Le bureau national du SYNTSHA (Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale), a animé une conférence de presse ce jeudi 15 septembre 2016 à la bourse du travail de Ouagadougou. A l’ordre du jour, essentiellement deux points. La situation qui prévaut à la CAMEG et l’état du traitement de la plate-forme revendicative du syndicat.

Dans cette crise, le syndicat considère que les travailleurs de la CAMEG vivent « un enfer », depuis mai 2016. Crise installée selon eux par le ministre de la santé, Dr Smaïla Ouedraogo. Quels sont les objectifs que le gouvernement poursuit en agissant ainsi ? Se demande, Pissyamba Ouedraogo, Secrétaire général du SYNTSHA. Pour lui, les mesures prises par le ministre qui tendent à mettre en place un autre conseil d’administration de l’association ainsi que l’installation d’un Directeur général, « se résument en l’utilisation sans état d’âme de l’appareil d’Etat ».

Venu soutenir les travailleurs lors de la tentative d’installer de force le Dr Damien Koussoubé, le 8 septembre dernier, sous protection de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), le syndicat dit avoir été empêché par ces derniers. Ce qui est inacceptable. Le SYNTSHA trouve que le volet judiciaire est utilisé par le gouvernement, notamment par le ministre de la santé comme « une mesure dilatoire ». Alors qu’il y a plus urgent à faire dans le domaine de la santé que de s’acharner sur la CAMEG.

Plus urgent que le dossier CAMEG


Pour exemple, il y a la gestion du projet de création de l’Institut national de santé publique (INSP). Ce projet semble concerner le centre MURAZ de Bobo-Dioulasso, le Centre de recherche de Nouna, le Centre national de recherche et de formation en paludisme et le Laboratoire national de santé publique (LNSP). Pendant que la plénière du Comité technique mis en place attend le rapport des partenaires sociaux sur la question, le décret portant organigramme du ministère de Santé, pris le 16 août dernier, mentionne l’INSP comme structure rattachée. Le Syndicat se demande à quel moment l’institut a été formellement créé. Et ce que deviennent leurs préoccupations en ce qui concerne les missions fondamentales du LNSP.

C’est pour répondre à la sourde oreille du gouvernement ainsi qu’à l’arbitraire érigé en méthode de gouvernement que la section Kadiogo du SYNTSHA organise un sit-in sur les différents lieux de travail du 19 au 22 septembre prochain, de 7 h à 11 h. A cet effet, le syndicat exige l’annulation des décisions relatives à la CAMEG prises après le 12 mai 2016. Il s’agit de la nomination en Conseil des ministres du 11 août 2016, du Dr Salifou Konfé et Dr Brice Evans Zoungrana comme représentant l’Etat au Conseil d’administration de la CAMEG. Et du récépissé de déclaration d’existence de la CAMEG du 24 août 2016.

Aussi, il est demandé la relecture du statut de la CAMEG pour en faire une société d’Etat, de sauvegarder les intérêts des travailleurs et d’arrêter la gestion politicienne des services de santé.

Et si rien n’est fait, ni ne change à l’issue de ce sit-in, le syndicat « tiendra le gouvernement pour seul responsable de la détérioration du climat social dans le secteur de la santé humaine et animale ».

Améliorer la gratuité des soins


En ce qui concerne le second point, le Secrétaire général affirme que la plate-forme issue du 13e Congrès du syndicat ténu en décembre 2015, est sur la table du gouvernement depuis le 18 avril 2016. Le 26 avril, le ministre a convoqué le SYNTSHA et seuls les points de revendication relevant de la santé humaine ont été abordés. La séance fut suspendue le même jour en attendant que le ministre convie les autres départements ministériels concernés.

Deux mois après la suspension des échanges, le syndicat a adressé une lettre de rappel au ministre de la santé, le 5 juillet 2016. Comme réponse du ministère, « les autres départements ministériels ne seraient pas disponibles ». Le syndicat considère cette attitude comme « de l’indifférence et du mépris ». Selon le SYNTSHA, ce mépris est d’autant plus inacceptable que depuis le 2 avril 2016, le gouvernement a décidé de mettre en œuvre des soins gratuits au profit des femmes enceintes et des enfants de moins de cinq ans. Il salue cette mesure dans son principe mais trouve que son application est faite « dans l’impréparation », ce qui aboutit à « une aggravation des problèmes de prise en charge des patients ». Le syndicat exige alors la reprise sans délai des négociations autour de sa plate-forme minimale.

Le SYNTSHA invite ses membres et sympathisants à se mobiliser pour la réussite de la lutte. Il organise un Conseil de Direction extraordinaire le samedi 24 septembre prochain à 8 h, à la bourse du travail de Ouagadougou pour statuer sur la suite à donner à leur lutte.

Depuis le début de cette crise, la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), a toujours été du côté des travailleurs de la CAMEG. Son Secrétaire général, Bassolma Bazié était présent à cette conférence de presse, animée par le SYNTSHA.

Marcus Kouaman

Lefaso.net

Source: LeFaso.net