L’Eglise du Burkina célèbre les 125 ans d’évangélisation cette année 2025. La clôture de ce jubilé aura lieu au sanctuaire Notre-Dame de Yagma avec le pèlerinage national prévu pour le 16 février 2025. A quelques jours de cette célébration, le recteur du sanctuaire de Yagma, l’abbé Jules Pascal Zabré, déroule le programme des activités dans cette interview qu’il nous a accordée. Pour le recteur, le bilan des 125 ans d’évangélisation est satisfaisant au regard de ses nombreux bienfaits apportés à la société burkinabè dans des domaines comme l’éducation, la santé et autres. Par ailleurs, il invite les populations à participer massivement au pèlerinage le 16 février prochain.
Lefaso.net : L’Église célèbre cette année le jubilé des 125 ans d’évangélisation du Burkina. Quel est l’esprit de cette célébration ?
Jules Pascal Zabré : Nous sommes dans un double jubilé au niveau de l’église. D’abord, sur le plan universel, l’Église universelle célèbre, en cette année 2025, 2025 ans de l’incarnation, de la rédemption de notre Seigneur Jésus-Christ. Ce jubilé, qui est un moment d’action de grâce, nous oriente résolument vers Dieu d’où nous vient toute grâce et à qui nous sommes très reconnaissants.
La vie de l’Église est ainsi faite et elle naît à partir de l’incarnation de Dieu, après avoir parlé aux hommes de multiples manières, et en dernier ressort, Dieu nous a parlé par son Fils. C’est un motif d’action de grâce à Dieu parce que nous sommes sauvés. C’est l’année du souvenir de notre rédemption. Si cela est célébré sur le plan universel, nous nous réjouissons aussi au Burkina Faso de cette bonne nouvelle qui nous est parvenue. Au Burkina Faso, cela fait 125 ans que nous célébrons la joie d’avoir accueilli l’évangile.
C’est une année jubilaire, une année sainte, une année d’actions de grâce. Le Pape a procédé, le 24 décembre 2024, à l’ouverture d’une porte au Vatican, de la basilique Saint-Pierre entraînant ainsi le peuple de Dieu dans cette marche jubilaire, dans la joie de la rédemption du Sauveur, de la rédemption de notre humanité. Au niveau des diocèses dans le monde entier, il a invité tous les évêques du monde entier à marquer cette année par l’ouverture de quelques portes symbolisant la marche du peuple de Dieu dans cette allégresse qui est offerte par Dieu.
Dans notre archidiocèse, par décret, le Père archevêque Mgr Prosper Kontiébo nous a entraînés à marquer aussi cette année. Si bien qu’une porte de la cathédrale a été ouverte et partant les sept autres portes dans les sanctuaires de notre archidiocèse, des paroisses et des édifices religieux seront ouverts pour entraîner le peuple de Dieu dans cette action de grâce. Pour nous, c’est un événement très heureux. Et le mot jubilé prend ici vraiment tout son sens, parce que c’est la célébration d’un événement joyeux, heureux qui a marqué l’histoire d’un peuple. C’est un événement qui a marqué l’église particulière du Burkina.
125 ans d’évangélisation, c’est pour nous l’occasion de faire un bilan sur les options pastorales. Depuis 1942, où nous avons nos premiers prêtres, nos pères évêques, le clergé a pris une dimension très estimable et nous avons des évêques qui, en tant que guides du peuple de Dieu, se sont réunis toujours pour voir comment orienter le peuple de Dieu. Nous sommes à même d’évaluer toutes les options pastorales qui ont été prises pour que le peuple de Dieu marque lui aussi le chemin de la sainteté. Cette occasion, comme tout jubilé d’ailleurs, est une occasion de regard en arrière. Cette rétrospection nous permet de célébrer le présent et d’envisager quelque chose pour l’avenir. En même temps que nous faisons le bilan des options pastorales, il y a une perspective aussi pour voir ce que l’église sera demain, notamment celle du Burkina. C’est ce qui va nous amener à célébrer aussi d’une manière particulière cette année jubilaire dans l’église famille de Dieu au Burkina Faso.
