La Fédération estudiantine et scolaire pour l’intégrité au Burkina Faso (FESCI BF) tient son 6e congrès ordinaire du 30 juillet au 2 août 2024, à l’université Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou. À l’occasion de cet événement, le Dr Moumouni Zoungrana, maître de conférences de littérature orale, a été invité pour donner une conférence sur le thème « Quelles réformes endogènes pour un système éducatif et universitaire performant au Burkina Faso ? ».
On se croirait à un cours magistral de Dr Moumouni Zoungrana à ses étudiants de Lettres modernes dans l’amphithéâtre B à l’université Joseph Ki-Zerbo. Sauf que cette fois-ci, il était face aux militants et sympathisants de la FESCI BF qui se sont illustrés par leur grande mobilisation. Face à cette masse d’étudiants, l’enseignant et maître de conférences de littérature orale, avec à ses côtés le représentant du ministère en charge de l’éducation nationale et l’ancien délégué de la FESCI BF, a disséqué la thématique enrôlée. « L’éducation est la clé pour ouvrir les portes du développement », a- t-il introduit, saluant les efforts des autorités actuelles dans la promotion de l’éducation de qualité. Les sociétés qui ont mis en emphase l’éducation sont celles-là qui ont pris le pas sur les autres, a- t-il fait remarquer, avant de pointer du doigt les difficultés qui entachent le système éducatif et universitaire burkinabè.
Pour l’enseignant et maître de conférences en littérature orale, les difficultés qui minent le secteur sont nombreuses. L’insuffisance des infrastructures est l’un des handicaps sérieux des universités burkinabè, selon lui. A l’en croire, il y a près de 60 milles diplômés en baccalauréat qui sont aux portes des universités chaque année. Si le nombre d’étudiants augmente, cela n’est pas forcément le cas pour les infrastructures. Autre goulot d’étranglement selon lui, c’est l’insuffisance du personnel d’encadrement, même s’il informe que l’État recrute chaque année 100 docteurs pour juguler ce problème. La vétusté des outils d’encadrement et les grèves intempestives des étudiants sont aussi des freins à l’épanouissement du système éducatif et universitaire. Cette situation a pour conséquence, indique- t-il, la baisse du taux de réussite. Mais ces dernières années, reconnaît-il, au regard de la situation du pays, les étudiants ont mis une pause aux grèves. Cela est une très bonne idée, s’est-il réjoui.
En dépit des difficultés, il y a de quoi garder l’espoir au regard de la nouvelle dynamique enclenchée par les autorités actuelles. « Avec elles, on voit le changement notable », a-t-il mentionné. L’initiative présidentielle pour une éducation de qualité, la construction de nouvelles cités universitaires et universités constituent une volonté manifeste des autorités dans la quête d’un système éducatif et universitaire performant. A entendre le chroniqueur de l’émission Press écho de la télévision privée BF1, le développement ne peut être véritable que s’il repose sur un système éducatif performant et une armée forte. « Si vous voulez être un pays qui compte dans le monde, il vous faut avoir une éducation de pointe et une armée forte », a martelé l’enseignant devant des étudiants en liesse.
En termes de solution, il s’est voulu pragmatique. « L’université pour tout le monde n’est pas une bonne solution », a-t-il déclaré. Il nous faut des concepteurs et on ne peut pas avoir des concepteurs avec cette masse, argue-t-il. Pour lui, l’État doit davantage créer des centres de formation professionnelle pour d’autres bacheliers et permettre aux « meilleurs » d’aller à l’université pour être des concepteurs. « Nous devons travailler pour que le système éducatif puisse répondre aux préoccupations de notre société », a-t-il proposé tout en félicitant la FESCI BF pour l’organisation de ce congrès.
Au terme de sa communication, il a salué le consensus de la communauté universitaire de poursuivre les cours pendant les mois d’août et de septembre pour résorber les retards.
Les étudiants exposent les préoccupations, les autorités rassurent
Après cette conférence inaugurale, les responsables de la FESCI BF ont salué la qualité de l’exposé du Dr Moumouni Zoungrana. Le choix du thème, selon eux, est lié aux réalités du fonctionnement des universités burkinabè. « Nous avons constaté que les curricula qui sont dans nos universités ne cadrent pas avec nos réalités. C’est pourquoi nous avons choisi ce thème pour interpeller les décideurs pour qu’ils puissent revoir les currucula pour répondre à nos réalités », a indiqué Soumaïla Sawadogo, président du comité d’organisation.
Saisissant la balle au bond, le représentant du ministre en charge de l’enseignement supérieur, le Pr Ali Sawadogo a rassuré que tout est mis en œuvre pour trouver des solutions à ces préoccupations. En tant que représentant et directeur général de l’enseignement supérieur, il a indiqué qu’il y a la vision de reformer le système de l’enseignement supérieur pour répondre aux besoins de notre environnement. « L’un des éléments importants dans le contrat d’objectif du ministre est la résorption du retard dans les universités . Nous avons travaillé pour que cela soit une réalité. Nous avons fait une évaluation à mi-parcours, la tendance est très bonne », a-t-il conclu.
Abondant dans le même sens, le représentant du ministre en charge de l’éducation nationale, Pierre Zangré, a soutenu que des efforts sont faits pour renverser la tendance et améliorer le système éducatif. Il a aussi félicité les étudiants pour la pertinence du thème et leur grande mobilisation.
Un deuxième thème a été débattu sur le « Militantisme et engagement syndical au sein de nos universités et écoles dans un contexte d’insécurité ». Ce thème a été développé par Ali Augustin Pallo. Un troisième thème sur « Quel type de leadership adapté en milieu scolaire et universitaire en contexte de crise sécuritaire » par Nan Gueu, formateur en leadership. Avant l’élection du nouveau secrétaire national de la FESCI BF où deux candidats sont en lice. Cette élection sera suivie par l’investiture du vainqueur.
Pour rappel, la FESCI BF est un mouvement qui lutte pour l’intérêt moral et matériel des élèves et étudiants du Burkina Faso.
Serge Ika Ki
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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