Encore peu connue au Burkina Faso, la finance islamique de par ses multiples avantages est pourtant en plein essor au niveau international. Un séminaire a été organisé du 15 au 17 mars 2017 à Ouagadougou, par l’Association pour le développement de la finance islamique au Burkina. L’objectif étant de présenter les opportunités d’une telle finance pour le Burkina Faso. La rencontre a regroupé plusieurs acteurs du monde de la finance, du Burkina et d’ailleurs.

Elle a vu le jour au Burkina Faso en 1997, mais n’est toujours pas connue du grand public, alors qu’elle est en pleine expansion au plan international et présente de nombreux avantages. La finance islamique, selon le président de l’association pour le développement de la finance islamique au Burkina (ADEFI), Yacouba Belemviré, s’intéresse à l’économie réelle.

Du 15 au 17 mars dernier, l’ADEFI a donc organisé le 5e séminaire international de formation sur le thème « Conception et mise en marché des produits de la finance islamique ». Alors que la finance et l’éthique sont deux notions que l’on n’a pas l’habitude d’associer et semblent antinomiques, la finance islamique les concilie, au même titre que les finances solidaires.

« Elle est en dehors de la finance basée sur la spéculation. A la crise de 2008-2009, beaucoup de banques n’ont pas pu tenir parce que leurs activités étaient fondées sur la spéculation », a expliqué le président de l’ADEFI, avant d’ajouter que la finance islamique est une finance dont le mode de fonctionnement repose sur les principes de la justice, l’équité, la solidarité et la transparence, chères à l’islam.

Au cours de ce séminaire, il s’est agi donc de permettre aux participants de prendre connaissance de cette finance. Son historique, ses principes, son importance, les différents produits, la gouvernance et la règlementation y relatives, la micro finance islamique et l’assurance islamique, sont entre autres thèmes qui ont été abordés au cours de cette rencontre.


Pour Mbow Abdoulaye, expert en finance islamique, qui est venu du Sénégal pour partager son savoir-faire, la finance islamique est une alternative pour nos pays, où le taux de bancarisation est très faible pour plusieurs raisons. « Dans nos pays, beaucoup de personnes sont privées des banques classiques, parce qu’elles n’ont pas de moyens pour garantir certains produits. Le secteur de la micro finance islamique n’est pas très développé. Il y a donc des opportunités parce que les produits répondent aux besoins des moins nantis, parce que certains produits ne sont pas basés sur la garantie pouraccéder aux services bancaires », a-t-il dit avant d’ajouter que la finance islamique permet de combler le gap.

Le défi à relever pour que la finance islamique soit connue et développée au Burkina, réside dans la règlementation. Ensuite, il faudra que suive la formation. C’est d’ailleurs dans ce sens que la formation a été initiée pour étudier des pistes de solutions en vue de former une ressource humaine compétente.


A en croire Idrissou Nébié, participant pour le compte d’une banque de la place, la formation a permis de lever un coin de voile sur bien d’aspects sur la finance islamique. Les banquiers, pour la plupart méconnaissent cette opportunité qui permet de faire de bonnes affaires tout en étant en phase avec ses convictions religieuses. Selon le participant qui se considère désormais comme un ambassadeur de cette finance auprès de sa banque, les responsables seront informés, en vue d’une éventuelle ouverture d’une fenêtre « finance islamique » au sein de l’établissement financier.

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net


La finance islamique en quelques mots

Le terme finance islamique recouvre l’ensemble des transactions et produits financiers conformes aux principes de la charia, qui supposent l’interdiction de l’intérêt, de l’incertitude, de la spéculation. Il y a également l’interdiction d’investir dans les secteurs considérés comme illicites (l’alcool, le tabac, le porc, les armes, les paris sur les jeux…). Elle repose également sur le respect du principe de partage des pertes et des profits.

T.C.S.

Source: LeFaso.net