L’université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ), à travers le Collège des écoles doctorales, a organisé la cérémonie de sortie de ses nouveaux docteurs, ce vendredi 26 juillet 2024, à Ouagadougou. Placé sous la présidence du Pr Jean-François Silas Kobiané, et sous le parrainage du Pr François Zougmoré, ancien directeur de l’école doctorale sciences et technologies, l’événement s’est déroulé autour du thème : « Former pour répondre aux besoins actuels et futurs des populations ».

Si l’UJKZ forme des docteurs depuis 1989, cette cérémonie de sortie qui leur a été consacrée, est la première du genre. Ce sont plus de 200 docteurs qui font ainsi leur sortie, issus essentiellement de trois écoles doctorales. La première est l’école doctorale “Lettres, sciences humaines et communication ” (LESHCO). La deuxième, elle, est l’école doctorale “Sciences et technologies ” (ST). La troisième, quant à elle, est l’école doctorale “Sciences et santé » (2S).

Le programme a été ponctué par une série d’allocutions, une présentation des écoles doctorales, et la remise des parchemins aux impétrants. La première intervention de cet évènement solennel, a été celle du directeur de l’école doctorale Sciences et technologies, Pr Issa Zerbo. Il a porté le discours du Collège des écoles doctorales. « Pour cette première sortie, nous avons identifié sur une période d’un an et demi, plus de 200 docteurs formés par les enseignants-chercheurs de notre université, et par des collègues enseignants-chercheurs et chercheurs associés à nos différents laboratoires. Pour mener des recherches de qualité, il est indispensable de mettre à la disposition des laboratoires, un minimum de moyens matériels et de ressources », a-t-il déclaré.

« Bon nombre de laboratoires restent encore sous équipés et d’autres n’ont même pas encore de locaux », Pr Issa Zerbo, directeur de l’école doctorale Sciences et technologies

Pour lui, le renforcement des laboratoires et des écoles doctorales passe par l’octroi de moyens conséquents. Ce qui permettrait aux recherches doctorales d’être de meilleure qualité.

L’engagement des nouveaux docteurs

Le mot des jeunes docteurs fraîchement sortis, a été quant à lui, livré par leur représentante, Dr Bibata Ouédraogo. Après avoir traduit leur reconnaissance à tous leurs encadreurs, au président de l’UJKZ, et à leur parrain, elle a salué l’initiative du Collège des écoles doctorales. « Nous félicitons le comité d’organisation pour leur promptitude. En tant que nouveaux docteurs, nous mesurons à travers vos efforts, toute l’importance et l’estime que vous accordez à la formation doctorale. Si nous sommes aujourd’hui devenus docteurs, c’est bien grâce à nos encadreurs et nos laboratoires qui nous ont accompagnés, tout en consentant des sacrifices », a indiqué la porte-parole des impétrants.

Dr Bibata Ouédraogo a assuré au nom des nouveaux docteurs, de relever les défis pour être à la hauteur des attentes. « Nous sommes conscients que la formation doctorale est un gage de qualité pour la relève et l’avenir du métier de chercheur et d’enseignant-chercheur. Nous aimerions à ce propos, que la formation doctorale s’inscrive de plus en plus dans les objectifs de développement et soit en phase avec les nombreux défis auxquels sont confrontés notre pays, et tous les pays de la sous-région », a-t-elle souligné.

« Même s’il est vrai que de nombreuses difficultés ont jalonné nos différents parcours, nous devons demeurer résilients pour être des forces de proposition », Dr Bibata Ouédraogo, représentante des nouveaux docteurs de l’UJKZ

Les recommandations des impétrants

Parmi les difficultés rencontrées par les doctorants, Dr Bibata Ouédraogo cite le manque de financement, le manque d’ouvrage et d’équipements dans certaines spécialités. Face à cette situation, elle sollicite au nom de tous ceux qu’elle représente, des abonnements à certaines bases de données pour un large accès aux documents scientifiques, la mise en place d’un plateau technique doté d’équipements de pointe pour certaines spécialités, répondant aux standards internationaux.

