Bonne nouvelle pour les entreprises et les prestataires de l’Etat, dira-t-on, avec cette annonce que le gouvernement va entamer, dès la semaine prochaine, l’épurement progressif des dettes intérieures, aux fins de permettre à l’économie de reprendre du souffle. C’est d’ailleurs dans la capitale économique, Bobo-Dioulasso, d’où il séjourne depuis le début de la semaine, qu’il a fait cette promesse, au cours de l’interview qu’il a accordée à la télévision nationale, vendredi, 26 avril 2024.
Il faut le rappeler, de nombreuses entreprises, y compris les médias, et autres prestataires de service de l’Etat, attendent d’être soulagées par le règlement de leurs factures par l’Etat. Cela est d’autant capital que les effets de la crise sécuritaire se ressentent à tous les niveaux et pour certains entreprises et prestataires, la situation financière est quasi-intenable. Cette annonce du président sur la stratégie de relance de l’économie nationale devra donc, sans doute, réjouir plus d’un dans les rangs. “Il y a beaucoup de choses en vue, qu’on ne va peut-être pas dire tout de suite. Mais déjà, il s’agissait de maîtriser les dépenses publiques. Ça, c’est en cours, c’est ce qui nous permet de faire des acquisitions. Deuxièmement, c’est vrai qu’on a coincé un peu au niveau de la dette intérieure, pour pouvoir équiper l’armée. On a atteint une phase où on a ordonné…, je pense qu’à partir de la semaine prochaine, tout ce qui est petites dettes (on a mis un certain montant), ils vont tout payer. Et au fur et à mesure, en allant vers les grandes dettes, pour que l’économie nationale puisse aussi tourner ; parce que si la dette intérieure n’est pas payée, ça ne pourra pas tourner. Mais il fallait faire ce break-là, s’équiper, s’organiser, et Dieu merci, le peuple a été résilient, je pense qu’il est temps de permettre de souffler un peu, pour que l’économie puisse tourner”, justifie le chef de l’Etat.
Cette décision, indique-t-il, fait suite à un état des lieux. “J’ai demandé à voir la liste de toutes les entreprises qui ont des dettes, j’ai même vu des entreprises qui ont des factures de moins de cinq millions, qui traînaient au Trésor et tout, qui ne sont pas payées. Donc, nous avons ordonné, nous avons fait un planning, ces entreprises, jusqu’à une certaine facture (un certain montant, ndlr), ça sera payé normalement la semaine prochaine. Et après, il y aura une deuxième session, pour éponger petit-à-petit”, a promis le capitaine Ibrahim Traoré.
Mieux, pour le président, “il faut qu’on s’industrialise, c’est impératif ; parce que l’économie, ce n’est pas forcément compliqué. Lorsque vous êtes trop dépendants de l’extérieur, même si vous produisez des richesses, vous êtes obligés d’aller payer. Donc, c’est une fuite de devises ; vous produisez des matières brutes, vous envoyez à l’extérieur, eux ils transforment, cela veut dire que vous envoyez l’emploi à l’extérieur et ici vous ne créez pas l’emploi, comment on va s’en sortir ? Voilà pourquoi également, nous avons un processus d’industrialisation pour pouvoir employer les jeunes, mais aussi pour éviter que nos devises ressortent. D’autres secteurs importants, ce sont nos richesses naturelles, on a pu évaluer plus ou moins, ce n’est pas que l’or ; ici, nous avons beaucoup de choses très intéressantes. Quand vous prenez rien que le domaine du ciment, ici au Burkina, nous avons le clinker, mais en plus de cela, nous avons découvert que nous avons un type d’argile , très bien, qui peut remplacer le clinker. Donc, nous sommes en train de réfléchir à toutes ces technologies, comment mettre des usines pour transformer tout cela sur place, ça va éviter que nos devises se retrouvent à l’extérieur. Il y a d’autres volets que nous ne pouvons pas développer ici dans ce secteur-là, mais en tout cas, on a de bonnes perspectives”.
De la question des sociétés d’Etat
Le président est également revenu sur sa volonté de construire une économie structurée, forte, dont le processus a démarré avec l’enclenchement du processus d’industrialisation. “Les pierres sont posées, c’est déjà un acquis, c’est la construction qui va démarrer. Mais, il y a des usines qu’on était en train de construire depuis l’année passée, d’autres qu’on a inaugurées avec certains partenaires privés. Il y a aussi des usines qui seront construites à 100% par l’Etat. On a aussi des stratégies de financements. D’abord, la Caisse de dépôts et de consignations devenue Caisse de dépôts et d’investissements ; l’objectif, c’est de financer l’industrialisation. Il y a aussi le Fonds burkinabè de développement économique et social, que nous sommes en train de redynamiser, pour pouvoir financer l’industrialisation. Et tout cela, nous allons nous appuyer sur les acquis de nos sociétés d’Etat, parce que le système qui se passait n’est pas forcément bon. Il faut le dire clairement”, a posé le président Ibrahim Traoré, qui relève que les sociétés d’Etat réalisent des bénéfices, mais qu’elles posent en des DAT (dépôt à terme) dans les banques.
“C’est bien, si l’économie se portait très bien ; on peut garder en DAT, ça produit des intérêts et prendre pour payer ce que les gens souhaitent, se donner les quatorzièmes, quinzièmes mois. Mais nous ne sommes pas à ce stade. Actuellement, et je profite l’annoncer, nous sommes en train de relire beaucoup de textes dans les sociétés d’Etat, pour revoir d’abord les traitements (ça, c’est une chose ; c’est déséquilibré par rapport à la masse populaire) et les DAT. Nous allons les toucher et cela ne va pas plaire aussi aux institutions bancaires, mais il faut qu’elles comprennent que nous devons faire tourner l’économie ; ce qui va leur permettre, elles-mêmes, de se développer. Lorsque l’argent est déposé et ne travaille pas, ça ne sert pas. Donc, ce sont les sociétés d’État qui vont financer beaucoup d’entreprises, d’industries qui vont nous épargner de partir chaque fois à l’extérieur pour chercher ce que nous voulons”, a décliné le président, informant que le regard, c’est aussi sur les richesses naturelles, pour lesquelles un nouveau Code devra passer devant l’Assemblée législative de Transition.
Faut-il donc s’attendre à une baisse de salaire au niveau des sociétés d’Etat ? “Il n’y aura pas une baisse de salaire, mais une correction. Pour certains, ce sera peut-être une baisse, pour d’autres, une augmentation”, a réagi le chef de l’Etat, Ibrahim Traoré, se réservant les détails sur cette question, mais en notant une disparité dans ces sociétés.
“Chaque société fonctionne à sa façon. Que ce soit la grille salariale que ce soient les Conseils d’administration, chacun décide de comment se rémunérer. Ce n’est pas bon, il faut équilibrer tout et avoir un principe. C’est ce que nous sommes en train de faire. (…). On ne peut pas être-là à avoir des millions comme salaire par mois, pendant que d’autres boivent l’eau dans un marigot”, a-t-il brandi avant d’estimer que les sociétés d’Etat doivent profiter à tous et faire en sorte que ceux qui sont dans les zones rurales puissent satisfaire aux besoins primaires.
O.L.
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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