Au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, il existe une école pour les enfants malades hospitalisés. Actuellement, elle est dirigée par Mariam Ouédraogo, installée le 20 janvier 2025. Officiellement inaugurée en mars 1990, c’est une école avec d’énormes défis qui assure l’éducation des enfants vivant avec des maladies souvent complexes.

L’école à l’hôpital accueille les enfants malades hospitalisés pour un long séjour. Elle les encadre de la maternelle au CM2. Pour les collégiens, il n’y a pas de programme, mais une bibliothèque qui leur permet de lire afin de passer le temps. Dans le temps, il existait une salle d’informatique pour les enfants. Malheureusement, le matériel informatique n’existe plus. La bibliothèque de l’école contient en majorité des livres venus d’Europe dont les contenus sont parfois déconnectés de nos réalités africaines. Elle a donc besoin d’être approvisionnée en œuvres africaines.

Le bâtiment de l’école

L’école était soutenue par une association, École à l’hôpital, qui était majoritairement composée d’expatriés. Beaucoup de ces expatriés sont rentrés chez eux. Donc l’association n’a plus suffisamment de membres pour mener des actions au profit des enfants.

Qu’à cela ne tienne, au sein de l’école, les enfants reçoivent le petit déjeuner et le goûter. Cela grâce à la générosité de personnes de bonne volonté. À notre passage, il ne restait que quatre bonbons et quelques biscuits. Les cahiers et autres matériels pédagogiques sont fournis par l’inspection Ouaga 2, l’école étant placée sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale.

Le tableau des enfants

La directrice de l’école, et par ailleurs unique enseignante, travaille actuellement avec une monitrice. Elle s’occupe du volet pédagogique et la monitrice s’occupe du volet loisirs. L’école n’a pas un nombre exact d’élèves parce que certains rentrent chez eux lorsqu’ils sont libérés de l’hôpital. Malheureusement, certains enfants décèdent.

Des élèves dans la salle d’activités avec la monitrice

« Je sens qu’ici, ils sont épanouis »

« Nous n’avons pas un effectif exact. Il y a des moments où nous avons beaucoup d’enfants. Il y a des moments où nous n’en avons pas beaucoup. C’est vrai que c’est une école, mais c’est ce que l’enfant veut qui prime. Parce qu’il est déjà malade et il faut le mettre dans de bonnes dispositions. Il faut lui apporter de l’amour, de l’affection et de la joie. Lorsque je sens qu’ils ne veulent plus lire et qu’ils veulent aller en salle d’activités, je les laisse aller et la monitrice s’occupe d’eux. L’apprentissage se passe bien avec ces enfants. Lorsqu’un enfant découvre qu’il y a une école où il peut venir apprendre à lire et à écrire, mais aussi à jouer, il ne manque plus de venir à l’école, sauf s’il est libéré. Aussi, nous avons des bonbons et des biscuits pour eux. Ce qui les motive également. Je leur ai demandé de venir après les visites des médecins, mais chaque fois ils viennent avant. Les parents sont obligés de venir les chercher et de nous les ramener après les visites. Je sens qu’ici, ils sont épanouis et cela leur permet d’oublier un tant soit peu leurs traitements qui sont quelques fois lourds. J’ai demandé à une fillette pourquoi elle aime venir très tôt pour les cours au lieu d’attendre la visite des agents de santé. Elle m’a dit que chaque matin, on lui met du sang et le soir, on lui met du sérum. J’ai compris que l’école lui permet d’oublier un peu ce qu’elle vit », a expliqué la directrice.

La directrice de l’école Mariam Ouédraogo appelle les personnes de bonne volonté à l’aide

Au sein de cette structure scolaire située au sein de l’hôpital, les enfants font des exercices et des devoirs comme dans les établissements scolaires normaux. « Mon seul gros souci, c’est qu’un enfant peut bien commencer les cours et, quelques temps après, on le libère. Parfois, l’enfant décède. Hier matin, le professeur Fla et une docteure étaient de passage et ils m’ont annoncé le décès d’un de mes élèves. Tu peux être avec un enfant aujourd’hui, et demain on vient te dire qu’il est décédé. C’est ça mon gros problème », a indiqué madame Ouédraogo, peinant manifestement à retenir ses larmes.

La directrice appelle les personnes de bonne volonté à intervenir pour la prise en charge du goûter des enfants, mais aussi la réfection du bâtiment qui est vétuste. Elle demande à ce que les Burkinabè se mobilisent pour offrir un arbre de Noël aux enfants à chaque Noël. « L’école a besoin d’être réfectionnée. Nous avons besoin qu’on nous accompagne sur tous les plans. Parce que c’est une école qui aide beaucoup les enfants malades. Il faut que ces enfants sentent que les gens sont là pour eux. Il ne faut pas qu’ils se sentent abandonnés. Actuellement, il nous reste une petite quantité de goûter, mais si ça finit, je ne sais pas ce que nous allons faire », s’inquiète la responsable de l’école.

Le reste du goûter

Monitrice depuis 1989 à l’école de l’hôpital, Elisabeth Kouraogo dit être un peu triste de constater que l’école manque d’accompagnement. Car selon ses dires, les activités de l’école ont beaucoup baissé. Au début, à l’écouter, il y avait plusieurs bénévoles, des expatriés en grande majorité, qui venaient prendre soin des enfants. « Il y a deux ou trois ans, le niveau de nos activités a vraiment baissé. Avant, on faisait des affiches pour aller les exposer dans des écoles de renom pour avoir des bénévoles et de bonnes volontés pour nous aider avec le goûter et le petit déjeuner des enfants. Chose que nous n’arrivons plus à faire parce que je suis seule en tant que monitrice. Il y avait une pâtisserie de la place qui nous offrait ses invendus pour les enfants. Malheureusement, elle ne le fait plus parce que la présidente qui nous soutenait a été changée », a relevé la monitrice.

Des bénévoles introuvables…

« Chez nous les Burkinabè, c’est très dur d’avoir des bénévoles. Certains viennent pendant un ou deux mois et commencent ensuite à poser un problème d’essence pour se déplacer. Donc, pour avoir des bénévoles au niveau du Burkina, c’est très compliqué », regrette la monitrice.

Pour elle, l’une des difficultés majeures est de convaincre les parents de laisser leurs enfants suivre les cours. Parfois, ajoute la monitrice, un enfant affiche sa volonté d’aller à l’école, mais, affaibli par la maladie, il ne peut pas se déplacer pour suivre les cours. On a souvent mal de voir qu’un enfant veut venir à l’école mais a du mal à se déplacer parce qu’il est faible. Dans le temps, nos élèves souffraient surtout de drépanocytose ou d’insuffisance cardiaque. Mais ces six dernières années, nous recevons des enfants qui ont des maladies très complexes comme le cancer. Et la chimiothérapie affaiblit les enfants », note madame Kouraogo.

La monitrice de l’école Elisabeth Kouraogo

Hospitalisée depuis cinq mois à la pédiatrie de l’hôpital Yalgado, Balkissa Zili dit être heureuse d’apprendre à lire et à écrire, car elle n’a pas eu la chance d’être scolarisée. Âgée d’une dizaine d’années, la fillette est venue de Côte d’Ivoire. Grâce à la directrice et à la monitrice, elle arrive à apprendre les lettres de l’alphabet, à compter et à faire des dessins. Balkissa souhaite retrouver vite la santé, mais aussi avoir la chance d’aller à l’école normale comme tous les enfants de son âge. Selon la directrice, elle assimile très vite les cours et montre une volonté d’aller à l’école.

Rama Diallo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net