La porte-parole des jeunes docteurs recommande aussi, qu’il soit mis à la disposition des laboratoires, des locaux dotés d’équipements, afin que les doctorants, les docteurs et les chercheurs puissent s’y retrouver pour travailler. Elle a également saisi l’occasion aux fins d’adresser une doléance pour l’insertion professionnelle des nouveaux docteurs.

« Je demande aux enseignants-chercheurs de continuer à vous accompagner, à vous soutenir et à faciliter votre insertion professionnelle », Pr François Zougmoré, parrain des nouveaux docteurs

« Attention à la course aux grades et aux gains »

En tant que parrain, le Pr François Zougmoré, ancien directeur de l’école doctorale sciences et technologies, a souhaité une belle et brillante carrière à l’ensemble de ses filleuls. Il les a invités à pérenniser les acquis de leurs devanciers en vue de faire grandir davantage les institutions d’enseignement supérieur et de recherche de l’UJKZ. « La course aux grades et la course aux gains ne doivent pas devenir le leitmotiv des docteurs que vous êtes. Vous savez les enjeux de notre pays et de nos instituts d’enseignement supérieur et de recherche. Par conséquent, si vous acceptez de vous engager dans cette voie, j’espère de tout cœur, que vous accepteriez de consentir les efforts et les sacrifices nécessaires », a-t-il exhorté.

En clôturant, le président de l’UJKZ, Pr Jean-François Silas Kobiané, a exprimé toute sa fierté et son immense joie, de voir se dérouler la toute première cérémonie de sortie des docteurs. Il a remercié l’ensemble des universitaires et des acteurs qui travaillent jour et nuit pour mobiliser des ressources au profit d’une formation de qualité des docteurs. « Cette innovation d’organiser une cérémonie de sortie des docteurs est une occasion d’une plus grande visibilité de l’activité de recherche dans notre chère université », a-t-il affirmé.

Concernant le faible taux de représentativité des femmes docteurs, le président de l’UJKZ, Pr Jean-François Kobiané estime qu’il faut travailler à déconstruire la mentalité des filles vis-à-vis des disciplines scientifiques

La nécessité d’une plus grande mutualisation des ressources

En réponse aux doléances des nouveaux docteurs, le président de l’UJKZ a estimé qu’il était nécessaire de travailler à plus grande mutualisation des ressources. « Nous avons souvent des possibilités de financement dans certains projets et certains établissements. Et nous devons travailler à voir comment mettre toutes les ressources ensemble afin de mettre en place des mécanismes d’accès pérennes à ces différentes bases de données bibliographiques », a-t-il suggéré.

Pour ce faire, Pr Jean-François Kobiané a invité le Collège des écoles doctorales dont fait partie l’école doctorale “Informatique et changement climatique » (ICC), à mener la réflexion pour aboutir à cette plus grande mutualisation des ressources. Le Pr Kobiané propose aussi de réaliser des plateaux techniques partager pour répondre aux besoins des doctorants.

Donsharp De Batoro et ses danseurs

Cette cérémonie de sortie des nouveaux docteurs à l’université Joseph Ki-Zerbo témoigne non seulement de la réussite individuelle des étudiants, mais aussi de l’engagement de l’institution à promouvoir la recherche et l’enseignement supérieur de qualité au Burkina Faso. Ainsi, cette journée mémorable a non seulement marqué une étape importante dans la vie des nouveaux docteurs, mais elle a aussi renforcé l’esprit de communauté et de fierté au sein de l’université.

Une communication sur le thème « Éthique et déontologie de l’enseignant-chercheur », a été présentée par le Pr Amadé Badini, préparant les impétrants à embrasser le métier avec professionnalisme. La musique burkinabè a également agrémenté cette célébration, ajoutant une touche culturelle à l’événement. La cérémonie a été en effet, marquée par la prestation d’artistes musiciens bien connus de la scène au Burkina Faso, que sont le rappeur Smarty et le parolier Donsharp De Batoro.

Hamed Nanéma

Lefaso.net

Source: LeFaso.net