Dans le cadre de la prévention et la gestion des crises liées aux changements climatiques, le Projet de renforcement de la résilience climatique au Burkina Faso (projet HYROMET) a déployé 10 000 pluviomètres paysans sur toute l’étendue du territoire national au profit des producteurs paysans. Afin d’atteindre les résultats escomptés, les producteurs paysans seront formés sur l’installation et l’exploitation de ces pluviomètres paysans. C’est le cas des producteurs paysans de la commune de Bindé dans le Zoundwéogo, région du Centre-sud qui ont pu suivre le lundi 22 juillet 2024, une séance de formation théorique et pratique sur l’installation et l’exploitation des pluviomètres paysans. Ils ont également été dotés en pluviomètres paysans afin de pouvoir relever les quantités d’eau de pluies tombées dans la zone et de pouvoir prendre des décisions opportunes pour leurs activités agricoles (fertilisation, types de semences à utiliser).
Le Projet de renforcement de la résilience climatique au Burkina Faso (projet HYDROMET) né de la volonté commune du gouvernement du Burkina Faso avec l’appui technique et financier du Fonds verts climat et de la Banque mondiale, vise à améliorer les services hydrométéorologiques, climatiques et d’alerte précoce du pays et de les rendre plus accessibles aux secteurs et communautés visés.
Il s’agit notamment de renforcer les capacités humaines et développer les institutions pour la fourniture de services hydrométéorologiques et d’informations climatiques, de renforcer les infrastructures physiques et informatiques pour la fourniture de services hydrométéorologiques, d’informations climatiques et de réponse aux catastrophes naturelles, de renforcer l’accès des utilisateurs et des communautés aux services d’informations hydrométéorologiques, climatiques et de sécurité alimentaire et renforcer l’accès des utilisateurs et des communautés aux services d’alerte précoce et d’intervention en cas d’inondation et de catastrophes naturelles.
Dans sa mise œuvre, le projet HYDROMET déploie 10 000 pluviomètres paysans au profit des producteurs paysans sur toute l’étendue du territoire national. Pour une meilleure utilisation de ces pluviomètres paysans, des producteurs paysans ainsi que des services techniques déconcentrés de l’Etat seront outillés sur l’installation et l’exploitation de ces pluviomètres paysans.
Les producteurs paysans de la commune de Bindé, dans la province du Zoundwéogo, région du Centre-sud font partie des bénéficiaires de ces séances de formation. Une quarantaine d’entre eux ont pu suivre la formation et ont été dotés en pluviomètres paysans.
Selon Mahamadi Ouédraogo, spécialiste en suivi-évaluation du projet HYDROMET, ces pluviomètres vont permettre aux paysans de collecter des informations nécessaires sur la pluviométrie, de pouvoir les interpréter et prendre des décisions adéquates pour leurs activités agricoles. « La formation des producteurs et la dotation en pluviomètres paysans vont permettre à ces producteurs bénéficiaires, de pouvoir intégrer l’utilisation de nouvelles technologies dans la prise de décisions agricoles notamment la lecture de la quantité d’eau tombée mais également pouvoir se décider s’il est opportun de semer ou pas, de pouvoir également se décider de réaménager ce qui est déjà semé ou pas. C’est un peu ce dispositif qui va se répercuter sur toute l’étendue du territoire national avec la dotation de 10 000 pluviomètres paysans. A terme, cette activité doit pouvoir toucher au moins 750 000 bénéficiaires directs au niveau du Burkina Faso », a-t-il indiqué.
Pour Mahamadi Ouédraogo, cette activité n’est pas une première au Burkina Faso. Avec l’Agence nationale de la météorologie (ANAM), le projet avait déjà réalisé cette activité en 2023. Cette présente formation et la restitution des résultats sont assurées en collaboration avec la Croix-Rouge burkinabè afin de toucher plus de bénéficiaires et faire remonter les informations au niveau central.
« Avec la massification, il a été demandé un appui de la Croix-Rouge pour nous aider à aller de façon plus rapide et plus efficiente pour toucher les bénéficiaires directs que sont les producteurs. La Croix-Rouge a également un volet qui concerne les changements climatiques à travers les services d’anticipation. Ils apportent également un appui en tant qu’acteurs techniques. Il y a une convention qui a été signée entre le projet HYDROMET, l’ANAM et la Croix-Rouge pour la mise en œuvre de cette activité. Il faut dire qu’après l’installation et l’opérationnalisation des pluviomètres paysans, il y a un mécanisme de feedback qui sera mis en place pour permettre à l’ensemble des producteurs bénéficiaires de pouvoir répercuter les informations collectées et les décisions prises sur le terrain au niveau de l’ANAM pour pouvoir confirmer la fiabilité des prévisions qui se font au niveau central et aussi faire les va-et-vient en matière de fourniture et de réception d’informations », a précisé Mahamadi Ouédraogo, spécialiste en suivi-évaluation du projet HYDROMET.
