A 14h16, les six jurés qui siègent au tribunal correctionnel pour l’affaire qui oppose Adama Siguiré à la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) se retiraient pour trancher sur le sursis à statuer que leur demandaient les conseils du prévenu. En effet, ces derniers ont soutenu la fausseté de l’acte d’huissier, au motif que la notification adressée au prévenu a été faite par un juriste, alors que la loi précise de manière expresse, qu’elle doit être faite par l’huissier lui-même. Après des échanges d’un peu plus de trois heures de temps, le tribunal a décidé de mettre le délibéré à la date du 4 mars 2024.

Prévue pour reprendre à 15h16, les trente minutes de plus que les jurés ont passé dans le secret n’ont visiblement pas suffit pour trancher cette question de sursis. Aussitôt repris, le tribunal va renvoyer le délibéré de cette question au 4 mars 2024. Une décision que comprend la défenderesse, au vu de la sensibilité de la question soulevée. « Notre client a comparu avec toute la sérénité pour se défendre avec ses avocats. Et je pense que c’est la sagesse qui a guidé le tribunal qui a décidé de mettre le délibéré au 4 mars. Cette question de sursis est préalable même avant d’aller au fond. De notre côté, nous restons confiants. Nous plaidons pour la vérité. Nous plaidons pour la lumière. Nous n’avons pas peur d’aller au fond. Mais pour la beauté du droit, il fallait qu’avant, nous passions d’abord par la forme » a laissé entendre Me Ahmed Mamane.

Une vue de quelques avocats en charge de ce dossier

Du côté de la partie civile, l’on prend acte de la décision de délibérer le 4 mars. Même si, pour Me Prosper Farama, « on pouvait joindre l’incident de faux au fond. » Qu’à cela ne tienne, les débats ont à ses dires, été plaisants. « Quand on met le droit en avant, les choses sont belles ! On a eu du plaisir à débattre entre avocats. Je pense que M.Siguiré lui-même en a tiré un certain plaisir. Il n’y avait pas de violence. On a donné la parole à tout le monde pour présenter sa défense. C’est ça le droit ! » a-t-il apprécié.

« Adama Siguiré a soif même de se prononcer sur cette affaire » Me Ahmed Mamane

Des nouvelles de Moussa Diallo

Dans le cadre de ce procès, sont citées comme parties civiles, la CGT-B et son secrétaire général, Moussa Diallo. Absent au cours de ces deux dernières audiences, son avocat Me Farama donne des nouvelles : « il va bien… Il a été assailli à son domicile par des personnes jusqu’à présent non-identifiées. Et jusqu’aujourd’hui, personne ne nous a dit ce qui s’est passé ou qui le recherche. La vision que nous avons de l’Etat de droit est que si on a besoin d’un citoyen, on le convoque régulièrement. Et s’il refuse d’obtempérer, on met la force publique en mouvement. Mais malheureusement ce n’est pas le cas. »

« Si l’acte est jugé irrégulier, nous avons toujours la possibilité de reprendre la procédure » Me Prosper Farama

A la question de savoir si M. Diallo est libre de ses mouvements, Me Farama répondra : « je ne sais pas s’il est libre de ses mouvements parce que ce n’est pas moi qui le recherche. Où est-ce qu’il est ? Je n’en sais rien. Est-ce qu’il est inquiété à l’heure où je vous parle ? Je n’en sais rien. La seule chose que je sais, c’est que la dernière fois que j’ai eu un contact avec lui, il m’a dit que s’il est convoqué devant la justice ou une autorité compétente, il répondra. Il ne quittera jamais ce pays et ne fuira jamais ses responsabilités » a lâché son conseil.

Une vue des personnes qui ont assisté à l’audience de ce lundi 26 février

Erwan Compaoré

Lefaso.net

Source: LeFaso.net