Vous avez parlé de bilan sur les options pastorales. Qu’est-ce qu’on peut retenir des 125 ans d’évangélisation du Burkina ?
Nous pouvons déjà rendre grâce à Dieu par rapport à l’effectif des baptisés. Bien sûr, ce n’est pas la quantité. Si nous sommes passés d’un chrétien à des milliers que nous sommes, nous sommes déjà satisfaits. C’est un bilan heureux. Ces 125 ans sont l’occasion pour nous de voir ce que l’Église a pu faire pour notre société, notre pays. Quand nous pensons à ceux que l’évangile a transformés au sein de notre société, je pense que nous pouvons être les premiers à rendre grâce au Seigneur. Les écoles, la santé, dans le domaine de l’agriculture et autres, sans parler de l’affranchissement des uns et des autres, la libération de la femme. Ce sont des contextes que nous pouvons indexer et justifier notre action de grâce. Donc 125 ans d’évangélisation, je pense que ce bilan est hautement positif. Et nous sommes encore dans l’allégresse de pouvoir ouvrir d’autres perspectives.
Pouvez-vous nous rappeler les grandes étapes de la célébration ?
S’agissant de la célébration des 125 ans d’évangélisation, nous pouvons dire que notre jubilé se célèbre maintenant en action de grâce, parce que nous avons déjà marqué les étapes de ce jubilé. Depuis 2021, nous sommes dans cette marche jubilaire. Et vous l’aurez remarqué, depuis l’année passée, par couches et par groupes spécifiques, nous avons célébré ce jubilé. Il y a eu le jubilé des prêtres, le jubilé de la vie consacrée, celui des catéchistes. Le 16 février prochain, nous allons avoir l’occasion de passer le flambeau à tout le peuple de Dieu. Les laïcs ont célébré pratiquement leur année et ils vont encore prendre ce flambeau et aller au témoignage de la vie chrétienne.
La clôture de ce jubilé aura lieu au sanctuaire avec un pèlerinage national. Parlez-nous de ce pèlerinage ?
Les évêques de la conférence épiscopale Burkina-Niger ont décidé de la célébration de la clôture de notre année jubilaire à ce lieu. Et le rendez-vous est pris pour le 15 et le 16 février. En effet, le 15 est une journée d’accueil et de jubilation pour entrer en pleine célébration d’action de grâce le lendemain 16 février. La thématique reste la même : « 125 ans d’évangélisation au Burkina Faso : bilan des options pastorales et perspectives d’avenir ».
Dès le 15 février, ici au sanctuaire, comme au centre national Cardinal Paul Zoungrana, nous allons marquer ce temps par la reconnaissance de ce que l’église a pu faire pour notre société. Nous allons célébrer dans la joie, les transformations au niveau de la société. Cette journée nous donnera l’occasion de revoir comment l’église vit. Au niveau du sanctuaire, à partir de 18h30, nous aurons comme programme du sanctuaire la récitation du chapelet à 18h30, le 15. Il y aura aussi une grande animation spirituelle.
Nous allons inviter tous ceux qui veulent rendre grâce à Dieu par le vocal, aussi par le visuel, parce qu’il y aura des prestations culturelles et dansantes. A partir de 23h, nous allons faire le silence et rentrer dans la grande prière du rosaire qui sera suivie de l’adoration du Saint-Sacrement. Le 16 février, ce sera l’occasion de rendre grâce au Seigneur avec tout le peuple de Dieu. Nous invitons les fidèles à sortir massivement pour que notre action de grâce soit vraiment le manifeste d’un peuple qui est reconnaissant du salut qui lui a été accordé par Dieu. Nous attendons le peuple de Dieu.
En attendant le 16 février pour le pèlerinage national, comment préparez-vous l’évènement ?
