Ce jeudi 22 décembre 2016, Jean Baptiste Natama a été désigné lauréat du « Prix Mandela du panafricanisme » par l’Institut Mandela (voir liste des lauréats en pièce jointe). Suite à cette consécration, l’ancien candidat à la présidentielle burkinabè nous a fait parvenir la déclaration ci-après.

Mes chers amis, parents, frères et sœurs,

Il me plaît, par la présente, de porter à votre connaissance que, ce jeudi 22 décembre 2016, j’ai été honoré par l’Institut Nelson Mandela qui m’a décerné « le Prix Mandela du Panafricanisme ».

En effet, dans un communiqué rendu public, ce jour 22 décembre 2016, à Paris, le Jury des Prix Mandela, a annoncé la liste des lauréats 2016 des Prix Mandela dont je fais partie. Le Jury a indiqué que ce Prix m’a été décerné en reconnaissance de mes états de service et de mon combat pour la Renaissance de l’Afrique.

Aussi, voudrais-je, exprimer ma profonde gratitude, aux personnes qui ont eu l’amabilité de présenter ma candidature ainsi qu’aux membres du jury qui, dans leurs délibérations, m’ont fait l’honneur de me décerner un Prix aussi prestigieux aux côtés d’illustres personnalités lauréates des autres Prix.

C’est avec fierté et humilité que je reçois cette distinction qui m’est décernée pour mon action au service de ce grand continent qu’est l’Afrique, berceau de l’humanité mais aussi mamelle nourricière de cette même humanité qui, malheureusement, lui a souvent témoigné de l’ingratitude en lieu et place de la reconnaissance qu’il était en droit d’espérer d’elle.

Cette Afrique qui a subi quatre cents (400) ans d’esclavage d’une barbarie inique et cynique ainsi que plusieurs décennies de domination coloniale traumatisante. Cette Afrique saignée de ses filles et fils exploités comme main d’œuvre pour le développement d’autres continents mais aussi utilisés comme chair à canon dans des guerres absurdes étrangères à sa cause et à ses intérêts. Cette Afrique violée et pillée par des vandales issus d’autres peuples à la recherche de richesses faciles. Cette Afrique dont l’histoire a été falsifiée et travestie par des peuples au narcissisme démesuré et à l’égoïsme maladif. Cette Afrique culturellement étouffée par des civilisations égocentristes et prédatrices en quête d’expansion.

Mais aussi et surtout, cette Afrique du souvenir de nos ancêtres fondateurs des royaumes et empires anciens de Koush, de Méroé, de Napata, de Nubie, d’Egypte, d’Abyssinie, du Soudan, de Oualata, du Mandingue, du Ghana, de Gambaga, du Maroc, du Kongo, du Wassulu, du Kénédougou, du Cayor, du Songhaï, de Sokoto, du Fouta, du Mogho, du Gulmu, du Liptako, de Sya, du Monomotapa, des Toucouleurs, des Almoravides, des Zulu, ….

Mais aussi et encore, cette Afrique, légendaire terre des grandes et riches civilisations nilotique, égyptienne, bantou, ashanti, haoussa, yoruba, fulani, mbaye, malinké, diola, arabe, berbère, touareg, ubuntu, bushmen, hottentot, moaga, akan, gulmance, nuni, bobo, djerma, fang, bassari, …. Cette Afrique, mythique continent, à la fois, d’unité et de diversités dont je suis si fier.

Ce prix, je le dédie à la mémoire de tous ces héros, ces combattants de l’aurore, qui ont mené la lutte sur tous les fronts et sous toutes les formes : depuis la nuit des temps mais aussi à des époques beaucoup plus récentes ; depuis les terres fermes du continent mais aussi des mille et une contrées abritant les diasporas africaines ; des dunes de sable du Sahara à celles du désert de Namibe ; des côtes de l’Océan Atlantique à celles de l’Océan Indien et de la Mer Rouge ; depuis les berges de la Méditerranée au promontoire rocheux du Cape de Bonne-Espérance, en passant par les Vallées du Nil et du Rift et les forêts denses de l’Equateur ; des champs de canne des Caraïbes aux champs de coton des Amériques ; des mines de charbon d’Europe à celles d’or des Amériques, ….

