A l’instar de ceux du coup d’Etat de septembre 2016, les victimes et ayant droit de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 ont été reçus ce jeudi 26 janvier 2017, au Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN). Cette rencontre qui marque la fin d’une série de concertations entamées vendredi dernier, va contribuer à une meilleure analyse du dossier soumis au HCRUN.

Au titre des 5065 dossiers déjà enregistrés et en cours d’enregistrement par le HCRUN, s’inscrivent ceux des victimes et ayant droit de l’insurrection, des victimes du coup d’Etat de septembre 2015, des policiers radiés, des militaires radiés et des travailleurs déflatés suite à l’application du Programme d’ajustement structurel (PAS).

« Pour réussir ce traitement qui demande pour certains cas, une diligence extrême, et pour tous les cas, un discernement rapide, le HCRUN a besoin de votre participation active. Il faut appréhender toutes les douleurs. Il faut entendre toutes les souffrances » a rappelé le conseiller Jérôme Compaoré, Porte-parole du jour du HCRUN.

En prêtant une oreille attentive à ses interlocuteurs du jour, le président Benoît Kambou dit retenir que les victimes et ayant droit de l’insurrection ont souhaité une intercession du HCRUN pour la résolution de leurs problèmes. « Ils estiment qu’il y a encore beaucoup à faire en matière de justice et d’indemnisation parce qu’ils pensent qu’il y a de nombreux blessés qui nécessitent des soins »a-t-il noté.


Et Benoît Kambou de souligner que d’autres ont confié avoir eu des problèmes avec les établissements hospitaliers qui les reçoivent « parce que ceux-ci disent qu’ils n’ont plus d’argent pour faire l’achat des produits ». Les victimes ont aussi posé la question des réparations d’urgence, parce qu’ils estiment qu’il y a des cas très pathétiques qui nécessitent des réparations d’urgence. « On soumettra la question à qui de droit » a dit le président du HCRUN, Benoît Kambou.

Pas de solution miracle


Constant Bassolé, le porte-parole des victimes et ayant droit pour sa part, a souligné qu’il va falloir franchir des étapes avant de songer à panser les plaies. « Aujourd’hui, nous souffrons, nous n’arrivons pas à manger et ils disent qu’ils s’occupent de nous. Il faut d’abord qu’ils nous soignent correctement et après, la justice puis la réconciliation. On ne saute pas d’étape » a-t-il souhaité.

Constant Bassolé a par ailleurs confié que son état de santé est toujours critique. « J’ai toujours des balles dans le corps et un autre bras qui ne fonctionne plus. Depuis 3 ans, l’Etat ne s’occupe pas de notre santé comme il se doit » a-t-il déploré, soulignant que : « On ne peut pas identifier 3 ou 4 personnes pour les soigner à l’extérieur du pays et soutenir qu’on s’occupe des blessés. Le HCRUN ne nous a pas proposé une solution miracle et nous devrons dire tout ce qu’il y a, pour qu’on puisse ensemble trouver des solutions ».

Le HCRUN satisfait


Faisant le bilan des différentes concertations, le président du HCRUN s’est dit satisfait des informations reçues. Certaines personnes ont été dénoncées au cours des interventions, et Benoît Kambou promet : « nous sommes obligés de rencontrer les personnes qui ont été citées pour faire la lumière. Ce n’est qu’après cela, que nous pourrons faire des propositions pour apaiser les cœurs.

Qu’en est –il du processus de règlement des dossiers à la justice ?

« La justice est indépendante et si on a créé le Haut conseil qui est une structure particulière, c’est pour faire face au formalisme juridique qui est souvent un obstacle pour la justice classique » a déclaré Benoît Kambou. Selon lui, si certains facteurs peuvent bloquer le juge, le HCRUN peut aller au-delà en matière de délai, de prescriptions, mais malgré tout dit –il : « Nous devons collaborer. Nous avons besoin de recourir à la justice classique pour le traitement de certains dossiers » a-t-il renchéri.


Le président du HCRUN a en outre indiqué que la loi qui régit l’institution en ses articles 19 et 20 leur confie un certain nombre de pouvoirs importants qu’ils ne peuvent pas exercer eux-mêmes. La Raison, dit-il :« Nous ne sommes pas des magistrats de profession. Pour exercer par exemple en matière de perquisition, nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes. Nous n’avons pas de qualité pour ça » a-t-il signifié. Pour lui, une collaboration s’impose entre le HCRUN et la justice. « Nous sommes obligés de recourir aux hommes du métier que sont les magistrats, les officiers de police judicaire » a-t-il conclu.

Chargé de créer des conditions favorables à la réconciliation et l’unité nationale, le HCRUN doit rechercher et situer les responsabilités dans les crimes et toutes autres violations des droits humains à caractère politique non élucidées de 1960 à 2015.

Nicole Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net