L’avènement du numérique a libéré le génie-créateur de l’homme mais il a accentué son goût pour l’usurpation, la facilité. Plutôt que de se remuer les méninges, il préfère se tourner les pouces attendant qu’autrui se charge de lui offrir sur un plateau d’argent, le fruit de plusieurs heures de travail. Depuis un certain temps, les symptômes de cette flemme ont fait leur apparition dans la presse burkinabè favorisant la naissance d’un phénomène plutôt inquiétant : le plagiat.
Plagier, c’est voler. Voler, selon le code pénal burkinabè, « c’est soustraire frauduleusement une chose appartenant à autrui ». Voler, c’est donc mal. Les journalistes devraient le savoir et ils le savent. Pourtant, certains se complaisent dans le plagiat, une pratique malhonnête et honteuse. La probité ne vaut pas un pet de lapin chez certains journalistes et au diable l’article 9 de la charte des journalistes du Burkina de 1990 qui stipule ceci : « Le journaliste digne de ce nom s’abstient de tout plagiat, de signer des articles qui ne sont pas les siens ou de se livrer à des manœuvres de tout genre pour prendre la place d’un confrère ».
Lorsqu’un journaliste reprend une information publiée par un confrère, il se doit de citer la source. Honnêteté intellectuelle oblige. Car avec la montée en puissance des réseaux sociaux, il est difficile de connaitre la source d’une information qui est partout et nulle part. L’information est pourtant loin d’être une bâtarde. Elle a bien une origine, un « père » que le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur a le droit de connaître au risque de créer la confusion dans son esprit.
« Quand vas-tu publier ton article ? » Voilà une question que des journalistes de la presse écrite aiment bien poser à leurs confrères des médias en ligne après la couverture d’une activité. Cette curiosité n’est pas anodine. En effet, dès que l’article du Web journaliste sera publié, il suffira d’un simple clic du journaliste curieux pour copier-coller quelques paragraphes et « parfaire » son papier.
Même des confrères d’autres médias en ligne sont passés maitres dans cette pratique. Assis au bureau derrière leur écran, ils parcourent les sites d’informations les plus actifs. Ils piquent une image chez l’un, un texte chez l’autre et pour couronner le tout, ils signent sans citer une source. C’est du journalisme de laboratoire et il conviendrait d’appeler ce type de personnes « les chimistes de l’information ».
Les écrits de ces gribouilleurs ne passent souvent pas inaperçus dans le milieu et leurs actes font rarement l’objet de débat. Les patrons de presse, l’Association des journalistes du Burkina et l’Observatoire burkinabè des Médias doivent prendre ce mal au sérieux car il y va du professionnalisme et de l’intégrité de ce « 4e pouvoir » cité en exemple sur le plan africain. Il faut vite saisir le taureau par les cornes avant que les robes noires n’envahissent le palais de justice. A bon entendeur !
Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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