Le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) a reçu les militaires radiés suite aux mutineries de 2011. Le président Benoit Kambou et ses collaborateurs ont recueilli leurs témoignages sur ce qui s’est ‘’réellement » passé. Leurs versions seront confrontées avec celles de la hiérarchie de la grande muette, avant que des propositions ne soient faites.

Certains militaires radiés ne cessent de dénoncer l’injustice dont ils ont été victimes en 2011. Bon nombre d’entre eux clament leur innocence dans la mutinerie qui a valu leurs radiations des forces armées nationales.

« Nous avons décidé de les écouter, les entendre, recueillir leurs doléances et plaidoiries afin d’étayer notre dossier. Parce que dans les dossiers que nous avons examinés, toutes les informations ne sont pas au point. En les écoutant, on reçoit quand même quelques informations qui nous permettent d’aller de l’avant », a précisé le président du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN), Benoit Kambou.

Il est donc demandé à chaque militaire de passer à la barre, et ‘’vider ‘’son cœur.

L’ancien sergent-chef Sountong-Nonma Valentin Ouédraogo témoigne, après avoir passé deux ans et six mois en prison, avant que la justice ne l’acquitte.


« C’est un chef qui m’a mis dans cette histoire. Parmi tous les sous-officiers, il n’y a pas quelqu’un qui pouvait s’arrêter devant les jeunes pour leur dire de ne pas faire. J’ai fait deux ans et six mois en prison avant qu’on ne me dise de quoi on me reproche. A la confrontation avec les officiers, personne n’est venu. C’est le colonel Serge, adjoint à la gendarmerie qui est venu. La justice m’a acquitté, mais jusqu’à présent je suis au chômage ».

Il est donc venu rendre son témoignage devant le HCRUN. L’ancien sergent-chef demande au conseil de se pencher sur leur situation, depuis lors délétère. « Il y a nos collègues qui sont morts, par manque de soin. Nous ne pouvons pas comprendre cette injustice. Des cousins des officiers qui ont pillé sont toujours dans les rangs, nous avons leurs noms.


Pour Hervé Tapsoba, porte-parole des militaires radiés en 2011, aucune des radiations des 566 militaires n’a suivi la procédure en la matière. « C’est après la radiation que certains ont été poursuivis. Juridiquement c’est arbitraire. Les textes militaires prévoient d’abord un conseil de discipline, mais avant il faudra des enquêtes. Le conseil statue et c’est à l’issue de cela qu’on transmet le dossier en justice avant qu’une décision ne soit prise ».

Lui et ses camardes attendent donc que le HCRUN traite leurs dossiers. « S’il y a lieu de réparer, réhabiliter ou réintégrer, qu’il puisse le faire. Notre souci c’est la justice et la vérité. Une fois que c’est fait, on pourra parler de la suite à donner… » , a-t-il indiqué avant de poursuivre qu’il ont déjà demandé pardon à la population sur ce qui s’est passé.


Selon le président Benoit Kambou, des témoignages recueillis auprès des militaires, il sera procédé à la vérification des faits. « S’il faut entendre la hiérarchie, nous l’entendrons », a-t-il dit. Il précisera également que le pouvoir du HCRUN consiste à faire des propositions, des solutions et le régime décidera.

Va-t-on vers la réintégration des militaires radiés ? « C’est très tôt de parler de réintégration. On n’a pas fini de les entendre et écouter l’autre partie (Ndlr. la hiérarchie) », a répondu Benoit Kambou.

Après les militaires radiés, le HCRUN recevra les policiers également radiés, les travailleurs déflatés, et les victimes de l’insurrection.


En rappel, le Haut conseil de réconciliation et de l’unité nationale a reçu 5065 dossiers, pour tenter d’apporter des solutions. Il doit rechercher et situer les responsabilités de crimes ou toute autre violation de droits humains à caractère politique non encore élucidés de 1960 à 2015. L’institution a également pour mission de proposer des suites susceptibles de guérir les traumatismes subis par les victimes et ayants droits, en veillant au traitement des réclamation et en décidant des modalités de réparation des victimes ou ayants droits.

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net