Au bout de treize jours de procès au cours desquels des informations ont été dévoilées, et des mystères restés entiers, le procès a été suspendu pendant plus de 10h ce mercredi 18 janvier 2017 au tribunal militaire, pour permettre au juge de frapper son glaive de la justice dans cette histoire de tentative d’attaque de la MACA du caporal Madi Ouédraogo et compagnie. Finalement, le cerveau de l’affaire écope de 15 ans de prison ferme. La même peine a été retenue contre deux autres.
Il est 21h 45 minutes sur le sablier du temps de Ouagadougou lorsque le juge reprend le procès pour rendre le verdict. Quel sera le verdict de ce procès ? Voilà une question qui taraudait l’esprit de bon nombre de personnes. Surtout que la suspension avait été prononcée il y 10 heures de temps.
Les rédactions des organes de presse joignaient leurs journalistes pour avoir des échos, et certains avocats de la défense pensaient à une reprise du procès le lendemain, quand soudain les gendarmes firent un mouvement vers la salle d’audience, et ceux assurant la sécurité se sont repositionnés.
Le juge ouvre le procès pour donner le verdict. Le tribunal décide de requalifier les faits d’ « association de malfaiteurs » en « complot militaire » et d’infliger les peines les plus lourdes au Caporal Ouédraogo Madi, au Sergent Zallé Mahamadi, et à Ouédraogo Cheick Alassane, soit 15 ans de prison ferme pour chacun d’eux.
Le Caporal Ouoba Bapandi, le caporal Diessongo Soumaila, le caporal Yerbanga Marius, le soldat de première classe Coulibaly Dramane, le soldat de deuxième classe Sana Ousmane, le soldat de première classe Sanou Bakary, le soldat de première classe Bassole Koilabour Fulgence, le Caporal Bontogo Yemdaogo, le soldat de première classe Kientega Pascal, le soldat de première classe Ouedraogo Moussa , le soldat de deuxième classe Tamboura Sekou, le soldat de première classe Bado Basibié Armand, le Caporal Mamboné Nogba Alexis, le soldat de deuxième classe Kondé Loba et le soldat de première classe Haro Atina, écopent quant à eux de dix ans de prison ferme.
Aussi, des mandats de dépôt ont été décernés contre le caporal Diessongo Soumaila , le Caporal Yerbanga Marius , le soldat de première classe Coulibaly Dramane, le soldat de première classe Bassole Koilabour Fulgence, le soldat de première classe Ouédraogo Moussa , le soldat de première classe Bado Basibié Armand et le soldat de deuxième classe Kondé Loba.
Quant à Sawadogo Ousmane et Yiougo Abdoul Aziz, ils écopent de six mois de prison ferme chacun.
Le Caporal Madi Ouédraogo est reconnu coupable de complot militaire. Le Sergent Zallé Mahamadi lui est reconnu coupable de complot militaire et de détention illégale d’armes à feu et de munitions. Quant à Ouédraogo Cheick Alassane, il est reconnu coupable de détention illégale d’armes à feu et de munitions et de complot militaire.
Les accusés ont cinq jours à compter de la notification de l’arrêt, pour se pourvoir en cassation.
Pour la défense, ce procès a certes accouché d’un verdict, mais il a surtout accouché d’une énigme car pour eux, les non-dits ont été bien plus nombreux que les dits. Pour Maitre Arnaud Ouédraogo, pendant ce long procès, ils ont construit la procédure sur la base d’association de malfaiteurs et ils ont réfuté cette infraction jusqu’au bout.
Les faits ont été requalifiés finalement aux derniers jours. Il se demande comment et sur quelles bases cette requalification qui est bien plus lourde a été faite. La défense affirme prendre acte et s’incliner devant l’autorité du juge et de la loi.
La défense ajoute que ce procès laisse un gout d’inachevé car un bon nombre de mystères n’ont pas été levés au cours de ce procès, car ils ont demandé d’écarter l’enregistrement qui a servi de base à la procédure, et ce n’est qu’au jour du verdict que le tribunal a décidé de le faire. Mais trop tard pour eux car la procédure a eu le temps de se construire autour de cet enregistrement qu’ils jugent clandestin.
Un autre point et pas des moindres pour la défense dans ce qu’ils qualifient de mystère, ce sont les personnes régulièrement citées qui n’ont pas comparu et qui détenaient une part de la vérité dans ce procès. Enfin les avocats de la défense ont remis au tribunal un enregistrement vidéo qui a permis au cours des plaidoiries, de faire ressortir un nombre de faits qui étayeraient les propos du Caporal Ouédraogo Madi.
L’impact des non-dits pour la défense est qu’elle se demande comment le délibéré a été construit.
Pour Maitre Hien ollo Larousse avocat du Caporal Ouoba Bapandi, cette décision est un imbroglio juridique et en ce qui concerne son client, ils vont pourvoir en cassation sur cette décision. Pour lui, même quand il faut condamner, il faut y mettre la forme. Il ajoute que cette décision confirme que notre état de droit est en recul, et il estime que la cour de cassation va casser purement et simplement cette décision. Il termine en disant que le peuple n’est pas dupe
Youmali Koanari (Stagiaire)
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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