Les femmes sont faiblement représentées dans l’utilisation des outils du digital. Elles constituent seulement 30 % des utilisateurs des médias sociaux au Burkina Faso contre 70% d’hommes. Dans cette portion, les jeunes filles se démarquent le plus. Faridatou Rouamba, étudiante en fin de cycle, porte un intérêt particulier à tout ce qui a trait au digital et à l’intelligence artificielle. Se définissant comme « infopreneuse », elle fait de l’instruction numérique son cheval de bataille.

L’infopreneuriat est une activité qui consiste à créer des produits d’information tels que des vidéos de formation, des livres électroniques, des webinaires et bien d’autres encore. L’autre particularité de l’infopreneur ou de l’infopreneuse est sa capacité à partager son expertise ou son savoir-faire dans le domaine, tout en générant des revenus. C’est d’ailleurs tout ce qui résume notre héroïne du numérique, Faridatou Rouamba. Très engagée dans le digital, cette informaticienne et infopreneuse fait la promotion de l’inclusion numérique de tous et surtout des femmes au Burkina Faso. Chez elle ou ailleurs, munie de son ordinateur portable et de gadgets numériques, Faridatou donne des formations en ligne et en présentiel sur les outils de l’intelligence artificielle. La jeune fille a pour cible principale les femmes. Pour elle, pas besoin d’avoir fait des études d’informatique comme elle pour s’y intéresser.

Le baccalauréat série D en poche, Faridatou fait un test d’intégration à l’Ecole supérieure d’informatique de Bobo-Dioulasso ou elle obtient une licence en système d’information. Elle regagne ensuite Ouagadougou ou elle s’inscrit en master à l’université virtuelle. Aujourd’hui étudiante en fin de cycle master informatique option fouilles de données et intelligence artificielle, elle est permanemment plongée dans l’univers virtuel. Elle a aussi fait une brève expérience professionnelle de deux ans dans une coopérative internationale où elle a occupé le poste d’animatrice digitale chargée de former le personnel sur l’utilisation des outils digitaux.

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« Une maniaque des écrans »

Deuxième d’une fratrie de cinq enfants, notre infopreneuse se démarque dans sa famille par son attachement à la technologie. « Faridatou est une fille qui aime beaucoup travailler surtout quand il s’agit de l’informatique », fait savoir sa mère. Elle a vu sa fille s’amouracher des écrans depuis le bas âge au détriment des travaux ménagers. « Au début, je trouvais que c’est une activité destinée aux hommes mais vu qu’elle excelle dans ce qu’elle fait, je l’accompagne », lance Dame Rouamba, précisant que tout est parti de son père qui l’a initié à l’informatique. Faridatou a même réussi à faire aimer certains réseaux sociaux à sa mère qui était pourtant réticente. Il faut aussi noter que la jeune fille ne lésine pas sur les moyens quand il s’agit du numérique. Dans une des pièces de la maison qui lui sert aussi de bureau, elle garde ses nombreux objets qui lui servent à créer du contenu.

Faridatou Rouamba travaille très souvent depuis la maison

Un père comme booster

Dès la classe de CM1, le père de Faridatou Rouamba l’inscrit dans un cybercafé. Ce dernier, qu’elle décrit comme étant à l’origine de sa passion pour le numérique, l’a toujours encouragé. « À cet âge, je ne savais pas encore ce que le futur me réservait, mais ces moments passés à explorer les mystères d’internet ont été le premier pas vers ma vocation. Au collège, mon père m’encourageait à utiliser son ordinateur pour me distraire et à apprendre. Chaque clic, chaque découverte, étaient comme des graines semées dans mon esprit, prêtes à germer », raconte-t-elle. Ainsi, pendant ses vacances scolaires, elle surfait innocemment sur internet sans savoir que de là naissait son avenir professionnel. Au primaire, elle avait déjà une adresse mail sur la messagerie Hotmail à l’époque. Plus tard après son baccalauréat, Faridatou n’obtient pas la moyenne espérée. Le doute sur le choix d’orientation s’installe dans son esprit mais son père reste une source constante de soutien.

Croyant fermement en elle à cette période, il égrène un certain nombre de filières dans lesquelles elle pourrait exceller. « Son soutien inébranlable m’a permis de surmonter les défis et de persévérer dans mes études. Aujourd’hui, en regardant en arrière, je réalise à quel point l’influence de mon père a été déterminante. Il m’a montré l’importance d’avoir un mentor, quelqu’un qui croit en nous même quand nous n’y croyons pas. Grâce à lui, j’ai pu transformer mes doutes en force et mes rêves en réalité. Mon parcours universitaire en informatique est une preuve vivante que la foi et le soutien peuvent nous mener loin », dit-elle avec émotion.

Selon sa mère, l’informaticienne est tout le temps en train de travailler ou faire des formations sur son ordinateur ou son téléphone

Hétérodidacte et autodidacte dans le domaine de l’IA

« L’intelligence artificielle est la simulation de l’intelligence humaine pour automatiser certaines tâches », définit Faridatou Rouamba. A l’en croire, l’IA permet d’automatiser des tâches quotidiennes et de faire de la prédiction dans certains domaines. Pour la jeune fille, tout le monde aurait déjà utilisé l’intelligence artificielle dans sa vie, consciemment ou pas, parce que dans nos téléphones, l’IA est intégrée. « Lorsque l’on utilise Google, c’est de l’intelligence artificielle ou lorsque l’on essaie d’écrire un message et qu’automatiquement un mot complète la phrase, c’est de l’intelligence artificielle et on appelle ça l’autocomplétion », détaille-t-elle.

L’intelligence artificielle ne devrait pas faire peur aux gens, pense Faridatou Rouamba

Elle suggère d’ailleurs que l’intelligence artificielle soit intégrée dans tous les domaines. « Déjà, dans la création de contenu, pour booster leurs entreprises, les entrepreneurs peuvent l’utiliser. Aussi, les travailleurs et les étudiants peuvent augmenter leur productivité grâce aux outils de l’IA ». L’IA, selon notre infopreneuse, ne devrait pas faire peur aux gens car elle ne remplace pas les gens. « L’intelligence artificielle remplacera les gens qui ne sauront pas utiliser les outils de l’intelligence artificielle. Je ne pense pas que son utilisation rende paresseux parce que l’IA aide les personnes qui ont des connaissances. Il faudrait d’abord que tu maîtrises ton domaine avant de faire recours aux outils de l’IA qui vont t’aider » ; convainc-t-elle. Lire la suite

Farida Thiombiano

Lefaso.net

Source: LeFaso.net