Les 30 et 31 octobre 2014, le peuple burkinabè, en particulier sa jeunesse, s’insurgeait contre le régime de Blaise COMPAORE, mettant à feu l’Assemblée Nationale et s’attaquant aux symboles et aux hommes du pouvoir déchu. L’insurrection a contraint Blaise COMPAORE et ses proches à fuir le pays, avec la complicité des autorités françaises.
Cette insurrection des 30 et 31octobre était le résultat de la lutte que le peuple mène depuis des décennies, particulièrement depuis l’assassinat du journaliste Norbert ZONGO et de ses compagnons d’infortune en décembre 1998. On se souvient que ces crimes odieux avaient provoqué une grave crise sociopolitique qui a évolué depuis en plusieurs phases.
Il apparaît clairement que la colère populaire qui s’est exprimée lors de l’insurrection a été nourrie par les pratiques du pouvoir COMPAORE marquées par des crimes de sang et des crimes économiques impunis, des atteintes graves aux libertés individuelles et collectives, le clientélisme et la volonté de se maintenir au pouvoir.
L’insurrection des 30 et 31 octobre revêt une portée historique pour le peuple burkinabè mais aussi pour les peuples de la sous-région, d’Afrique et du monde. Elle a montré l’énergie dont regorge le peuple, notamment la jeunesse, son courage et a suscité beaucoup d’espoir chez nous et ailleurs ; un espoir malheureusement déçu par le pouvoir de la transition mais aussi par le pouvoir actuel issu des élections de novembre 2015.
C’est la non prise en compte des attentes populaires notamment en matière de lutte contre l’injustice, l’impunité, la corruption, la vie chère, qui justifient l’explosion des luttes des travailleurs et des différentes couches sociales de notre pays.
En ce deuxième anniversaire de l’insurrection populaire, l’Unité d’Action Syndicale (UAS) s’incline à nouveau sur la mémoire des martyrs. En souhaitant un prompt rétablissement aux blessés et en exprimant sa profonde compassion à toutes les familles des martyrs, elle dénonce la lenteur et les tergiversations dans le traitement du dossier des martyrs de l’insurrection populaire.
L’UAS réaffirme son refus ferme de l’impunité, sa volonté de lutter contre les velléités de poursuite de la culture de l’impunité qui a provoqué un tort incommensurable au peuple burkinabè.
Dans un contexte national difficile marqué par une remise en cause des acquis de l’insurrection populaire et de la résistance victorieuse au coup d’Etat, l’UAS appelle les militants et militantes à renforcer leurs structures, à se mobiliser pour faire face aux défis énormes qui se posent à nous. En effet, la non mise en œuvre de nombreux engagements du gouvernement, les violations des libertés démocratiques et syndicales, les tentatives de soustraire les auteurs de crimes de sang et de crimes économiques, le pillage des ressources minières, du foncier urbain et rural, la poursuite des nominations de complaisance, la situation lamentable des systèmes de santé et d’éducation nous interpellent.
L’UAS renouvelle son soutien aux luttes que mènent des syndicats et des organisations socioprofessionnelles autour de leurs droits sociaux et économiques. Elle exige :
la lumière sur les auteurs et commanditaires des tirs contre les manifestants des 30 et 31 octobre ;
la mise en œuvre correcte des engagements de la rencontre Gouvernement/Syndicats de septembre 2015 ;
la vérité et la justice sur les crimes économiques et de sang ;
la prise de mesures sérieuses de lutte contre la vie chère ;
la prise de mesures pour la protection, la sauvegarde et la promotion des libertés démocratiques et syndicales ;
l’examen diligent des préoccupations objet des luttes des différents syndicats, des coordinations d’organisations de la société civile, des CCVC au niveau national et régional, l’arrêt des tentatives de démantèlement du Laboratoire National de Santé Publique ;
le respect des décisions de justice.
Dans ce sens, elle invite l’ensemble des militant(e)s, des travailleuses et travailleurs à renforcer leurs différents cadres de lutte, à s’engager dans la défense et l’approfondissement des acquis de l’insurrection Populaire des 30 et 31 octobre 2014 et de la résistance populaire et héroïque du 16 septembre 2015.
Vive l’insurrection Populaire des 30 et 31 octobre 2014 !
Vive l’Unité d’Action Syndicale (UAS) !
Ont signé :
Pour les Centrales syndicales :
Le Président de Mois
El Hadj Inoussa NANA
Secrétaire Général FO/UNS
Pour les Syndicats Autonomes :
Le Président de Mois
Siriki DRAME
Secrétaire Général/ SYNATIC
Source: LeFaso.net
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