Alors qu’il a tenu, le 28 novembre 2024, à Tenkodogo, dans la région du Centre-est, une instance de renouvellement de son organe dirigeant, le Conseil national de l’économie informelle du Burkina Faso (CNEI-BF) se voit émaillé par la sortie de certains des membres pour dénoncer une violation des textes par une partie du bureau exécutif national, avec à sa tête le président sortant, Salifou Nikiéma. Le vendredi 6 décembre 2024, à Ouagadougou, des membres du bureau ont animé une conférence de presse autour du sujet.

C’est donc un climat de discorde qui règne entre les acteurs de cette faîtière, le Conseil national de l’économie informelle du Burkina Faso (CNEI-BF). Et tout est parti de l’élection du nouveau bureau, le 28 novembre 2024 à Tenkodogo, dans le chef-lieu de la région du Centre-est, à l’issue de laquelle, le président sortant, Salifou Nikiéma, a été reconduit pour un mandat de cinq ans. Pour une partie des membres, l’instance a été tenue en violation des textes qui régissent l’organisation. Ils demandent que l’élection soit reprise, en respectant « simplement » les textes que l’organisation s’est donnés.

Selon les conférenciers, membres du bureau exécutif national sortant, plusieurs plaintes d’associations co-fondatrices du CNEI-BF ont conduit le ministre de tutelle (ministre des sports, de la jeunesse et de l’emploi) à demander à ce que l’activité soit suspendue pour lever les préoccupations. « Malgré les multiples interpellations à travers des correspondances adressées au ministère de tutelle et des conférences de presse, le bureau exécutif a maintenu le congrès du 28 novembre passé à Tenkodogo. En rappel, ce congrès ne respectait pas les statuts du Conseil national de l’économie informelle, notamment le délai d’un mois pour sa convocation et le nombre de participants (quorum) qui devait être plus élevé, comme ce fut le cas en 2019 (environ 400 participants) », ont exposé les conférenciers.

Vue d’acteurs de l’économie informelle participant à la conférence.

Le secrétaire chargé des services du CNEI-BF, Adama Emmanuel Nacoulma, et le secrétaire général du CNEI-BF, Saïdou Zangré, regrettent donc qu’au lieu de cela, « une partie du bureau exécutif national, avec à sa tête le président Salif Nikiéma, a réuni 51 personnes pour se faire un théâtre au lieu d’un vrai congrès de renouvellement de bureau ».

A en croire ces responsables, la plupart de ceux qui y étaient ne comprenaient rien de ce qui était prévu. Toujours selon leurs explications, il a été suscité sur place à cette rencontre de Tenkodogo un « candidat fictif » pour se présenter contre le président sortant, Salifou Nikiéma (donnant 49 voix pour Salifou Nikiéma et deux voix pour ledit challenger).

Adama Emmanuel Nacoulma et…

« En 2019, quand on partait aux élections, il y a eu 449 votants et nous avons gagné ; c’était transparent et crédible, tout le monde a suivi. Mais cette fois-ci, ce n’est pas le cas. Nous avons donc dit à Salifou Nikiéma qu’il faut convoquer tous les membres-fondateurs de ce conseil pour renouveler le bureau. A notre grande surprise, il envoie une convocation à deux semaines pour dire qu’on doit renouveler le bureau. Or, dans nos textes, les articles 29 et 32 disent que pour aller à des élections, il faut convoquer les gens au moins un mois avant, donner le lieu et l’heure. Cela n’a pas été le cas. Ensuite, pour aller en élection, il faut d’abord convoquer le bureau exécutif national, les bureaux régionaux, les bureaux provinciaux et les bureaux communaux. Ce qui n’a pas été non plus fait. Et quand on partait à Tenkodogo, le ministre de tutelle avait dit de surseoir parce qu’il y avait tellement de plaintes au ministère sur le sujet, pour que nous puissions mettre les points sur les i avant d’y aller. C’était le 27 novembre. Le même jour, le ministre a encore envoyé une correspondance pour dire de respecter les textes qui lient le Conseil national de l’économie informelle et de ne pas aller aux élections », a détaillé Saïdou Zangré.

… Saïdou Zangré, principaux orateurs à la conférence de presse.

« Ils sont d’abord allés à Manga et ils ont été refusés, parce qu’ils n’avaient pas un document qui disait qu’ils venaient pour un congrès. C’est de là que, 72 heures après, ils se sont déportés à Tenkodogo. Et quand nous avons eu vent qu’ils partaient à Tenkodogo, il fallait partir pour leur rappeler que le ministre de tutelle a envoyé une correspondance pour dire de surseoir à ce congrès », a en substance poursuivi M. Zangré, soulignant qu’il y a eu violation des textes sur toute la ligne.

« Nous ne sommes pas contre monsieur Salifou Nikiéma, nous disons simplement qu’il faut respecter les textes, organiser des élections transparentes, pour que tout le monde puisse avoir la possibilité d’être candidat. Pourquoi organiser clandestinement des élections ? Nous n’avons pas un candidat, nous voulons seulement que ça respecte les textes », ont dit les conférenciers, interpellant les protagonistes à éviter les attitudes qui sont de nature à ajouter des bisbilles inutiles au contexte national déjà difficile.


O.L

Lefaso.net


Source: LeFaso.net