Le dimanche 8 septembre 2024, la commune de Laye célébrait la 9e édition de la journée des chauves. La calvitie, on le rappelle, désigne la disparition progressive des cheveux sur le cuir chevelu. A l’occasion de cette journée qui a réuni hommes, femmes et enfants, Lefaso.net a tendu son dictaphone aux hommes chauves. Ces derniers expliquent comment a débuté leur calvitie et comment ils sont arrivés à surmonter le regard de la société.

Jonas Bougna, ressortissant du Ganzourgou

« C’est une fierté pour nous en tant que chauves de soutenir nos « collègues ». Me concernant, c’est à partir de la vingtaine que j’ai commencé à perdre mes cheveux. Chez nous, c’est quelque chose de naturel. Mon père était chauve, mon petit frère qui est plus jeune que moi l’est également. On peut donc dire que c’est héréditaire. Pour nous, c’est un don de Dieu. C’est naturel et nous sommes même fiers d’être chauves. Je ne perçois pas la calvitie comme étant une fatalité. Je l’accepte. Je ne prends pas en compte la vision que les gens se font des chauves ».

Jonas Bougna, ressortissant du Ganzourgou

Raoul Thierry Dala, originaire de Bassinko

« J’ai commencé à perdre mes cheveux autour de 25 ans. Ça a commencé légèrement, mais ça s’est aggravé au fil des années. Pour moi, c’est une joie parce que c’est naturel, et il faut vivre avec. C’est quand on prend mal la chose qu’on se sent un peu triste, lésé par les moqueries. Mais pour moi, particulièrement, c’est une action de grâce ! C’est venu comme ça, donc il faut le prendre ainsi. Les moqueries diminuent quand les gens se rendent compte que vous acceptez votre situation. Mais les moqueries persistent quand on voit que tu le prends mal ».

Raoul Thierry Dala, originaire de Bassinko

Oumar Nignan, directeur d’une imprimerie

« En ce qui me concerne, je crois que ma calvitie est une affaire de famille. Mais nous ne sommes pas nombreux à l’avoir. Sur dix personnes, quatre sont chauves. Et personnellement, j’ai commencé à perdre mes cheveux à partir de la cinquantaine. Et pour ce qui est des moqueries, c’est entre amis. Je dirai aussi que la situation s’est intensifiée depuis la chanson qui parle des chauves gourounsis, vu que j’en suis un. Mais je ne vois aucun problème à cela. J’aime ma calvitie, même si avec l’âge, je me coiffe chaque semaine juste pour éviter les cheveux blancs. Je n’ai aucun problème avec le vide qu’il y a sur ma tête. J’aurais même aimé que ça soit plus vide que cela. Ça m’éviterais d’aller gaspiller mon argent chez le coiffeur ».

Bangba Narcisse Ouédraogo, président de l’association des chauves de Laye

« J’ai actuellement 47 ans, mais j’ai commencé à perdre mes cheveux quand j’avais 35 ans. Au stade actuel, je ne me sens pas gêné par ma calvitie. Même si au début j’étais un peu frustré par les moqueries, je me suis rendu compte, au fil du temps, que ce n’était pas une maladie. C’est une chose qui peut être héréditaire et ça m’est venu comme cela »

Bangba Narcisse Ouédraogo, président de l’association des chauves de Laye

Koudtiga Pierre Tapsoba, chauffeur à la préfecture de Laye, natif de Saponé

« Pour dire vrai, j’ai commencé à perdre mes cheveux à douze ans, au moment où j’allais à l’école rurale. C’est une partie de mes cheveux qui a commencé à partir. Et au fur et à mesure, je les ai totalement perdus. A l’époque, quand je partais à l’école, j’étais obligé de me couvrir la tête à cause des enfants parce qu’ils utilisaient du bois de néré pour me frapper le crâne. Les moqueries ne manquent pas. Bien vrai qu’il y a des gens qui nous acceptent tels que nous sommes, mais il y en a également qui ont du mal à nous accepter. Mais moi, les moqueries ne m’atteignent pas puisque je prends tout à la rigolade ».

Koudtiga Pierre Tapsoba, chauffeur à la préfecture de Laye, natif de Saponé



Rasmané Compaoré, originaire de Manga

« J’ai commencé à perdre mes cheveux autour de 35 ans. Je n’ai aucun problème avec ma calvitie. J’arrive à vivre avec au quotidien. Pour ma part, je ne subis pas de moquerie. Je dirai plutôt qu’on s’amuse entre nous. Mais comme nous aimons à le répéter, n’importe qui n’est pas chauve. C’est l’apanage de la richesse ».

Rasmané Compaoré, originaire de Manga



Erwan Compaoré

Anita Zongo (Stagiaire)

Lefaso.net

Source: LeFaso.net