Dans le cadre de la mise en œuvre de son projet « Renforcement de la résilience communautaire des ménages agrosylvopastoraux dans les régions de la Boucle du Mouhoun, du nord et du Centre-nord » (RESICOM), Solidar Suisse Burkina déroule une série d’activités dans la région du Nord. C’est dans cet élan que s’est déroulé dans la soirée de vendredi 22 novembre 2024 à Gourcy, chef-lieu de la province du Zondoma (une des quatre provinces de la région), un match atypique dénommé « Match de la paix » entre deux villages bénéficiaires des interventions du projet, à savoir Maco et Minima. C’était sous la présidence du haut-commissaire de la province du Zandoma et en présence de plusieurs autorités, dont celles administratives et coutumières.

La mobilisation était forte à la place de la Nation de Gourcy, ville située sur la route nationale N°2, Ouagadougou-Ouahigouya. Bien plus que de l’innovation, c’est à un match atypique que les populations ont assisté. En plus d’être réservé aux personnes de troisième âge, le match a mis aux prises, sept joueurs de part et d’autre, parés d’un accoutrement aussi hilarant qu’atypique. Le tout, dirigé par un arbitre, Souleymane Ouédraogo du secteur N°4 de la ville de Gourcy, libre de fixer les règles du jeu, même à la surprise des acteurs sur le terrain. Et tout y passe, avec joie et au plaisir des spectateurs, heureux d’être ainsi servis, et bien. Pour illustration, un joueur pouvait être sanctionné par « l’illustre arbitre », pour avoir osé un duel avec un joueur adverse de taille moins imposante ou encore, pour avoir gagné un duel devant un adversaire de grand gabarit. Et pour la réparation, le fautif est appelé à porter au dos, le joueur « victime » pour quelques pas sur le terrain. Ce à quoi se plaisaient les uns et les autres, dans les deux camps. Bref, c’est dans ces « règles » de jeu bien fixées, que s’est déroulé le match, en deux fois dix minutes et après le coup d’envoi simultanément donné par le haut-commissaire, le président de la délégation spéciale de Gourcy, le représentant de Solidar Suisse Burkina et d’autres autorités présentes.

La rencontre a drainé un grand monde à la place de la nation de Gourcy.

Le coup d’envoi de l’arbitre n’a connu aucun round d’observation. Le village de Maco (vêtu de blanc) ouvre le score dès la 2e minute. Le match gagne en intensité avec des répliques de l’équipe adverse. La pression finit par provoquer un penalty, à la 5e minute. Le penalty est, lui-même, exécuté avec, en effet, tireur et gardien qui donnent dos au ballon, tout en gardant l’œil sur le ballon. Ainsi, le joueur procède au tir par talonnade et le gardien tente l’arrêt dans cette position où il le dos au ballon. Le penalty est marqué, à la grande satisfaction du village de Minima. C’est sur ce score de parité, 1-1, que les deux équipes observent la pause de deux minutes.

Aminata Ouédraogo (à gauche) et Awa Ouédraogo, venues en renfort de part et d’autre pour tirer les penalties.

A la reprise, les occasions sont créées de part et d’autre, sans pour autant les concrétiser. A la 18e minute, alors que l’on s’achemine vers la fin, l’équipe du village de Maco obtient un penalty. L’arbitre, seul maître des règles, positionne la balle, mais désigne un tireur parmi les supporters. Et le tireur doit être une fille de Maco mariée dans le village de l’équipe adverse, Minima. Awa Ouédraogo se porte volontaire pour exécuter la sanction. Elle prend tout son élan dans la grande ambiance des supporters de la place de la Nation, mais bote la balle carrément loin des cages. Pendant que la foule s’étouffe de rires et de cris, l’arbitre décide d’accorder un but. Décision sans appel, 2-1 pour Maco. Mais à la 19e, soit à une minute de la fin, Minima obtient à son tour, un penalty. Aminata Ouédraogo, fille de Minima mariée dans le village de Maco, se propose de réparer la faute. Même élan, même concentration et même destination finale de la balle, c’est-à-dire loin des poteaux. Là également, et contre toute attente, l’arbitre consulte sa « VAR » et y accorde un but. Les pendules sont donc à 2-2. Et c’est sur ce score que le match prend fin, dans une belle ambiance, comme il a commencé et s’est déroulé.

L’on apprend ici de certains supporters que ce maillot d’un autre niveau est appelé « aide-moi à attraper mon poulet ».