La formation des producteurs paysans de la commune de Bindé a été assurée par Hamidou Gampéné, chef de service départemental de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques de la commune de Bindé. Pour ce dernier, cette formation permettra aux producteurs d’avoir une idée sur les quantités d’eau de pluie tombées dans leurs villages chaque année. Toute chose qui contribuera à la planification des activités surtout pour la fertilisation de leurs cultures.
« C’est une formation théorique et pratique. C’est pour montrer réellement comment entretenir et surtout veiller au maintien de ces pluviomètres paysans et avoir des données de qualité qui vont être bénéfiques pour eux-mêmes et pour la nation. C’est important pour un producteur de connaître la quantité d’eau tombée. Par exemple, si j’ai fait une fertilisation dans ma parcelle et qu’après il y a eu une pluie, le pluviomètre me permettra de savoir la quantité d’eau tombée. Si je connais cette quantité d’eau tombée, cela m’indique si la quantité d’eau de pluie tombée n’a pas causée de lessivage dans ma parcelle, est-ce qu’il faut faire ou pas un ajout en terme de fertilisation, parce que les cultures ont un certain niveau de besoins surtout en fonction des spéculations. Chaque culture a son besoin spécifique et en fonction de la quantité d’eau tombée et surtout du type de sol, je peux corriger au fur et à mesure la fertilisation que j’apporte dans ma parcelle », a expliqué Hamidou Gampéné.
Hamidou Gampéné s’est également attardé sur le processus d’installation et d’utilisation des pluviomètres. « Pour l’installation des pluviomètres, c’est de chercher un site où il n’y a pas d’obstacle. Et même s’il y a des obstacles, c’est de voir quatre fois la hauteur de l’obstacle pour pouvoir implanter le pluviomètre. Après l’implantation, il suffit de faire la lecture directe après chaque pluie, 8h et 18h, on fait la lecture pour pouvoir noter dans les fiches qu’on leur a remises. Cela permet de capitaliser les quantités d’eau de pluie tombées », a-t-il soutenu.
Du côté des bénéficiaires, ce sont des sentiments de joie et de reconnaissance. Ces bénéficiaires assurent que les connaissances acquises au cours de cette formation seront également partagées avec d’autres producteurs de leurs localités d’origine.
Idrissa Nana est un producteur de Kaïbo centre, situé dans la commune de Bindé. Il dit avoir appris beaucoup de choses qui lui seront bénéfiques. « J’ai pu capté beaucoup de choses au cours de cette formation. On nous a montré comment lire le pluviomètre, noter la quantité d’eau tombée après chaque pluie. En plus, on nous a donné des pluviomètres pour recueillir et exploiter les données. Ce que j’ai reçu comme formation ici à Bindé, arrivé à la maison, je vais partager cela avec ceux qui sont restés à la maison. Cela leur permettra de relever les données au cas où il y a de la pluie et que je suis absent. Je suis content de cette formation, ça va beaucoup nous aider dans nos travaux champêtres notamment le choix des semences, la fertilisation », a-t-il confié.
Joséphine Naïssa est une volontaire Croix-Rouge à Bindé et bénéficiaire de cette formation. Pour elle, cette formation est la bienvenue et permettra désormais aux producteurs de pouvoir s’adapter aux changements climatiques et utiliser les semences adaptées pour de meilleurs rendements agricoles. « Aujourd’hui, on nous a montré comment installer, lire et noter les données des pluviomètres jusqu’à la fin de la saison des pluies. Cette formation est bénéfique parce qu’avant on n’avait pas toutes ces notions. On utilisait n’importe quelle semence, on ne savait pas quelle semence utilisée en fonction de la quantité d’eau tombée, du type de sol pour avoir de meilleures récoltes. Maintenant avec ces connaissances acquises lors de cette formation du projet HYDROMET, nous saurons maintenant quelle disposition prendre pour nous adapter », se réjouit-t-elle.
Pour rappel, le Projet de renforcement de la résilience climatique au Burkina Faso (projet HYDROMET) est placé sous la tutelle du ministère des Transports, de la mobilité urbaine et de la sécurité routière. D’un coût global de 18 milliards de FCFA, ce projet vise à améliorer la résilience aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles.
Mamadou ZONGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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