Les notables coutumiers de Solenzo, au nom de toutes les populations éprises de paix, ont notifié leur position par rapport à l’avènement des groupes d’auto défense dénommés Koglwéogo dans la province des Banwa. Depuis plus d’un mois, des rumeurs ont circulé parlant de recrutement de jeunes pour constituer des Koglwéogo. Mais ces rumeurs se sont avérées fondées lorsque le 21 Janvier 2017, deux jeunes se sont présentés au chef de terre Coulibaly K. Nicolas et à ses notables coutumiers pour demander le soutien de ces autorités coutumières afin d’asseoir un bureau des Koglwéogo à Solenzo. Il s’agit précisément de Samuel Konkobo du village de Daboura quartier Bounkuy et Amadé Ouédraogo de Solenzo secteur n°2.

Selon le chef de terre et ses coutumiers, ces deux messieurs sont bien connus d’eux, à travers les actes néfastes qu’ils ont eu à poser. En conséquence, deux assemblées générales ont été tenues les 06 et 09 février 2017. De ces deux réunions il est ressorti que les Koglwéogo sont une organisation à caractère ethnique, selon les responsables coutumiers. Les Koglwéogo dans les Banwa, représentent pour eux, la face visible de l’iceberg. Toujours selon les responsables coutumiers, derrière cette organisation, se cache ce que tous les autochtones savent, le communautarisme de certaines personnes. C’est pourquoi ils désapprouvent ouvertement l’installation des Kolwéogo. Ils ne veulent plus entendre parler de Koglwéogo dans les Banwa car leur présence engendrerait des troubles sociaux non maitrisables.

Malgré le désaccord des autorités coutumières, la non autorisation du maire de la ville, ils ont tenté d’installer un bureau des Koglwéogo à Solenzo le Dimanche 12 février 2017. Dès le samedi 11 février, ils ont fait diffuser un communiqué pour informer la population de leur assemblée et de leur installation. A la suite de leur communiqué est venu celui du maire de Solenzo, interdisant la diffusion dudit communiqué parce que non autorisé. Pour la population, le message était passé. A la grande surprise le dimanche, plus de 60 Koglwéogo sont venus de Ouagadougou à bord d’un car.

On pouvait constater les patrouilles de la gendarmerie et de la police, pour éviter un affrontement, protéger les personnes et les biens. Ce fut une journée très chaude pour les hommes de tenue. C’est au Haut-Commissariat que tout a pris fin. Pour le représentant de la délégation des Koglwéogo venus de Ouagadougou : « Celui qui nous a invité n’a pas été clair avec nous. On nous a fait savoir que le chef de terre et la population réclamaient les Koglwéogo ici. A notre surprise ce n’est pas le cas. Nous ne pouvons pas venir dans un lieu nous installer sans l’accord des responsables coutumiers et leurs bénédictions. Nous regrettons l’acte. Nous demandons la bénédiction de ces derniers pour reprendre le car pour regagner Ouagadougou ».

Après le Haut-Commissariat ils ont été reçus par le Secrétaire Général du Haut-Commissariat Sié Bruno, ils se sont rendus chez le chef de canton pour présenter leurs excuses, avant de se mettre à bord de leur car en compagnie de la police de Solenzo.

A propos de cet évènement, nous avons rencontré le chef de terre et ses notables le lundi 13 février 2017. Nous vous livrons ce qu’ils ont dit :

« Le 06 février 2017 à partir de 10 heures, s’est ténue une assemblée générale des autorités coutumières du département de Solenzo dans la salle de réunion de l’Union Départementale des Producteurs de Coton. L’ordre du jour était le suivant :

. Comment faire face à l’installation des Koglwéogo dans la province ?

. Quelles stratégies faut-ils envisager pour obtenir du gouvernement burkinabé le moindre regard favorable sur nos routes en piteux état ?

. Situation de la charte foncière locale inter villageoise


Prenant la parole, le représentant du chef coutumier de Solenzo a souhaité la bienvenue aux participants et abordé aussitôt l’ordre du jour. Au premier point, il expliqua comment le problème des Koglwéogo est arrivé à Solenzo. C’est dit-il, le Samedi 21 Janvier 2017 à 09 heures que deux jeunes ont demandé à rencontrer les notables coutumiers de Solenzo chez le chef de village. Ils se sont fait introduire par un responsable des organisations de la société civile de Solenzo et se sont présentés : l’un s’appelait KONKOBO Samuel du village de Daboura quartier Bounkuy et l’autre, OUEDRAOGO Amadé du secteur n°2 de Solenzo.

