La gendarmerie nationale a annoncé le démantèlement d’un réseau de présumés escrocs utilisant le canal QNET. C’était au cours d’une conférence de presse tenue dans la matinée de ce mercredi 8 janvier 2024, à Ouagadougou, présidée par le lieutenant Justin Bagré, commandant de la section de recherches de la 3ᵉ Légion de gendarmerie à Ouagadougou.

[1] réseau a été démantelé dans la nuit du 22 au 23 décembre 2024, suite à une dénonciation d’un citoyen. C’est suite à cette dénonciation que la cellule criminelle de la section de recherches de la 3e légion de gendarmerie à Ouagadougou a pu débusquer « ces individus suspects en train d’arnaquer un jeune Malien via le système QNET ».

Le présidium lors de cette conférence de presse

Selon les explications de la gendarmerie nationale, les présumés escrocs appâtaient leurs victimes par des promesses de contrats juteux de footballeurs en Europe ou d’un emploi bien rémunéré.

« Les fameux leaders précités font miroiter à leurs frères et sœurs restés au pays, via les réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp, Instagram), des contrats juteux en Europe qu’ils pourraient décrocher à travers un centre de formation de football bien équipé au Ghana et des salles de gymnastique sophistiquées. Des fiches de recrutement de ces centres imaginaires et des photos des infrastructures sportives accompagnent le projet funeste. Tantôt c’est la promesse d’emplois ou de métiers bien rémunérés dans le pays d’accueil qui est faite, tantôt ce sont des placements dans des centres de formation de football qui sont proposés aux victimes. Des sommes comprises entre 500 000 francs CFA et 800 000 francs CFA sont transférées sur des numéros de leurs bourreaux par les parents ou leurs enfants convaincus », a expliqué l’adjudant-chef Mohamed Koné, chef de la cellule criminelle de la section de recherches de la 3e légion de gendarmerie à Ouagadougou.

L’adjudant-chef Mohamed Koné, chef de la cellule criminelle de la section de recherches de la 3ᵉ légion de gendarmerie à Ouagadougou.

« Ainsi, les enfants sont mis en route et, une fois à destination, leurs téléphones portables sont retirés pour les empêcher de communiquer avec leurs parents. Ensuite, ils font l’objet d’une séquestration au cours de laquelle les bourreaux commencent à les familiariser avec les outils de « QNET ». Poursuivant le processus de lavage de cerveau, les pensionnaires sont conduits dans des stades de football et des gymnases d’où des prises de vue sont réalisées. Après cette séance d’illusions, les images sont envoyées à leurs parents en leur réclamant le versement des sommes comprises entre deux et cinq millions de francs CFA pour leur prise en charge. Une fois ces montants versés, les victimes sont coupées du reste du monde et communiquent sous la surveillance stricte de leurs leaders dans la seule intention d’appâter de nouvelles victimes », a poursuivi l’adjudant-chef Mohamed Koné.

Vue de la 1ʳᵉ vague des présumés escrocs

Selon l’adjudant-chef Mohamed Koné, « ces jeunes affamés et traumatisés, perdent souvent leurs vies à cause des rudes conditions de vie et de détention ». Et pour dissimuler leur plan, des Maliens, des Guinéens et des Ivoiriens sont attirés vers le Ghana en transitant par le Burkina Faso. Les jeunes Burkinabè sont quant à eux, transférés au Mali.

Toujours selon la gendarmerie nationale, au terme des investigations menées, 14 individus dont un de sexe féminin ont été interpellés. Ils sont de plusieurs nationalités. Tous ces présumés escrocs ont été interpellés respectivement dans six villas, situées au quartier Wapassi, secteur n°30, arrondissement n°07 de Ouagadougou.

Vue de la 2ᵉ vague des présumés escrocs

Vingt téléphones portables, deux ordinateurs portables, etc., ont été également saisis. Plusieurs documents d’identité appartenant aux victimes retrouvées et divers documents (fiches d’inscriptions, certificat d’identité et de résidence) ont été saisis.

Par ailleurs, 160 jeunes âgés entre 17 et 25 ans, dont 6 Burkinabè, 78 Béninois, 3 Centrafricains, 21 Guinéens, 16 Camerounais, 3 Maliens, 4 Ivoiriens, 6 Nigériens, 15 Togolais, ont été libérés et remis à leurs parents ou à leurs consulats.

La gendarmerie nationale précise que 80 millions de FCFA environ ont été encaissés par ces présumés auteurs.

Pour la gendarmerie nationale, les faits suscités sont constitutifs des infractions d’escroquerie, de tentative d’escroquerie, de faux et usage de faux en écriture privée, d’usurpation de titre, de séquestration. Ainsi, les personnes soupçonnées seront conduites devant le procureur du Faso, près le tribunal de grande instance de Ouaga-I pour répondre de leurs actes, assure la gendarmerie nationale.

Vue du matériel saisi

A en croire la gendarmerie nationale, la liste des victimes n’est pas exhaustive, car plusieurs jeunes de pays de la sous-région sont toujours entre les mains de leurs bourreaux sur les territoires ghanéen, malien et guinéen.

La gendarmerie nationale a saisi l’occasion pour attirer l’attention de la population sur les risques élevés liés à l’aventure tels que les décès, les maladies, la séquestration, l’arnaque, la traite des personnes et le trafic d’organes humains. « Aux jeunes gens, il est plus impérieux d’éviter les opportunités d’embauches faciles et de prendre conscience que l’on peut bien réussir autant dans son pays d’origine qu’ailleurs. Il suffit d’avoir le cœur à l’ouvrage », conseille la gendarmerie nationale.

Le lieutenant Justin Bagré, commandant de la section de recherches de la 3ᵉ légion de gendarmerie à Ouagadougou

Une invite est également lancée à l’endroit des populations à faire confiance aux forces de défense et de sécurité en dénonçant tout cas suspect auprès des services de police judiciaire en appelant les numéros verts suivants : la gendarmerie au 16, le Centre national de veille et d’alerte au 1010, le Centre des opérations de la gendarmerie nationale au 80 00 11 45, la police au 17.

La presse mobilisée pour cette circonstance

Mamadou Zongo

Lefaso.net


[1] Ce

Source: LeFaso.net