Télécoms, assurances, hôtellerie, distribution, banque, transports, etc., parti de rien, Apollinaire Compaoré est aujourd’hui un chef d’entreprise multicarte et une figure de proue dans le monde des affaires au Burkina. Cette année, il a versé à lui seul près de 29 milliards de F CFA sous forme d’impôts, taxes et salaires. Portait de celui qui pourrait devenir président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso.
30 septembre 2016. La salle de conférence de l’hôtel Bravia à Ouagadougou n’a pu recevoir tous ceux qui avaient fait le déplacement pour assister à la conférence publique sur le thème de l’entrepreneuriat féminin et des jeunes. Organisée par le Groupement International des Femmes Actives, pour le Développement Economique (GIFA LEPFIDA), une organisation féminine qui œuvre à l’émancipation de la femme par l’entrepreneuriat, la rencontre était animée par le premier ministre Paul Kaba Thièba et parrainée par Apollinaire Compaoré, PCA de Telecel et PDG du Groupe Planor Afrique. Des délégations de femmes étaient venues de la Côte d’Ivoire, de la RDC, du Mali et de la France. Une occasion saisie par celui qui brigue maintenant la présidence de la Chambre de Commerce pour transmettre aux femmes et aux jeunes les valeurs sur lesquelles il a bâti son parcours professionnel : persévérance, audace, respect du partenaire et rage de réussir.
27 mai 2016. Les couloirs d’ « Espace Cent quatre Paris sud les Esselières », à Villejuif, dans la banlieue parisienne, sont tapissés de posters de l’homme d’affaires Burkinabè Apollinaire Compaoré, venu parrainer, pour la deuxième fois consécutivement, la cinquième édition de la Foire africaine de Paris, organisée par la Chambre de Commerce Africaine. A ce rendez-vous d’affaires, ont participé cinq exposants burkinabè, entièrement pris en charge par Apollinaire Compaoré. « Il avait voulu faire venir 15 personnes, mais seulement cinq ont obtenu le visa à l’ambassade de France », explique Siaka Koné, directeur commercial et marketing de Telecel. Quelques jours plus tard, on le retrouve à la deuxième édition de la nuit du Faso dan Fani (FDF) à Paris destinée à la promotion du tissu typiquement burkinabè.
A ces occasions comme à tant d’autres, l’un des hommes les plus entreprenants du Burkina a brillé, par sa simplicité et sa courtoisie. C’est sa marque de fabrique. La réussite dans les affaires ne lui est pas montée à la tête. D’un tempérament pondéré, il laisse les autres parler de lui, de ses mérites et vanter son sens des affaires. « Tout ce que j’ai pu faire, c’est grâce à Dieu, et s’il veut que mes affaires se développent, personne n’y pourra rien. S’il ne veut pas aussi, c’est pareil », explique-t-il
Début juin, un magazine panafricain a publié une information selon laquelle, la Commission bancaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) avait rejeté la demande d’agrément qu’il a déposé en vue de la création de Wari Banque Internationale. Une information fermement démentie par l’intéressé : « C’est faux. La Commission bancaire a juste demandé qu’on change de nom parce que Wari est déjà utilisé par plusieurs entreprises et institutions bancaires et ça pourrait prêter à confusion. J’ai déposé un nouveau nom qui a été accepté ». La nouvelle banque, dont le siège est déjà localisé à Ouagadougou, devrait voir le jour en 2017, au grand bonheur des consommateurs, en particulier les commerçants, les femmes et les jeunes porteurs de projets de création d’entreprise.