C’est KONKOBO Samuel qui s’exprima le premier. Nous sommes venus dit-il, pour solliciter l’appui des coutumiers a un projet d’installation de Koglwéogo à Solenzo. Il y eut un silence d’abord et les gens commencèrent à lui demander des explications :

A la question de savoir que veut dire le mot ‘’Koglwéogo », c’est Amadé qui répondit que c’est une organisation communautaire qui consiste à protéger la brousse et les biens des personnes. Samuel ajouta que les Koglwéogo peuvent intervenir en cas de feux de brousse et peuvent sécuriser le bétail des éleveurs.

Et à la question de savoir s’ils étaient munis de papiers officiels les autorisant à installer des Koglwéogo à Solenzo, Samuel répondit que non et ajouta qu’ils ont reçu des ordres de plus haut. Il a voulu même présenter des photos d’actions menées par des Koglwéogo mais les gens l’en empêchèrent.

Malgré leurs efforts à présenter le bien fondé des Koglwéogo, leurs propos ne rencontrèrent pas l’assentiment des coutumiers qui les ont traités de vrais délinquants et leur intimèrent l’ordre d’arrêter leur projet.

En réalité, Samuel et Amadé avaient déjà recruté plus de 60 jeunes comme Koglwéogo à Solenzo. Ils avaient aussi demandé à des commerçants de cotiser de l’argent pour acheter des armes à feu.

C’est compte tenu du caractère ethnique et guerrier de l’installation des Koglwéogo dans les Banwa que les autorités coutumières de Solenzo ont demandé à rencontrer celles des autres villages afin qu’ensemble, on trouve une solution pour faire face au problème.

Les autorités coutumières des villages présentes ont pris la parole les unes après les autres. On s’est aperçu alors que dans la plupart des villages, des jeunes en majorité des allogènes, avaient déjà recruté d’autres jeunes et installé des Koglwéogo.

A cette remarque, un sentiment de révolte générale se dégagea dans la salle. Mais la sagesse a prévalu et unanimement l’assemblée a décidé de former un panel pour réfléchir davantage sur le problème et rencontrer ensuite les autorités administratives et politiques pour leur exprimer les vœux des populations des Banwa.

Le jeudi 09 février 2017, le conseil coutumier de Solenzo s’est réuni encore en assemblée générale chez le chef de village à partir de 09 heures. En plus du conseil coutumier, ont pris part à cette réunion : deux (02) représentants des OSC, les membres du bureau de l’association des commerçants de Solenzo et Monsieur SALOGO Ousmane doyen des mossi de Solenzo. L’ordre du jour était le suivant : Problème des Koglwéogo à résoudre.

Prenant la parole, le chef de village de Solenzo a tout d’abord salué l’assistance. Puis en se référant aux décisions prises en assemblée générale le 06 février 2017, il a fait ressortir le sentiment de désapprobation que les populations autochtones éprouvent à l’égard des Koglwéogo. Après lui, un des commerçants a pris la parole pour fustiger l’action des Koglwéogo et exprimer son opposition à leur installation à Solenzo. Les représentants des OSC en firent autant.

Le doyen des mossi lui, après avoir explicité le rôle des Koglwéogo, a prouvé que cette organisation n’a pas le droit d’exister dans les Banwa. Il a ensuite exhorté toutes les personnes éprises de paix à s’unir pour l’endiguer.

Avant de lever la séance, le chef de village a constitué un panel de notables coutumiers pour exprimer à toutes les autorités administratives et politiques l’opposition des populations des Banwa à l’installation des Koglwéogo dans la province. A cet effet, le conseil coutumier a été désigné.

De toutes façons les policiers et les autres forces de l’ordre qui existent déjà n’ont pas si échoué que cela. Que les moyens soient mis à leur disposition et l’on verra jusqu’où va leur efficacité.

David Demaison Nébié

Correspondant dans la Boucle du Mouhoun

Source: LeFaso.net