Ces héros célèbres et moins célèbres qui ont porté, avec courage et vaillance, les lances, les flèches, les coutelas, les sabres mais aussi les mouvements, les voix et les plumes des luttes de résistance, de libération et d’unité de notre cher continent et, qui ont posé, dans l’adversité mais avec foi et conviction, les fondements de nos rêves de panafricanisme.

Ces héros, qui ont pour noms, Samory Touré, Béhanzin, Menelik, Shaka Zulu, Harry Sylvester Williams, Edward W. Blyden, Hailé Sélassié, Kwame Nkrumah, Gamal Abdel Nasser, Julius Nyerere, Ahmed Sékou Touré, Samora Machel, Amilcar Cabral, Augustino Neto, Jomo Kenyatta, Ben Bella, Marcus Garvey, William Tubman, Booker T. Washington, William E. B. Du Bois, Alexander Walters, Georges Padmore, Patrice Lumumba, Cheick Anta Diop, Steve Biko, Thomas Sankara, Joseph Ki-Zerbo, Nelson Mandela, entre autres, dont je suis héritier des idéaux de lutte pour une Afrique digne, prospère et respectée.

Je le dédie également à tous les Peuples d’Afrique et, aux jeunesses africaines, en particulier qui luttent quotidiennement pour réaliser les rêves légitimes de tout un continent qui aspire au progrès, au bien-être, à la justice, à la paix, à l’affirmation de son identité dans un monde de diversité et à la reconnaissance de son droit d’exister dans la dignité et le respect des autres.

Au Peuple burkinabè, je dédie cette distinction et lui réitère mon attachement infaillible pour la défense et la promotion, de notre Patrie, en tous lieux et en tous temps, ainsi que mon engagement, sans équivoque, à toujours porter très haut ses flambeau et étendard, jusqu’au sacrifice ultime.

A toutes les Militantes et tous les Militants du Panafricanisme et de la Renaissance Africaine, ce Prix est le vôtre car, sans vos engagements respectifs à mes côtés, dans cette quête d’unité et de renaissance de l’Afrique, mon combat n’aura ni sens ni reconnaissance. Il est le témoignage que notre rêve de renaissance n’est ni une chimère ni une utopie mais une exigence historique objective et non négociable pour l’avenir radieux de notre continent et l’épanouissement de nos Peuples.

Je rends grâce au Très Haut, pour tous ces bienfaits, dont il ne cesse de me gratifier et, dédie ce nouveau Prix, à la mémoire de mes défunts Parents ainsi qu’à ma Famille dont les soutiens, bénédictions et prières ne m’ont jamais fait défaut dans toutes mes entreprises sociales et professionnelles licites.

Ce Prix, plus qu’une récompense, je le perçois comme une invite à plus d’engagement et de sacrifice au service de l’Afrique, à plus de détermination et d’abnégation dans la lutte pour le triomphe du Panafricanisme et de la Renaissance Africaine.

Je forme donc le vœu que le souffle vivifiant de l’esprit de Nelson Mandela continue d’animer mon esprit et que les flammes du flambeau allumé par les héros et pionniers du Panafricanisme éclairent toujours ma marche inlassable sur les sentiers du Panafricanisme et de la Renaissance Africaine.

Enfin, il convient de souligner que les Prix Mandela sont décernés à des Personnalités ou Institutions pour récompenser des actions louables en faveur de l’Afrique et de la Paix dans l’esprit de Nelson Mandela.

Pour l’édition 2016, le Comité du Prix Mandela a reçu, 3 623 candidatures. Il a décidé d’écarter, à la première lecture, des candidatures non motivées au nombre de 867 puis, passé au peigne fin 2 756 dossiers pour sélectionner 75 dossiers à soumettre au Jury en raison de 5 dossiers par Prix pour désigner les Lauréat 2016.

Vive l’Afrique !

Vive le Panafricanisme !

Vive la Renaissance Africaine !

Ambassadeur Jean-Baptiste Natama

Source: LeFaso.net