Les deux équipes reçoivent des récompenses en espèces et en nature, tandis que les deux femmes qui ont exécuté le penalty sont spécialement congratulées.

« Ce genre d’activité contribue à la cohésion sociale, vue la mobilisation, l’objectif de brassage des communautés a été atteint. Je remercie l’ONG Solidar Suisse pour cette initiative qui contribue à l’effort du gouvernement pour la restauration de la paix dans nos communautés. (…). On a assisté à un très bon match entre deux équipes formidables constituées de personnes de troisième âge. Ce genre d’activités contribue à la cohésion sociale et à la paix, en ce sens qu’elles permettent aux villages de se frotter autour du sport. Au regard de la mobilisation constatée, je pense que les objectifs visés sont atteints », salue le haut-commissaire de la province du Zondoma, Aboubacar Sidiki Nabé. Il exhorte Solidar Suisse à maintenir le cap et à toujours contribuer aux côtés du gouvernement burkinabè à la promotion de la paix et de la cohésion sociale.

Ici, l’arbitre, partageant les couleurs des deux équipes dans l’habillement, accompagné de son chapeau et ses bottes.

Pour Blaise Somé, chef du projet « Renforcement de la résilience communautaire des ménages agrosylvopastoraux dans les régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre-nord et du Nord », par ailleurs mandataire du représentant-pays de Solidar Suisse, ce match est le couronnement d’un travail de renforcement de cohésion. « Ce match n’est donc que l’aboutissement d’un processus de cohésion, parce que nous avons travaillé à ce que ces deux villages, Minima et Maco, puissent se rapprocher davantage, en jouant également sur les leviers de la parenté à plaisanterie. Outre les joueurs, les supporters étaient dans la danse, donc c’est l’ensemble des populations qui étaient mobilisées. Au-delà de la parenté à plaisanterie, ce sont des villages qui sont confrontés à des questions de ressources naturelles partagées, et l’esprit du projet, c’est d’œuvrer à ce que les deux villages puissent exploiter judicieusement ces ressources partagées (ressources forestières, pastorales), sans tensions sociales, sans conflits », a, en substance, expliqué Blaise Somé. D’où la satisfaction vis-à-vis de la forte mobilisation des populations, signe de la pertinence de cette initiative qui permet d’unifier et de rapprocher davantage les communautés, créer la cohésion sociale, socle de l’intervention de Solidar Suisse dans la région.

Les deux équipes, posant avec les autorités à l’issue du match.

Les ressortissants des deux villages à cette rencontre sportive n’ont pas tari de mots pour magnifier le bénéfice surtout social de cette démarche de Solidar Suisse Burkina. Selon le gardien de Maco, Yacouba Konkobo, le match a renforcé la cohésion, la paix, l’amour entre eux, habitants des deux villages. « Ceux qui se connaissaient déjà renforcent leurs liens, tandis que ceux qui ne connaissaient pas se découvrent. C’est donc une très bonne initiative. Nous souhaitons vraiment que ce type d’actions se multiplie. Je souhaite qu’il y ait la cohésion entre les populations pour qu’on puisse accompagner le président à travailler pour la paix au Burkina. Puisse Dieu donner force aux Volontaires pour la défense de la patrie et aux Forces de défense et de sécurité », a prôné le porte-parole de l’équipe de Maco.

Pour le capitaine du village de Minima, Issouf Kindo dit Fofana, cette initiative réjouit beaucoup, par son mérite de rapprocher davantage les villages. « Vous avez constaté le monde et la joie qui se lisait sur les visages ! Nous prions Dieu pour que ce genre d’initiatives se multiplie et que nous puissions, tous, accompagner le président pour que le pays recouvre la paix. Nous félicitons les organisateurs, les VDP (Volontaires pour la défense de la patrie), les FDS (Forces de défense et de sécurité) et les autorités qui sont ici présentes. Nous félicitons le président, le capitaine Ibrahim Traoré, et prions Dieu qu’il lui donne la force d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixés », a commenté Issouf Kindo dit Fofana.

Pour rappel, le « match de la paix » entre dans le cadre de la Journée régionale des communautés du Nord, qui comporte une série d’activités. Ainsi, dans la même soirée, a eu lieu un théâtre-forum à Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord, autour des messages de paix et de cohésion sociale.

O.L.O

Lefaso.net

Source: LeFaso.net