Le procès historique de tous les membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré, s’est ouvert ce 27 avril au palais de justice de Ouagadougou. Poursuivis pour « complicité d’homicides volontaires », « coups et blessures volontaires », le chef du gouvernement de l’époque, Luc Adolphe Tiao et certains ministres étaient présents dans le box des accusés. Mais comme cela était prévisible, à peine débuté, le procès a été renvoyé au 4 mai prochain. Pour cause, la rentrée du barreau burkinabè.

Chaudes poignées de mains, et/ou accolades entre les anciens collègues ministres, comme si certains s’étaient vus depuis des lustres. Le chef du gouvernement d’avant insurrection populaire Luc Adolphe Tiao (LAT) a été le premier à arriver dans la salle d’audience. Dans le box des accusés où il est installé, il passe souvent la main sur son dizainier, a l’air plutôt calme. « J’ai confiance en la justice de mon pays. Je n’ai pas peur. Il n’y a rien à craindre », dira-t-il plus tard aux journalistes qui insistaient.

LAT sera rejoint, au fil du temps par d’autres ministres. Diemdioda Dicko et Salif Ouédraogo prennent place à coté de leur ancien chef.


L’arrivée très remarquée dans la salle d’audience aura été celle des deux généraux. Gilbert Diendéré et Djibril Bassolé, tous deux locataires de la Maison d’arrêt et de correction des armées. C’est à 8h30 qu’ils sont arrivés ensemble tous les deux. Le Gal. Diendéré qui comparait comme témoin, a plutôt l’air en forme. Visiblement, il a pris quelques kilos. Les cheveux teintés de noir. Il mâche son chewing-gum, donne des accolades à tous les ministres présents. Il salue même au loin, l’ancien chef d’Etat-major général des armées, Gal. Nabéré Honoré Traoré, avec un sourire non dissimulé.

Quand à Djibril Bassolé, il est apparu diminué physiquement, habillé dans une chemise manches longues retroussées. Les cheveux grisonnants, il est moins bavard que son voisin.

Plus tôt, à 8h 19 minutes c’est l’ancien ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, Alain Edouard Traoré qui faisait son arrivée, tout seul. « Le donneur de leçons est là », nous lance un confrère. Ce dernier rappelle des phrases de son ancien ministre de tutelle. « Ce sont les délires d’un homme finissant », avait déclaré le ministre, à propos des déclarations de Robert Bourgy, concernant l’affaire des djembé remplis d’argent, rappelle le confrère. Comme s’il craignait les flashs des photographes, Alain Edouard Traoré, est allé s’asseoir loin, à coté de l’ancienne ministre des droits humains et de la promotion civique Prudence Nignan. Les yeux plongés dans son Smartphone.

Dehors, le ciel s’assombrit. Le ciel finit par déverser ses grosses larmes adoucissantes. C’est donc dans la fraicheur qu’à 9h09 minutes, le président de la Haute Cour de justice fait son entrée dans la salle d’audience.

Aussitôt ouvert, aussitôt suspendu


Le président Bêbrigda (chasseur d’ennemis en langue mooré) Mathieu Ouédraogo est accompagné de six députés et de trois magistrats professionnels. On reconnait Me Bénéwendé Stanislas Sankara et Me Juliette Bonkoungou. L’on fait l’appel nominatif des prévenus et de leurs avocats. La plupart des conseils ne sont pas présents, occupés certainement à la rentrée du barreau burkinabè qui a lieu ce jour- même.

Un ‘’présent » énergique, arrache des applaudissements. C’est celui de Gal. Gilbert Diendéré.


A l’appel de l’ancien président Blaise Compaoré, à trois reprises, une partie de la salle s’esclaffe de rire. Le grand absent, ministre de la défense jusqu’à l’insurrection populaire, sera donc jugé par contumace. Tout comme, Lamoussa Salif Kabore (Mines et Energie), Marie Lucien Bembamba (Economie et Finances), Koumba Barry (Education nationale), Assimi Kouanda (ministre d’Etat, chargé de mission auprès du président du Faso), et Tinga Jérémy Ouédraogo (Ressources animales).

Deux anciens ministres n’ont pas d’avocats, alors que certains comme Luc Adolphe Tiao en ont quatre. Baba Hama, l’ancien patron de la culture et Baba Diémé se présentent. Vous n’avez pas d’avocat ? demande le président à Baba Hama. Non ! répond-il. Vous n’avez pas besoin de conseil ? réplique Bêbrigda Mathieu Ouédraogo. D’un signe de la tête le prévenu répond par la négative. En matière criminelle, ce n’est pas possible, mais la Cour avisera.

Les premiers débats…


Après l’appel nominatif des accusés, le président leur demande de rejoindre leurs places. Il lit ensuite la lettre du bâtonnier de l’ordre des avocats qui demande le report du procès au 3 mai 2017, à cause de la rentrée solennelle du barreau.

Me Somé, avocat de la défense demande plutôt un report de deux semaines (jusqu’au 11 mai), « pour mieux préparer la défense des clients ». Il faut éviter la précipitation, avance-t-il, parce que les décisions de la Haute Cour de justice sont sans voie de recours. Il faut donc du temps pour mieux se préparer dans le cadre d’un procès équitable.


Le procureur général, lui n’est pas de cet avis. Il estime que les avocats ont eu suffisamment du temps pour se préparer. Par conséquent, le report jusqu’au 3 mai est raisonnable.

Le président intervient et reconnait qu’il y a beaucoup d’attentes dans ce dossier de l’insurrection populaire qui a déjà pris du retard. Sur ces entrefaites, il renvoie le dossier au 4 mai 2017. Il est 9h 44 minutes. La salle se vide.

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net