Journaliste reporter d’image (JRI), présentatrice de Journal télévisé (JT), Sanouhan Christine Coulibaly est l’une des étoiles montantes de la radiodiffusion télévision du Burkina (RTB). De la présentation de l’édition de la mi-journée, le 13h, elle est passée désormais à la grande édition, celle de 20h. Pour la journaliste, ce passage au 20h est un challenge mais pas une fin en soi. Même si elle se réjouit du vedettariat des femmes, elle estime que la forte présence de ces dernières à l’antenne est la confirmation de leur compétence. C’est la confirmation de leur savoir-faire parce que, dit-elle, on ne peut pas longtemps tolérer la médiocrité à l’antenne.
Lefaso.net : Comment êtes-vous arrivée dans le journalisme ?
Sanouhan Christine Coulibaly : Il faut dire que j’ai eu deux passions. La première après le bac, c’était le journalisme. A l’époque, j’ai voulu faire art et communication à l’université. Mais je n’ai pas pu déposer mes dossiers pour faire cette filière. A défaut de cette filière, je me suis inscrite en histoire et archéologie. Parce que l’histoire aussi me passionnait un peu. C’est l’une des matières que j’aimais bien au lycée. A l’époque, on nous disait qu’en faisant cette filière, il était possible à partir de la 3e année de faire une bifurcation pour faire art et communication. Je me suis dis alors que rien n’est perdu et c’est ainsi que je me suis inscrite en histoire.
Mais là aussi, est née une autre passion : la diplomatie. C’est là que j’ai fait option histoire politique et relations internationales. Alors, j’ai commencé à faire les concours du ministère des Affaires étrangères, notamment, secrétaire des affaires étrangères et autres. Mais c’était compliqué et j’ai décidé de renouer avec mon premier amour, à savoir, le journalisme. C’est ainsi que j’ai fait le concours de l’Institut des sciences et techniques de l’information et de la communication (ISTIC). J’ai été admise. Après ma formation, je suis sortie en 2010.
Pour résumer, je dirai que j’ai une licence en histoire, j’avais même à l’époque, commencé le master. Mais comme vous connaissez les réalités de l’université de Ouagadougou, ce n’est pas facile. Sinon j’ai même validé le cycle, il restait la soutenance. Le professeur étant inaccessible, il fallait trouver quelque chose à faire pour ne pas rester toujours aux dépens des parents. C’est pourquoi j’ai passé le journalisme et, Dieu merci, les choses se sont bien passées.
Comment expliquez-vous le choix pour la télévision ?
Pour vous dire vrai, j’ai aimé le journalisme mais je n’ai jamais rêvé faire la télévision. J’ai fait ma production de fin de cycle en radio, quand j’étais à l’école de formation. A la sortie, j’ai été affectée à la télé mais je suis tombée malade. J’ai été affectée à Bobo-Dioulasso où je ne voulais pas aller du tout. Quand nous avons fini à l’école, avant les affectations, j’ai reçu un appel d’un de nos enseignants qui était aussi directeur général de la RTB, Yacouba Traoré. Il m’a convoqué dans son bureau. Arrivée, il m’informe que je serai affectée à Bobo-Dioulasso pour faire de la télé. Je lui ai dit que ce n’est pas ce que je veux faire. Je lui ai dit qu’il est notre enseignant et qu’il connaît les aspirations de tous les étudiants. Je lui ai rappelé que j’ai fait ma production en radio, en plus , j’ai bossé dur pour être major de ma promotion dans l’optique de faire un choix.
M’envoyer à la télé, c’est de la force que vous êtes en train de me faire. Il m’a regardé et m’a dit d’aller réfléchir. C’est là que j’ai commencé à appeler certaines personnes proches du directeur général pour qu’elles interviennent en ma faveur. Mais peine perdue, il n’a pas accepté. Il dit qu’il est mon enseignant et me connais plus que quiconque. A la fin, je suis allée à Bobo malgré moi-même pour faire la télé. Conséquence, je tombais régulièrement malade. Je fais les examens mais il n’y a rien. Après le médecin m’a demandé ce que je faisais dans la vie et a cherché à savoir si tout se passe comme je veux. Quand je lui ai avoué que j’étais affectée à la télévision contre mon gré, il m’a dit que c’est la raison de ma maladie. Il m’a conseillé de me libérer, d’accepter les choses comme telles.
Après l’affectation, je suis allée voir le directeur en lui disant que j’espère que je viendrai lui dire merci un jour pour m’avoir fait la force (sourire).
En plus d’être JRI, vous êtes aussi présentatrice. Dites-nous comment vous avez vécu votre premier JT ?
J’ai fait mon premier JT à la RTB2, Hauts-Bassins. Le JT, à l’époque, était à 22h05. Quand je devais faire le JT, je suis allée m’assoir dans le studio tôt. Autour de moi, il y a avait les techniciens, une équipe très jeune aussi. Tout le monde faisait ses marques. A ma grande surprise, le générique est lancé à 22h00 au lieu de 22h05. Dans ma tête, le journal est à 22h05, donc j’étais assise en train de faire la répétition. Du coup, je suis à l’écran. J’ai dit qu’il n’est pas encore l’heure mais les techniciens disent de parler parce que le JT est lancé. Mais j’ai refusé de parler parce qu’on m’a pris au dépourvu et je ne savais pas quoi dire en plus. Pour éviter de dire des bêtises à l’antenne, j’ai demandé de couper. A 22h05, nous avons repris. C’est une anecdote qui m’a vraiment marquée. Il y avait le stress et tout. Ce n’était pas simple.
Maintenant que vous êtes rodée en la matière puisque vous présenté la grande édition de 20h. Dites nous comment vous avez accueilli cette nouvelle de la montée au 20h ?
Pour moi, le 20h n’était pas une fin en soi. Peut-être les gens vont trouver que c’est bizarre que je parle ainsi. Mais quand mon chef m’a appelée pour m’informer que je vais désormais monter au 20h, je lui ai demandé si j’ai mon avis à donner. Il a dit non et il m’a demandé après ce que j’avais comme avis. Je lui ai dit que je suis bien au 13h. Après réflexion, je me suis dit qu’il faut avancer aussi. Quand on reste bloquée au 13h, cela peut être vu comme un manque de compétences. J’ai donc accepté le challenge. Sinon la meilleure édition pour moi, c’est le 13h. Lire la suite
Interview réalisée par Serge Ika Ki
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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