Au Burkina, particulièrement à Ouagadougou, la vie est devenue chère. Les prix des denrées alimentaires sont devenus insupportables pour certains ménages. Comment certaines femmes font pour gérer leur argent de popote qui peine à suivre la hausse des coûts des produits de première nécessité ?

Habillée en hijab marron et derrière un cache-nez, Assita Nikièma tient un sachet noir. Elle vient de faire ses achats au marché de Naab raaga sis au quartier Samandin de Ouagadougou. A cause de la cherté des denrées, la jeune dame a trouvé une parade pour que son argent de popote puisse suffire pour la ration de la journée. « Si je veux cuisiner de la sauce pour le midi et le soir, l’argent ne suffira pas. J’ai du riz à la maison. Donc avec mes 1 000 francs CFA, j’achète pour 200 francs CFA d’oignons, de l’huile pour 200 francs CFA, cube Maggie 50 francs, poisson 200 francs et le reste d’argent est pour la pâte d’arachide, un peu de gombo ou autres légumes pour la sauce. A midi, je cuisine du riz gras ou du spaghetti. Actuellement, je cuisine plus de la sauce arachide. J’ai carrément arrêté de cuisiner de la sauce tomate. On ne peut plus acheter de tomate. Quatre tomates à 200 francs CFA, la courgette pareille, c’est devenu cher », a expliqué madame Nikièma.

Si Assita Nikièma a de la chance d’avoir 1000 francs CFA journaliers comme argent de popote ce n’est pas le cas pour Antoinette Bonkoungou. A cette mère de trois enfants, son mari ne donne que 500 francs CFA pour la popote malgré la cherté des denrées. « Chez nous, le riz est un luxe. C’est le tô qu’on mange tous les jours. J’achète la farine à 200 francs CFA. Les 300 francs CFA sont réservés pour la sauce. J’achète du kapok ou du gombo frais ou sec ».

Chez Justine Konseiga, un ménage d’environ sept personnes, la cherté des denrées joue sur les habitudes alimentaires du foyer. A cause de leur cherté, la mère de famille est obligée de réduire la « quantité et la qualité » de la sauce. « Quand les denrées sont moins chères, on se permet de cuisiner de bonnes sauces pour sa famille. Actuellement, je prépare une sauce liquide. Souvent, ça n’a pas vraiment de saveur. Je suis obligée de préparer comme ça pour que chacun puisse avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Lorsque mes enfants se plaignent, je leur dis qu’on mange ce qu’on gagne », a notifié madame Konseiga.

Inès Namoano, mère de cinq enfants

Mère de cinq enfants, Inès Namoano ne cuisine plus les midis à cause de la cherté des denrées. D’après elle, les midis, elle achète soit du haricot soit des poids de terre pour 300 francs CFA pour ses enfants. C’est uniquement les soirs qu’elle cuisine. Au menu, c’est soit du tô, soit du haricot ou du riz gras. Le riz sauce est devenu rare. « Si je veux préparer du riz sauce, l’argent ne suffira pas », a-t-elle précisé.

Restauratrice, Ramata Diallo, a dû augmenter les tarifs de ses plats à cause de la cherté des denrées. « Les feuilles et les légumes sont devenus trop coûteux. Je vendais le plat de riz à 300 francs CFA mais ces derniers temps, je le vends à 500 francs CFA parce que je n’arrivais plus à m’en sortir avec la cherté des légumes. Je vous assure que cette situation est très compliquée pour nous qui vendons de la nourriture et pour toutes les femmes. Souvent, tu finis de vendre et tu te rends compte que tu n’as rien comme bénéfice », a dit madame Diallo.

Ramata Diallo, restauratrice déplore la cherté et la rareté de certains légumes

Toutes celles que nous avons rencontré sont unanimes : les denrées sont devenues chères mais l’argent de popote n’a pas connu d’augmentation.

Rama Diallo

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