Dabo Boukari, cet étudiant en 7e année de médecine arrêté en 1990 à l’issue d’une manifestation sur le campus de Zogona, et dont on n’a plus entendu parler, reposerait à Pô, dans la province du NAHOURI. 27 ans après sa disparition, c’est ce 21 février 2017 que les avocats en charge du dossier, dont Me Bénéwendé Sankara, accompagnés des membres de la famille du défunt, ont été conduits sur le lieu de la tombe supposée de l’étudiant d’alors. A quelques pas de la frontière ghanéenne. « C’est une infirmation de taille dans l’avancée du dossier », note l’avocat.

Va-t-on résolument vers le dénouement du dossier Dabo Boukari ? Un élément nouveau vient en tout cas d’être révélé. Ce 21 février, Me Bénéwendé Sankara et Me Prosper Farama, en charge du dossier, ainsi que des membres de la famille de la victime ont été conduits sur une tombe supposée être celle de Dabo Boukari.

Ce n’est pas au Conseil où l’étudiant avait été détenu avec d’autres, mais à plus de 150 km de la capitale que se trouverait sa tombe. A Pô exactement, dans la province du Nahouri. « Non loin de la route qui mène de Pô à la frontière du Ghana », a noté Me Sankara qui a reçu des journalistes à son cabinet dans la soirée du 21 février 2017. L’emplacement, non loin de la route, n’est pas supposé être connu des populations, a poursuivi le conseil.

« Les intempéries, l’érosion ont eu raison de la tombe, mais elle est toujours perceptible. Il y a beaucoup d’éléments d’indications qui font que la tombe ne peut se perdre », révèle l’avocat.

Qu’est-ce qui prouve que c’est réellement Dabo Boukari qui repose dans cette supposée tombe ? Réponse de l’avocat. « La vérification s’est procédée par le juge d’instruction lui-même qui dispose d’un certain nombre de prérogatives pour faire ses enquêtes (…) Un juge d’instruction ce n’est pas n’importe qui, c’est une autorité judiciaire qui travaille à charge et à décharge, qui travaille sur des éléments concordants. S’il a mis autant de temps pour enfin dire que…c’est la tombe de Dabo Boukari, c’est dire que c’est une infirmation de première main. Mais c’est la famille qui décidera s’il faut faire un test ADN ou pas. »


Il a aussi expliqué que c’est depuis 1990 qu’une plainte avait été déposée dans le cadre de ce dossier. Mais les lignes n’avaient véritablement pas bougé jusqu’à l’insurrection populaire qui a vu la fuite de Blaise Compaoré et par la suite le démantèlement du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Depuis, « les langues se délient et le doyen des juges d’instruction qui s’occupe de ce dossier a pu concocter un certain nombre d’informations, d’indices, et au regard des témoignages concordants, il a pu convoquer les avocats que nous sommes pour indiquer la présumée tombe ».

Dans tous les cas, il a rassuré que « c’est une information de taille dans l’avancée du dossier ». Avec ce rebondissement, la procédure pourrait donc s’accélérer. « Le procès dépendra des incidents de procédures s’il y en a. Autrement dit, le dossier peut aller plus vite si le juge d’instruction estime qu’au regard des éléments dont il dispose, il peut rendre une ordonnance de clôture » et envoyer le dossier devant les juridictions de jugement, a soutenu Me Bénéwendé Sankara.

En rappel, dans ce dossier, ce sont le Gal. Gilbert Diendéré et le Colonel Mamadou Bamba qui ont été, pour l’instant, formellement inculpés.

Tiga Cheick Sawadogo

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Source: LeFaso.net