Nous voyons que les gens préparent cette fête, non pas dans l’activisme, mais surtout dans la sérénité spirituelle. Donc, l’occasion nous a été donnée de comprendre cela et de voir cela à travers tout ce que nous avons comme demande de messes. Des actions de grâces au Seigneur pour 125 ans d’évangélisation, des chapelets sont organisés, les temps d’adoration qui sont organisés au sein du sanctuaire, mais aussi dans les paroisses. Et cela se prépare bien.
Sur le plan pratique, nous voyons que le sanctuaire tente aussi de faire peau neuve. C’est l’occasion pour nous d’inviter les uns et les autres à se mettre en tête que l’accueil doit être réservé à des millions de personnes. Nous demandons à chacun de voir ce qu’il peut faire pour que Yagma puisse accueillir tout ce monde. Nous avons certains projets de réfection et de rénovation. Je pense que tout cela contribue à nous préparer sur tous les plans à accueillir cet événement heureux pour notre pays.
Que représente le sanctuaire Notre Dame de Yagma pour l’Église du Burkina ?
La date d’érection de ce sanctuaire comme lieu de prière de manière officielle, c’était depuis le 11 mars 1968. Depuis lors, vous voyez ce que cela donne comme résultat. Le sanctuaire Notre-Dame de Yagma est un joyau de Dieu qui est au Burkina Faso. C’est un sanctuaire diocésain, mais à vocation nationale, régionale et internationale. Comme vous pouvez le constater, le sanctuaire n’accueille pas seulement des gens d’une paroisse de Ouagadougou.
C’est un sanctuaire ouvert à tout le monde. Depuis sa date de création, le 11 mars 1968, à nos jours, c’est un lieu incontournable sur le plan spirituel. Yagma est un haut lieu de la spiritualité mariale, chrétienne, d’une manière générale catholique. Ce centre est un poumon respiratoire pour le Burkina Faso, pour l’Église universelle. C’est un lieu où Marie accueille ses fils et filles pour les conduire à Jésus. Qui vient à Yagma, repart avec Jésus dans son foyer et dans le monde.
Avez-vous un appel spécial à lancer dans le cadre de cette célébration ?
Pour les 125 ans d’évangélisation du Burkina Faso, ce qui est attendu de chacun de nous (chrétien ou pas), c’est de prier pour que ce que les missionnaires nous ont transmis, comme la foi en Dieu, soit visible dans nos actions. Si nous célébrons les 125 ans d’évangélisation de l’humanité, de la rédemption du monde, la bonne nouvelle est que nous avons appris comment Dieu est amour et comment il nous demande de nous aimer les uns les autres.
Si j’ai un appel à lancer, c’est demander à prendre conscience que ces célébrations jubilaires nous amènent à reconnaître que Dieu est amour et qu’il nous appelle aussi à nous aimer les uns les autres. Après cela, en redoublant d’efforts dans la prière, nous pouvons aussi aider. Je pense qu’une année jubilaire, on remet les compteurs à zéro pour que chacun prenne conscience de sa situation d’homme pécheur cherchant à être saint. Cette année est un moment d’évaluation de notre vie de sainteté dans cette Église et dans cette société. Mon appel est de demander au peuple de cheminer dans la sainteté. Un autre appel à lancer, cela va à l’endroit de tous ceux qui aiment le sanctuaire Notre-Dame de Yagma, c’est de nous aider à préparer les lieux pour accueillir vraiment le monde qui va venir prier.
Je lance aussi un appel au soutien. Soutien matériel, financier, parce que ce lieu a encore besoin de s’offrir des lieux où nous pouvons venir et être à l’aise dans la prière. Alors donc l’appel à lancer concerne effectivement tous les Burkinabè pour que nous puissions faire de ce lieu un tremplin pour aller à Dieu, un tremplin pour aller aux autres et dans nos familles. C’est vraiment ce que nous attendons de tout notre cœur, ce que nous nous formulons depuis le début de l’année, la paix. Yagma est un lieu de paix, un lieu où on vient retrouver la paix pour aller la partager aux autres.
Interview réalisée par Serge Ika Ki et retranscrite par Rachidatou Démé (stagiaire)
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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