« Notre combat aujourd’hui, c’est de faire en sorte que l’Afrique ne soit pas une poubelle pour les avions étrangers ». C’est la conviction du président de l’Association des familles des victimes du crash du vol AH 5017 d’Air Algérie (AFAVIC) le 24 juillet 2014 dans le nord du Mali, causant la mort de 116 personnes. Me Alidou Ouédraogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a accordé un entretien à Lefaso.net pour la commémoration du 10e anniversaire du crash. Lisez-plutôt !
Lefaso.net : Comment commémorez-vous ce 10e anniversaire de cet évènement malheureux dans lequel vous avez perdu votre fille ?
Me Alidou Ouédraogo : Oui on s’apprêtait à faire le malheureux anniversaire, mais il se trouve que la construction de la stèle a été interrompue actuellement, parce que l’autorité a ordonné le bitumage des voies d’accès. Il y a ce problème, mais aussi le fait que c’est devenu une question internationale, on a pris le temps d’inviter les 17 pays concernés par l’évènement malheureux. Ainsi, bien que nous ayons décidé de déposer une gerbe au niveau du bureau, les familles vont commémorer individuellement cette année.
Concernant le dossier, où en est-il ?
En fait, nous sommes en train de voir comment pérenniser l’activité, impliquer les pays concernés et remobiliser les gens pour qu’ils gardent les souvenirs. En plus de pérenniser le dépôt de gerbes, il faut impliquer davantage l’Etat, qui est déjà impliqué, du fait que la question est devenue internationale.
Et en matière de justice, qu’est-ce qu’il est fait ?
Le Burkina a opté pour des négociations avec la compagnie. Mais il faut d’abord la constitution des parties, ce qui est en cours. Il y a aussi la constitution des parties civiles, c’est ce qui est prévu pour la suite.
Mais depuis dix ans, quel est le combat de l’AFAVIC ?
Nous existons à travers notre Etat qui a contribué à la construction de la stèle et en ce moment, il a contribué au bitumage des voies d’accès et autres. Donc il faut améliorer l’accès au site à Ouagadougou. Il y a d’autres victimes qui ont été enterrées au Mali et là-bas aussi, il faut aller sécuriser le site en impliquant les autres pays et les ayant-droits. Parce que, dans les accidents aériens, il faut faire en sorte que l’Afrique ne soit pas une poubelle pour les avions étrangers. Quand on affrète un avion, il faut qu’il soit de la même qualité que ceux qui sont affrétés sur les autres continents. Et quand on prend un avion aujourd’hui, il faut qu’on se rassure qu’on est en sécurité et pour cela, il faut veiller à avoir aussi ce service de qualité concernant les voyages en avions.
Comment vous vous sentez aujourd’hui ?
C’est une question de vie, c’est toujours douloureux. Les lourdes absences et ces moments comme celui-ci sont des souvenirs insoutenables et il faut faire avec et prier pour que les victimes reposent en paix.
Entretien réalisé en ligne par Yvette Zongo
Lefaso.net
Lire aussi : Victimes du crash du vol AH 5017 d’Air Algérie : Une stèle sera érigée à leur mémoire à la cité An 2 de Ouagadougou
Lire aussi : Crash du vol AH 5017 : « Il faut que ces marchands de mort soient punis comme il faut », Me Halidou Ouédraogo
Source: LeFaso.net
Commentaires récents