La Fédération des Syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER) a tenu son 3ᵉ conseil syndical ordinaire, du 20 au 21 décembre 2024, à Ouagadougou. C’était sous le thème « Face aux défis actuels du système éducatif liés à l’impact de la guerre et aux réformes néolibérales, renforçons l’unité entre les acteurs de l’éducation et de la recherche. » La cérémonie de clôture du conseil syndical a eu lieu le samedi 21 décembre. La rencontre a réuni 123 délégués des différentes structures de la fédération.

Au cours de cette rencontre, les syndicalistes ont formulé une motion de condamnation des réformes au niveau de l’éducation et de la recherche. Ils ont dénoncé « les mesures néolibérales implémentées dans le secteur de l’éducation et de la recherche et aux conséquences lourdes, aussi bien pour les acteurs que pour le système lui-même. » « Nous condamnons l’impréparation qui caractérise la réintroduction de l’éducation civique et la généralisation de l’Approche pédagogique par les compétences Pédagogie intégratrice (APC/PI) ainsi que le forcing opéré dans leur mise en œuvre », ont-ils clamé. Ils ont invité le gouvernement à œuvrer à réunir les conditions préalables et idéales à la réintroduction de l’enseignement de l’éducation civique au post-primaire et secondaire.

La F-SYNTER a également fait une motion pour exiger l’arrêt de toutes les mesures tendant à la remise en cause des libertés démocratiques et syndicales. L’organisation syndicale a appelé les travailleurs à rester mobilisés pour défendre les libertés démocratiques et syndicales « chèrement » acquises.

Une vue des syndicats

« Il apparaît qu’une bande d’individus s’est accaparé les rouages de l’administration de l’institution éducative et se révèle être de véritables fossoyeurs du système éducatif. Ils passent d’un poste à un autre, servent tous les régimes et changent de langage au gré des attentes des autorités du jour. Ils sont incapables d’impulser une véritable réforme pour une éducation démocratique et accessible aux enfants de notre peuple. Artisans des réformes libérales dans le secteur, leurs arguments, bien souvent, se résument au recours à la répression des acteurs », a révélé le secrétaire général de la F-SYNTER, Souleymane Badiel.

Le secrétaire général de la F-SYNTER Souleymane Badiel a félicité l’ensemble des acteurs pour le maintien de l’orientation de la Fédération

Selon ce dernier, les réformes engagées dans l’éducation et la recherche risquent d’avoir des répercussions sur la qualité de l’enseignement, mais aussi sur l’organisation des examens à venir. « La rentrée scolaire de septembre 2024 a été parachutée par la réintroduction de l’enseignement de l’Éducation civique dans les classes du post-primaire et du secondaire. Outre la précipitation caractérisant la mise en œuvre de cette mesure, la réalisation de cet enseignement suivant le statut d’une discipline entière et l’option de la faire prendre en charge par les professeurs d’histoire-géographie et de français-histoire-géographie induisent des problèmes sur le plan pédagogique, de dégradation des conditions de vie et de travail, de la qualité des apprentissages. C’est pourquoi, il faut saluer la réaction des professeurs d’histoire-géographie et de français-histoire-géographie qui, loin d’être un acte de rejet de l’enseignement de l’éducation civique, vise à amener les décideurs à réunir les conditions nécessaires à son enseignement réussi. Sur le même registre, le cafouillage qui caractérise l’application de la réforme pédagogique qu’est l’APC/PI, crée plus de confusion sur le terrain. Il est aisé d’imaginer les répercussions que ces options pourraient avoir sur la qualité des enseignements mais aussi sur l’organisation des examens à venir », a souligné le premier responsable de la F-SYNTER.

La fédération se dit solidaire du secrétaire général de la CGT-B, Moussa Diallo, qui a « échappé à un enlèvement » et a été licencié de la Fonction publique.

Rama Diallo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net