Fervent croyant, Apollinaire Compaoré croit bénéficier de la grâce divine dans tout ce qu’il entreprend. Il faut dire que la réussite de cet homme de 63 ans, originaire de Koassa, petit village de la province du Bazéga, à une cinquantaine de km de Ouagadougou, est tout sauf ordinaire, même si, des fortunés ayant le même profil que lui, on en trouve dans les pays africains. De parents paysans, comme l’est 80% de la population burkinabè, il est le quatrième d’une fratrie de cinq enfants, formés dès le jeune âge aux durs travaux champêtres et la garde du bétail familial. C’est, pour ainsi dire, son destin. Suivant la théorie de la reproduction sociale chère au défunt sociologue français Pierre Bourdieu, selon laquelle la position sociale de l’individu s’acquiert grâce au patrimoine transmis par les générations antérieures, Apollinaire Compaoré avait toutes les chances de mener une vie de paysan burkinabè. A moins de refuser un destin écrit à l’avance et d’être animé d’une farouche envie créatrice. Ce fut son cas. A 13 ans, ne sachant ni lire ni écrire, (son village manquant d’école), il décide d’aller à Ouagadougou, un saut dans l’inconnu. Dans cette ville où se côtoient des milliers d’anonymes, il survit en faisant de petits boulots, un travail précaire qui lui permet à peine de manger à sa faim. C’est la vraie galère, mais il tient bon. La dureté de la vie, il ne la découvre pas en ville. Le quotidien à Koassa lui déjà forgé un caractère, et il n’est pas venu en ville pour repartir au village bredouille. Il tient donc bon jusqu’à ce que la situation s’améliore au début de l’année 1970 quand il commence à vendre des billets de loterie, une activité qui lui servira de tremplin pour entrer plus tard dans le commerce des deux roues. En 1978, il crée « Volta Moto », devenue « Burkina Moto » après le changement de nom du pays en août 1984, une société spécialisée dans la distribution et la commercialisation de vélos et motos, moyens de transport par excellence au Burkina. « C’est dans cette activité qu’il a commencé à faire fortune », confie un de ses collaborateurs. Les affaires marchent et le voici piqué par le virus de la création d’entreprises. Il fonde la Société Burkina Transport en 1986, dédiée à l’approvisionnent en carburant des dépôts de la Société Nationale d’Hydrocarbures (Sonabhy), puis s’intéresse aux assurances, (Union des Assurances du Burkina), la grande distribution, (Société de distribution de produits de grande consommation), le crédit à la consommation avec la Société Burkinabè d’Equipements (SBE), auprès de laquelle des milliers de fonctionnaires et de salariés s’endettent pour soit, acheter une moto, soit pour acquérir un terrain d’habitation.
Au tournant de l’an 2000, la téléphonie mobile n’est qu’à ses débuts dans de nombreux pays africains dont le Burkina. C’est une affaire hautement rentable, mais les coûts d’investissements sont énormes. Apollinaire Compaoré crée le Groupe Planor en 2002 et s’associe avec des partenaires (Atlantic Télécom) pour acquérir Telecel Faso. Mais le mariage tourne au vinaigre et de procès en procès, la justice finit par lui donner raison en 2008. Entre temps, il a acquis 26% des parts dans MTN Côte d’Ivoire, le premier groupe africain de télécommunication dont le siège est en Afrique du Sud.
En 2011, le gouvernement malien lance un appel d’offre international pour l’attribution d’une licence de téléphonie globale. Le processus de cession qui a été long et mouvementé a débouché sur un accord définitif avec l’Etat malien avec sa société, créée pour exploiter la licence. Le 21 janvier 2013, le gouvernement a décidé en conseil des ministres d’attribuer la 3ème licence de téléphonie globale (téléphone fixe, mobile, internet) à Alpha Télécommunication (ATEL-SA), dont il détient la totalité du capital, pour une durée de 15 ans. Coût d’acquisition de la licence : 55, milliards de F CFA alors que le gouvernement en espérait engranger seulement 30 milliards. Les équipements sont en cours d’installation, et en dépit d’une vaste campagne médiatique de déstabilisation qui est menée contre lui, le compte à rebours est bel et bien lancé pour la mise en service du réseau d’ATEL-SA. « Je ne fais pas attention à ceux qui me dénigrent dans cette affaire. La meilleure réponse à leur apporter, c’est allo ! », Commente-t-il. Les activités d’ATEL-SA devraient également être lancées en 2017.
Membre de la Chambre consulaire depuis 1986, Apollinaire Compaoré croit que le moment est venu de briguer la présidence de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina (CCI-BF) après avoir retiré sa candidature en 2012 sous la pression. « J’ai de l’expérience dans le commerce et mon avenir est derrière moi. Dieu merci, je ne me plains pas, mais je ne veux pas que les jeunes connaissent les mêmes problèmes que j’ai rencontrés dans mon parcours. Il nous faut donc organiser les états généraux des affaires, car beaucoup de gens souffrent », ne cesse-t-il de marteler. S’il est élu à la présidence de la chambre de commerce, il mettra en place des dispositifs de financement au profit des jeunes, des formations qui correspondent aux besoins des entreprises et nouer des partenariats avec des écoles et universités étrangères pour former une nouvelle génération d’hommes d’affaires Burkinabè et Africains capables d’affronter la concurrence mondiale.
Il a ainsi accepté d’être le parrain de la promotion 2015-2016 des étudiants en Master2 Cadre supérieur d’administration des services publics et du secteur privé en Afrique délivré par la Faculté de droit et de Sciences politiques de l’université de Champagne-Ardenne, en France.
« Il a les atouts pour briguer la présidence et il faut s’attendre aux coups tordus que ses éventuels adversaires ne manqueront de lui donner pendant la campagne », analyse un cadre de la CCI-BF. Ce self-man en a conscience, mais comme il le répète inlassablement, « c’est Dieu qui décide, mais j’ai confiance parce que je remplis les conditions. Contrairement à certains, j’ai des entreprises qui marchent et qui emploient près de 1000 salariés permanents » rappelle celui que ses collaborateurs appellent affectueusement « PCA ».
Source: LeFaso.net
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