Depuis le 19 octobre 2023, le calvaire du sanctuaire Notre Dame de Yagma est en pleine restauration pour renforcer sa capacité d’accueil au bonheur des fidèles catholiques. A un mois de la fin des travaux de rénovation de ce lieu de dévotion, nous avons effectué une visite sur le chantier afin de nous enquérir de l’évolution de l’édifice.

Mercredi 13 décembre 2023, au pied du calvaire du sanctuaire Notre Dame de Yagma, les ouvriers étaient à l’œuvre. Concassage des cailloux latéritiques pour le remblai, travaux de bétonnage de la rampe ; aménagement des escaliers conduisant au sommet de la colline… l’entreprise Guieswendé Service s’active pour livrer l’édifice en janvier, délai de finition. Le chantier a débuté le 19 décembre 2023 pour un délai d’exécution de trois mois. L’entrepreneur rassure que le délai sera respecté. « Nous sommes à un taux de d’exécution de plus de 70% », confie Médard Kima, entrepreneur chargé de la restauration du crucifix. Pour le fondateur de Guieswendé Service, tous les grands travaux du calvaire sont achevés. « La mise en forme est aussi terminée, il reste seulement quelques petites tâches », a indiqué l’entrepreneur pour rassurer les pèlerins du sanctuaire.

Les ouvriers s’activent pour rendre les travaux à bonne date

Cette restauration a été l’occasion d’apporter des modifications au calvaire afin de permettre une accessibilité à toute personne, selon l’architecte David Zouré. « En termes d’amélioration, il s’agit des passerelles, des planchers et des espaces où on pourrait s’arrêter et s’assoir », a expliqué le responsable du cabinet d’architecture d’urbanisme, indiquant que les travaux ont été lancés après des études topographiques de la colline. « La rampe d’accès était à 1m80 avant mais on s’est rendu compte que c’est un peu limite et on a élargi à trois mètres. Même la voie qui ceinture la colline, on l’a agrandi à six mètres pour tenir compte de la l’accessibilité de l’affluence », a-t-il énuméré comme innovation dans ces travaux de réfection.

Au sommet de la colline avec la croix, explique l’architecte, « nous avons une plateforme qui faisait quatre mètres sur trois. Actuellement, elle fait près de dix mètres sur six. Tout ce réaménagement pour permettre à cette plateforme d’accueillir des célébrations », a-t-il indiqué. « Nous pensons aussi aux garde-corps pour que les gens puissent monter et descendre de manière paisible en fauteuil roulant pour les personnes à mobilité réduite », a conclu l’architecte indiquant que l’éclairage au niveau des escaliers et du calvaire en général, constitue une grande innovation.

Un ouvrier sur la rampe pour le compactage

Le recteur du sanctuaire lance un appel à contributions

Ce relooking du calvaire était une nécessité selon l’abbé Jules Pascal Zabré, recteur du sanctuaire Notre Dame de Yagma. « Au fil des temps, les intempéries avaient eu raison de cette colline parce que l’érosion était visible d’année en année. C’est pourquoi nous avons décidé de la restaurer », a laissé entendre le recteur, évoquant la crainte de perdre cette colline qui fut le premier lieu franchi par les chrétiens qui ont trouvé ce lieu pour y implanter la foi. A l’en croire, cette restauration vise à préserver ce lieu de dévotion particulière dans l’enceinte du sanctuaire afin qu’il soit toujours fréquenté. « Nous voulons, en renforçant sa capacité d’accueil et sa solidité, pouvoir répondre au désir de bien de chrétiens dans leur pratique spirituelle du chemin de croix. Ce calvaire est un lieu de vie que nous restaurons. Lui redonner vie pour nous est une nécessité pour que nous puissions aller puiser la force pour pouvoir obéir à l’injonction du Christ, de prendre sa croix et le suivre », a ajouté l’homme de Dieu.

