avec la bénédiction du Ministère des infrastructures opèrent un passage en force en détruisant par des tracteurs les planches de légumes. S’organisant pour résister à la destruction de leur outil, les maraichers se sont vu confronter aux forces de sécurité lourdement armées.
De la lutte des populations à Tabtinga
Les populations de la zone non lotie de Tabtinga du secteur 45 dans l’arrondissement 10 font l’objet de menaces et de tentatives de déguerpissement dont l’auteur n’est autre qu’un certain Soré Boukaré.
Il faut rappeler que ces populations se sont installées sur les lieux depuis les années 1998 bien avant le recensement intervenu en 2003. Lors du recensement les résidents ont même payé la somme de 50000F et les non-résidents 100000F à la mairie de Bogodogo. C’est finalement le plan de lotissement qui révèlera la zone comme étant une réserve foncière. Il est de coutume que les populations qui vivent sur les réserves administratives et les voies soient attributaires de parcelles avant leur déguerpissement.
Contre toute attente, Monsieur SORE surgit en 2014, muni d’une attestation d’attribution, pour revendiquer la propriété d’une partie de la zone sur laquelle vivent les populations depuis 1998 et exige depuis lors, leur déguerpissement sans préalable !
Il usera vainement de toutes sortes de manœuvres allant des tentatives de corruption à l’usage de son arme à feu contre les populations, pour parvenir à ses fins.
Monsieur SORE finira par trouver une force alliée, la Justice qui va lui délivrer une ordonnance en référé pour chasser les populations de la zone querellée.
Encore une fois, on voit la justice à l’œuvre : prompte à trouver des raccourcis pour sauver, libérer ou renforcer les puissants et les riches, elle se montre par contre plus lente que le caméléon quand il s’agit des dossiers mettant en cause ces derniers, faisant ainsi la promotion de l’impunité. En effet, par deux fois, monsieur SORE a usé de son arme sans succès contre les populations qui, en réaction, l’ont désarmé et porté plainte à la gendarmerie de Bendogo où l’arme a été remise. Jusqu’aujourd’hui, cette affaire qui a mis la vie des populations en danger n’a pas encore été élucidée !
Les cas ci-dessus évoqués ne constituent pas les seuls foyers de litige foncier et de déguerpissement dans la ville ; on note malheureusement d’autres situations comme la menace de déguerpissement des populations des zones non loties de Zagtouli, l’imposition de construction d’une cité aux populations de Yagma et de Bendatoèga, la lutte sur la question foncière à Naboudin dans l’arrondissement 06, les luttes des populations de Nagrin dans l’arrondissement 07, de Garghin, ainsi que celles des riverains du pont Anna Yélé dans l’arrondissement 10, etc.
Toutes ces luttes traduisent l’échec des politiques hasardeuses en matière d’urbanisation de la ville mises en œuvre depuis l’ère Compaoré dont les architectes chevronnés sont actuellement au pouvoir. C’est pourquoi, ces problèmes qui constituent des préoccupations majeures de nos populations ne pourront trouver de justes solutions sans une réelle mobilisation des populations sur des bases correctes. En effet l’incapacité du pouvoir MPP à résoudre ces problèmes de lui-même est manifeste. En témoigne le sort réservé aux enquêtes parlementaires menées avec tintamarre par le pouvoir MPP sur le foncier.
Face à cette situation, la Coordination des CCVC de la ville de Ouagadougou :
dénonce les déguerpissements et les tentatives de déguerpissement des populations sans une juste et préalable indemnisation et/ou réinstallation ;
interpelle les autorités étatiques à trouver des solutions appropriées et diligentes aux différentes préoccupations desdites populations ;
encourage et soutient les luttes engagées par les populations dans les différentes localités de la ville ;
appelle les populations à s’organiser davantage au sein des CCVC, de la Coalition des Associations pour la Défense du Droit au Logement (CADDL) et des Comités de Défense et d’approfondissement des Acquis de l’Insurrection Populaire (CDAIP) dans un élan unitaire.
Non aux brimades du peuple !
Vive la lutte des populations de la ville de Ouagadougou !
Pain et Liberté pour le Peuple !
Ouagadougou le 25 avril 2017.
Ont signé pour :
CCVC/Baskuy. CCVC/Bogodogo. CCVC/Boulmiougou.
Jean de Dieu OUEDRAOGO. Frédéric D.MANDI. Dominique YAMEOGO.
CCVC/Nongremassom. CCVC/Signoghin.
Gombila KABORE. Alain O.KOALA.
Source: LeFaso.net
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