Y.O a comparu devant le tribunal correctionnel pour répondre des faits de détention et de consommation de drogue. Après les débats qui ont permis au juge d’avoir une entière compréhension de l’affaire, le prévenu a été condamné à une peine d’emprisonnement de 24 mois dont six ferme, ainsi qu’à une amende d’un million de francs CFA, assorti sursis.
Il ressort des faits que le prévenu avait pour habitude de recevoir un colis de la part d’un de ses amis, pour le transférer par la suite à un autre contact. Un jour, alors qu’il recevait un sac de 20 kilogrammes, sa curiosité fut piquée et l’idée lui vint de l’ouvrir. « J’ai vu que c’était de la drogue », a-t-il laissé entendre. Pour ne pas s’attirer d’ennui, il rappela donc son ami pour lui renvoyer le colis. « Il m’a dit que lui il n’avait plus rien à faire avec le sac parce qu’il avait déjà reçu son argent. » C’est ainsi que le sac restera par devers lui des jours durant, avant qu’il ne se rende à la gare quelques semaines plus tard pour le transférer au destinataire final. C’est sur le chemin du retour qu’il sera interpellé par la police, après que le bagagiste se soit rendu compte du contenu douteux du sac.
A la question de savoir s’il consommait la drogue, le prévenu s’est voulu clair : « je n’ai jamais consommé de drogue. Je suis moi-même en stage dans une institution de la place pour devenir infirmier. Je sais ce que c’est, donc je ne touche pas à ça », a-t-il assuré. « Mais pourquoi n’avez-vous pas remis le colis à la police, si vous saviez ce que c’est ? » a repris le président du tribunal. « J’ai eu peur. Si j’emmenais ça là-bas et on dit que moi aussi je fais partie du coup, j’allais faire comment ? Souvent tu peux aller dire des choses à la police et puis c’est comme si c’était toi qui était l’auteur du problème ? C’est pour ça je ne suis pas allé à la police » s’est-il défendu.
Des observations faites par le parquet, les déclarations du prévenu sont restées constantes depuis le début. Mais de ces réponses, il dit n’avoir relevé aucune trace de regret. « C’est comme s’il ne savait même pas que ce qu’il a fait était grave. Vous pouvez dire que vous ne consommez pas. Mais en partant transférer le sac, la personne qui le recevra, soit le vendra, soit le consommera. Alors qu’en tant que stagiaire pour l’obtention d’un diplôme en infirmerie, je sais que vous avez vu les dangers de la drogue. Et on vous pose les questions, vous êtes là que vous avez eu peur. Vous n’êtes pas encore infirmier, et vous êtes capables d’aller transférer des substances comme ça à quelqu’un, tout en sachant que c’est nocif pour la santé ? C’est quel message vous voulez que nous on retienne de vous ? Vous tentez de vous justifier, mais il n’y a pas de justification qui tienne », a-t-il conclu, d’une voix haute et d’un ton ferme.
Se prononçant par la suite pour ses réquisitions, le procureur reconnaîtra dans un premier temps qu’au sujet de la consommation, l’infraction n’était pas constituée. Mais concernant la détention, la culpabilité du prévenu sera établie, se fondant sur les éléments d’ordre légal, matériel et moral. La peine requise pour cette infraction par le ministère public était de 24 mois dont six fermes, avec une amende de 500 000 francs CFA, assortie de sursis.
Dans ses derniers mots, le prévenu dit reconnaître son erreur. Il soutient n’avoir jamais su qu’il transférait des substances illicites et maintient avoir été guidé par la peur, car dit-il : « je n’ai aucun intérêt à vouloir du mal à autrui. Tout ce que je voulais, c’était me débarrasser de cette chose et avoir la paix. Etant ici, je me rends compte que je n’ai vraiment pas eu le bon réflexe. Tout ce que j’ai à dire, c’est que j’ai confiance en la justice et j’implore la clémence du tribunal, pour qu’il m’aide à continuer ma formation afin d’être utile à ma communauté, à ma société et au Burkina Faso. Je regrette sincèrement mon acte. En quittant ces lieux, je serai le premier à dire à mes amis et proches le danger qu’il y a à être lié de près ou de loin à la drogue. Mon cas sera une leçon pour tous. Je ferai tout pour ne plus revenir ici », a-t-il assuré.
Après son discours, le verdict sera rendu sur place, après cinq minutes de concertation entre les jurés. Y.O a été condamné à une peine d’emprisonnement de 24 mois dont six fermes, avec une amende d’un million de francs CFA.
Erwan Compaoré
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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