L’entrepreneur en charge des travaux, Médard Kima, rassure que le délai d’exécution sera respecté

Au-delà, c’est un message d’entretien des lieux de culte que le prêtre a lancé. « Nous avons décidé de restaurer cette colline dans le sens de faire comprendre aux uns et aux autres que nos lieux de cultes doivent être entretenus », a-t-il lancé, précisant que le coût de la réfection, estimé à plus de 60 millions de francs CFA, vient de la caisse, des dons et autres. Tout en saluant les contributions, il a lancé un appel à contributions à la population afin de pouvoir achever sereinement les travaux.

« La colline était rongée par l’érosion. Pour des raisons de commodité, nous avons décidé de faire cette réfection afin de réserver un cadre agréable de prière aux pèlerins », a ajouté l’abbé Apollinaire Zombré. Pour le chapelain, la peau neuve dont le calvaire se revêtira est une grande joie pour tous les catholiques parce qu’il s’agit d’un « grand lieu très fréquenté ». Cette restauration va le rendre plus agréable et convenable à la prière, a dit le chapelain.

Pour l’architecte, David Zouré, il y a eu des modifications au niveau de la forme de la colline

Quelle est l’histoire de Yagma, ce lieu de pèlerinage à dimension internationale ?

L’histoire de Yagma selon l’abbé Jules Pascal Zabré remonte beaucoup plus loin dans le temps. « Des chrétiens ont eu, dans le temps, à accompagner son Eminence le cardinal Paul Zoungrana à Lourdes. Ce pèlerinage a tellement marqué les laïcs qui l’avaient accompagné qu’à leur retour, ils ont souhaité aussi avoir un lieu de prière à l’échelle de Lourdes, où Marie sera convoquée pour être honorée et priée. Parce que tout le monde ne peut pas se rendre à Lourdes. Et pour ces chrétiens laïcs, ils ont estimé que ce site rapprocherait Lourdes des fidèles de la Haute-Volta d’alors. C’est pour cela, ils ont entrepris des démarches pour avoir de l’espace de Yagma. Le premier espace visité était du côté de Nabmatanga, mais pour des questions administratives, cela n’a pas abouti comme démarche. Et en venant du côté Nord de la Ville de Ouagadougou ils ont vu ce site. Les démarches de demande du terrain ont été fructueuses avec Naaba Kouanga qui leur a octroyé le terrain en 1966 », a raconté l’abbé Jules Zabré, ajoutant que le premier pèlerinage sur ce site a été organisé en mars 1968. « Cela a eu lieu justement sur cette colline qui est en réfection aujourd’hui » a-t-il précisé. L’historique de ce site classé désormais comme patrimoine national est une propriété de l’archidiocèse de Ouagadougou selon le récit de l’abbé Jules Pascal Zabré.

Le recteur du sanctuaire, l’abbé Jules Pascal Zabré, a lancé un appel à contributions

« Ce sanctuaire des chrétiens et des croyants a une vocation nationale, voire régionale et internationale. C’est un lieu de rendez-vous de tous les catholiques du Burkina Faso » a poursuivi l’abbé. C’est pour cela, étaye-t-il, qu’il est organisé des pèlerinages ici, chaque année. « Chaque année, sont organisés deux grands rassemblements. Le premier rassemblement de grande envergure, c’est toujours au mois de février, notamment, le premier dimanche du mois de février, le dimanche le plus proche de Notre Dame de Lourdes. Et le deuxième pèlerinage au mois d’août, notamment, le 15 août, à la dimension diocésaine », a indiqué l’abbé Zabré avant de préciser que le site de Yagma n’est pas sous une juridiction paroissiale. « Le site est catholique et ouvert à tous pour les célébrations liturgiques, sacramentelle, pour des rencontres de sessions, de retraites spirituelles et de formation humaine », a-t-il conclu.

Serge Ika Ki

Lefaso.net

Source: LeFaso.net